lundi 5 août 2013

Buprestis novemmaculata, Bupreste à neuf taches.


Ce joli coléoptère de près de 2 cm est en fait un passager clandestin. Au retour d’une longue sortie sur un plateau karstique à 1200m d’altitude, nous nous sommes rendus compte, une fois dans la voiture, que sur la manche de la chemise de mon mari se trouvait cet insecte. Arrivé à destination, il eut droit à sa séance photo. Nous ne savions pas exactement où il a réussi à « monter à bord », mais ses caractères très faciles à voir me permirent de l’identifier rapidement.
Buprestis novemmaculata, avec ses 4 taches jaunes sur chaque élytre.

En effet l’exemplaire ne laisse aucun doute c’est  Buprestis novemmaculata.Tous les détails sont bien visibles.

Chaque élytre porte 4 taches jaunes, ici elles sont bien distinctes, mais sur certains exemplaires elles peuvent se réunir !

Et cela ne fait que 8 taches, n’est-ce pas. Sans doute considère-t-on que les petites taches que l’on trouve sur le front, les joues ,les mandibules forment la neuvième.
Vue de la tête de Buprestis novemmaculata, des taches jaunes sur le front, les joues.

Et ce n’est pas fini , le pronotum est aussi bordé latéralement  d’un trait jaune fin et autre particularité, cette bordure s’avance un peu sur sa partie antérieure .
Vue ventrale encore du jaune!

Jaune et noir ce sont aussi les couleurs que l’on voit sur la face ventrale, puisque des taches jaunes sont présentent sur les différents segments et du sternum et de l’abdomen.

 Reste la question de savoir d’où venait l’insecte. Sans doute d’un des petits pins qui se trouvent sur ce plateau où la lavande embaume en cette saison au milieu des touffes de thym et de la sarriette en fleurs.
Le pronotum est latéralement bordé de jaune, fine ligne qui s'avance un peu sur la partie antérieure.

En effet, mon ouvrage de référence, Coléoptères phytophages d’Europe, Gaëtan du Chatenet,  précise qu’on le trouve « au soleil sur les troncs de pins récemment abattus et les souches ».

La larve se développe dans les pins et les mélèzes.
Buprestis novemmaculata

Des lectures confirment ces lieux, alors lorsque vous vous promenez dans une pinède, observez souches et troncs de pins, l’insecte se voit de mai à mi-septembre, davantage au sud de la France mais jusqu’en région parisienne.

vendredi 2 août 2013

Coccinula quatuordecimpustulata, petite coccinelle aux 14 points jaunes.


Cette petite coccinelle (moins de 5mm) aime les fleurs jaunes. C’est sur elles que je l’ai rencontrée dans deux endroits bien différents, l’un en plaine dans le Var, l’autre en altitude, 1250m dans les Alpes maritimes.


Une jolie coccinelle aux couleurs bien visibles : Coccinula quatuordecimpustulata
Son fond noir et ses taches jaunes bien rondes attirent le regard. Pour la reconnaître et compter ses 14 taches, 7 sur chaque élytre, il faut qu’il y en ait  4 sur le bord latéral des élytres et trois sur le dessus. Alors pas de doute c’est bien Coccinula quatuordecimpustula.


Sur fleur jaune dans la garrigue, Coccinula quatuordecimpustulata
Les mâles ont la face claire et les femelles le front traversé par une large bande sombre. Les photos présentent des femelles.


Coccinula quatuordecimpustulata, vue de dessus , de jolis points jaunes bien ronds.
Le pronotum est largement décorée par une collerette noire.

Bon appétit: on voit bien les mandibules largement en action chez Coccinula 14pustulatata

J’ai trouvé peu d’informations sur son mode de vie, mais je l’ai vue aussi des fleurs de carottes sauvages, elle ne se nourrit donc pas uniquement du pollen des fleurs jaunes. Elle est très répandue depuis la France aux Pays Bas et jusqu'en Russie.


Femelle Coccinula quatuordecimpustulata, au front largement barré de noir.
Il y a de quoi ouvrir l’œil en observant les fleurs lors de nos promenades estivales.

lundi 29 juillet 2013

Melanargia occitana et Melanargia galathea


Actuellement , on voit énormément de papillons Demi deuil Melanargia galathea .
Melanargia galathea

Nous voyons dans le sud du pays, dans tous les départements le long de la Méditerranée, une espèce voisine qui diffère légèrement du Demi deuil.
Il s’agit de Melanargia occitanica, l’Echiquier d’Occitanie. Les années précédentes je les voyais à basse altitude, cette année j’ai eu la surprise d’en voir à 1000 mètres.J’ai lu qu’on pouvait les observer jusqu’à 1500m. d'altitude. 
Melanargia occitanica, au recto bien plus clair


Les couleurs dominantes restent  le blanc et le brun, mais le papillon est beaucoup moins sombre. Il n’y pas comme chez le Demi deuil de grandes plages très sombres .

