mercredi 10 août 2011

Geomantis larvoides,Ameles decolor, Mantis religiosa: des Mantes de couleur beige.

Tout le monde connaît bien la Mante religieuse en habit vert. C’est elle que l’on rencontre souvent dans nos garrigues et même bien au-delà jusqu’en Champagne et en Lorraine. Son attitude à l’affut de sa proie est caractéristique.
Savez- vous qu’il existe une version beige de cet insecte?
Juvénile de Mante religieuse au dernier stade .Les yeux sont rayés.
Et en cette saison pour compliquer encore, dans la garrigues on peut rencontrer deux autres mantes de couleur beige.Toutes les Mantes se reconnaissent à leur première paire de pattes ravisseuses, munies d’épines, elles servent à capturer et maintenir les proies.
Alors quels sont les moyens de les différencier.
Presque adultes puisqu’elles en sont souvent à l’avant dernier stade larvaire, les Mantes religieuses se reconnaissent à leur taille .Elles sont bien plus grandes que les deux autres petites mantes que je vais vous présenter.

Mâle Ameles decolor aux longues ailes se séchant après la pluie.
D’abord Ameles decolor la plus répandue a déjà fait l’objet d’une présentation. C’est une Mante qui adulte atteint 30mm au maximum. Elle court vite la femelle a de très courtes ailes, mais le mâle  a des ailes normales qui lui permettent de bien voler.
Femelle Ameles decolor aux ailes très courtes.


Maintenant la troisième Mante beige , la moins répandue, Geomantis larvoides. Les deux sexes sont aptères. Super, elles ne peuvent donc pas voler, mais alors elles courent encore bien plus vite qu’Ameles !!

Geomantis larvoides femelle , elle court très bien sur le sol de la garrigue.
La confusion est donc possible entre ces deux espèces.
Voilà un excellent moyen de les distinguer:
-Il faut regarder la dernière paire de pattes. Ces insectes ont un fémur, un tibia et des tarses qui forment le pied. C’est le pied qui fait la différence.
-Ameles à des tarses à peu près de la même longueur
-Chez Geomantis le premier tarse est aussi long que les 4 autres réunis.

Détail du pied de Geomantis larvoides.
Quand on voit une petite mante beige avec des pattes comprenant 3 grands segments (fémur, tibia, 1er tarse) c’est Geomantis.

Autre critère visuel :Geomantis a des dessins en losange sur le dos, mais pas toujours bien visibles.
Troisième critère très sérieux mais peu visible à l’œil nu, en plein soleil quand vous essayez de suivre avec votre objectif un insecte qui fuit : Geomantis a des tubercules derrière les yeux. Pour les voir même sur une photo , il faut juste trouver le bon plan pour mettre en évidence cette minuscule bosse sur un insecte qui ne dépasse pas 30mm.

Tubercules derrière les yeux de Geomantis larvoides
Geomantis se distingue aussi d’Ameles par son pronotum qui est plus large dans le premier tiers et finement denticulé. Ameles a son pronotum élargi vers le milieu et des bords bien lisses.
Geomantis larvoides femelle avec ses dessins en losange sur le dos.
J’espère que vous aurez l’occasion de rencontrer ces petites mantes qui animent les garrigues, elles ne sont pas spectaculaires mais comme les autres elles participent à l’équilibre du milieu. Elles sont carnivores et à l’affût, attrapent des petites proies, je les ai souvent vues manger des fourmis.

mardi 9 août 2011

Arcyptera fusca, l'Arcyptère bariolée, criquet montagnard.

En montagne en cette saison le chant des criquets remplace celui des cigales dans nos régions provençales.
Arcyptera fusca, L'Arcyptère bariolée, un beau mâle
Parmi ces bruyants chanteurs on compte un gros criquet qui est parfois en tel nombre, qu’on les voit se faire écraser sur la route. C’est ainsi que de Val Pelens (1600m) petite station de ski familiale au col des Champs (2087m) qui se trouve à la limite entre le département des Alpes maritimes et celui des Alpes de Haute Provence, nous avons été accompagné par Arcyptera fusca.
Une lourde femelle d'Arcyptera fusca

Le mâle de l’Arcyptère bariolée, est pourvu d’ailes dépassant l’abdomen, alors que la femelle a des ailes bien plus courtes et un aspect lourd et massif. Elle atteint une belle taille de 4cm ce qui en fait un gros criquet bien visible.
Un abdomen et des pattes postérieures bien colorés chez le mâle Arcyptera fusca
Ses courtes ailes sombres sont rehaussées de jaune.
Du jaune, du vert , des tibias postérieurs d’un rouge éclatant , des tegmina presque noirs au repos, : ces couleurs bien voyantes attirent le regard. Le mâle vole bien , la femelle non.
Détail de l'abdomen du mâle qui se termine en pointe
Mais c’est surtout la stridulation du mâle bien sonore qui nous fait tendre l’oreille et alors on aperçoit facilement le chanteur !
En résumé, un gros criquet plus de 3 cm pour le mâle, 4 cm pour la femelle , des couleurs allant du jaune au vert en passant par le rouge et le noir, que l’on trouve en montagne dans des zones avec peu de végétation, sèches, bien ensoleillées.
Détail de l'abdomen de la femelle arrondi et  fendu
Ce beau criquet ne se rencontre en France que dans les Pyrénées, les Alpes, le sud du Jura et le Massif Central.
Une confusion est à éviter avec Arcyptera kheili, l’Arcyptère provençale présentée ici, mais la différence visible est la longueur des ailes.
Arcyptera kheili, l'Arcyptère provençale femelle