Au revers des ailes les nervures seules sont soulignées de brun et on voit juste quelques traits bruns dans l’aire discale.  

Melanargia occitanica butinant, ses nervures, au revers soulignées de brun

Alors que les Demi deuil sont encore très abondants, sans doute en retard sur leur période de vol habituelle, les Echiquier d’Occitanie ne sont visibles que jusque fin juin, mais mes observations datent du début du mois de juillet ! 2013 est  une année particulière !

Melanargia galathea, au revers   des plages continues de brun dans l'aire discale.

vendredi 26 juillet 2013

Cionus Schönherri et Scrophalaria canina


Voici les 3 protagonistes de ma nouvelle enquête !

Au départ une fleur : vous aurez reconnu la Scrofulaire des chiens, Scrophularia canina, pour bien la reconnaître, c'est ici.

 

Un "œuf" comme second élément. Trouvé collé sur le vase contenant la plante. Pas bien grand , 4mm relativement solide le décollage met en évidence un contenu . Au vu de   ce que montre la photo , j’imaginais un insecte rampant, mais sans aucune idée particulière.
Enveloppe nymphale laissant voir la partie ventrale de la larve

Et le résultat : un charançon reconnaissable à son rostre allongé qui porte les antennes coudées.

 
Revenons au point de départ.

En me promenant à 1000 mètres d’altitude j’observe sur deux ou trois pieds de Scrofulaires de très belles chenilles. J’en prélève une à quasi maturité au vu de sa taille et je cueille aussi 3 branches de scrofulaire car bien sûr il faut nourrir la chenille.Mise dans un vase pour que les fleurs restent en bon état, la chenille très rapidement ne se nourrit plus et je lui fournis un bac avec de la terre dans laquelle elle disparaît !

N’ayant plus besoin des fleurs je vais les mettre au compost quand je  vois , collés sur le vase, deux "œufs" ! Il s’agit de mon second élément. Je les prélève, les mets dans un verre avec une note précisant la date et les circonstances de la trouvaille.

Hier matin, en observant le verre je vois perchés sur mon bout de papier deux minuscules bestioles et les capsules ouvertes !

C’est bien entendu le 3eme élément : deux petits charançons. A l’œil nu on voit peu de détails , cependant deux tout petits points noirs apparaissent, ils donnent d’ailleurs l’impression que l’insecte est troué ! Ils mesurent environ 4mm.

Des charançons avec des petits points noirs sur le dos sont peu nombreux. Ils  s’agit essentiellement des  Cionus.
Détail laissant voir la différence entre la pilosité plus longue du pronotum et celle très courte des élytres.

C’est ensuite avec le « Hoffman* » que je vais approfondir ma recherche. Je suis les différentes étapes que je vérifie en images

             Espace interoculaire frontal très étroit, visible sur la  photo de face annotée 1

             Dessus à pubescence couchée ou à peine soulevée, sans mélange de crins dressés ; suture élytrale ornée de deux taches communes rondes ou transversales, d'un noir velouté, interstries ordinairement maculés
Cionus Schönherri, charançon vivant sur  Scrofulaire des chiens

             Rostre, vu de profil, chez les deux sexes, subcylindrique,à peu près d'égale épaisseur sur toute sa longueur.(Bien visible sur l'insecte de face)

             Pubescence élytrale grise ou jaunâtre (c'est le cas de nos spécimens); taches suturales sans macules claires adjacentes
Cionus Schönherri montrant les 2 taches dorsales.

             Téguments rougeâtres (1) ou d'un brun-roux ; pubescence dorsale des élytres fine, éparse, ne voilant pas les téguments ; une tache fauve subhumérale(2) ; tache suturale antérieure plus grande que la postérieure ; macules foncées des interstries impairs peu tranchées(visible sur la photo de dos)

             Tache antérieure de la suture arrondie et seulement un peu plus grande que la postérieure. Pubescence du prothorax cendrée ou jaune( visiblement bien jaune dans mes exemplaires), ordinairement dense et voilant entièrement ou en très grande partie les téguments. Tache jaune subhumérale plus distincte. Profémurs plus fortement dentés(3). Long. : 4.5 mm .

 
Cionus Schönherri, de face, j'aime beaucoup sa carrure aux solides épaules! 


Assez commun dans toute la Provence, se rencontre dans la moitié sud et autour de la Méditerranée.

On rencontre des charançons de la famille des Cionus  sur différentes Scrofulaires et aussi des  Molènes et Buddleias.  Ils ont la particularité, au stade larvaire de se promener sur la plante (et non pas comme beaucoup de charançons, à l’intérieur des différents éléments de la plante)dont ils rongent les feuilles. Pour ce faire et se protéger, ils sont enduits d’un mucus gluant.

Une photo  de la larve, ici sur le site insecte.org
Cette sécrétion est ensuite à l’origine de la construction de la capsule qui sert à la métamorphose. Jean Henri Fabre a observé méticuleusement et surtout décrit avec beaucoup de précision ce processus. (Souvenirs entomologiques, livre II, page 913 à 9 21) Et un détail que j’ai vu sur la photo  s’explique par ses observations.
Le cercle entoure l'excédent de mastic ayant servi à lisser l'intérieur de la loge nymphale.

On voit un amas lisse de tubulaire dans la zone cerclée. J’ai pensé à une déjection extérieure , mais en fait il s’agit de ce « mastic » émis par son tube digestif et dont la larve se sert pour lisser l’intérieur de sa capsule. Elle a d'abord tissé une enveloppe extérieure avec une substance produite par la bouche et l'intérieur est ensuite "crépi" avec ce mastic.

Les adultes sont visibles en juillet août et septembre. On compte plus d’une dizaine de Cionus en France, tous présentant ces deux taches noires. La plupart de couleur grise. Cionus Schönherri se distingue avec cette couleur plus roussâtre.Un bien beau charançon!
*Coléoptères Curculionides (Troisième Partie) par Adolphe Hoffmann, disponible sur le web en téléchargement gratuit.

 

dimanche 21 juillet 2013

Chrysopa formosa: un précieux auxilaire dans la lutte contre les pucerons.


Chrysopa formosa adulte, nouveau né


Ces petits insectes surnommés demoiselles aux yeux d’or, forment une famille bien utile aux jardiniers. Il y en a plus d’une vingtaine différentes  que l’on peut rencontrer et certaines sont vendues comme auxiliaire biologique pour lutter contre les pucerons par exemple. Les chrysopes appartiennent à la famille des famille des Névroptères : leurs ailes ont un réseau de nervures important et elles se portent  en toit au-dessus du corps.

Chrysopa formosa , une larve recherchant des pucerons sur le fenouil
En observant le fenouil qui abrite de nombreux locataires j’y ai trouvé deux larves particulièrement voraces. Elles étaient d’une redoutable efficacité pour attaquer et consommer les pucerons qui s’y trouvaient.


La larve de Chrysopa formosa   mangeant un  puceron sur le fenouil

Avec des mandibules bien développées elles secouaient et vidaient un puceron en peu de temps. Puis elles repartaient en chasse. Dépourvues d’yeux elles arpentaient les inflorescences sans relâche !


Chrysopa formosa , la larve mange son  puceron sur le fenouil

Je les ai recueillies le 27 juin. Elles étaient déjà de belle taille et je me doutais qu’elles étaient au dernier stade larvaire. Elles ont nettoyé l'inflorescence de fenouil très rapidement de la présence des pucerons . Pour finir de les alimenter j'ai dû chercher des pucerons sur des feuilles de rosiers!


Chrysopa formosa , une larve des mandibules bien développées.




En effet le 4 juillet, elles avaient disparues ! A leur place deux petites boules blanches de moins de 5 mm de diamètre !


 , le cocon fabriqué par la larve Chrysopa formosa

Faite d’un joli fil blanc soyeux, elles formaient une boule parfaitement sphérique et solide au toucher.

C’est à l’intérieur de ce cocon bien rond qu’elles allaient se métamorphoser en imago.

 
Une découpe parfaite pour émerger en tant qu'adulte.

10 jours plus tard, le 14 juillet, voilà l’insecte adulte.


Chrysopa formosa , la demoiselle aux yeux d'or!

Et en l’observant j’ai pu l’identifier avec une quasi-certitude.

Chrysopa formosa  a deux petits points noirs entre les antennes, le premier segment de celles-ci n’est pas taché, les ailes   présentent  toutes les nervures  sous costales noires. Un détail concerne les griffes, chez Chrysopa formosa , elles sont dentées, (crochues selon d’autres auteurs) ce qu’il me semble voir sur mes photos. Cette Chrysope est commune, ses mœurs sont semblables à d’autres espèces de Chrysopes que l’on peut voir en cette saison, davantage le soir et le matin que dans la journée où l’insecte se cache sous les feuilles. Avec sa couleur verte elle passe souvent bien inaperçue.

Chrysopa formosa , des nervures traverses noires
Elles ont été assez coopératives pour poser tranquillement et me permettre de faire quelques portraits au grossissement entre 1 et 3 fois


Chrysopa formosa , des  yeux magnifiques 

Et voici le dernier élément de l’histoire qui aurait pu en être le premier : les œufs.


Des œufs fixées individuellement sur un pédoncule, ceux des Chrysopes.

Cette photo est plus ancienne que ces larves devenues chrysopes adultes sous mes yeux. Je trouve régulièrement des œufs pédonculés sur diverses plantes du jardin. Ce sont des œufs de chrysopes !
Je trouve très amusant de voir les œufs au bout de cette mimi perche. Je n’ai jamais eu la chance de voir une chrysope pondre, je suis intriguée de savoir comment elle s’y prend !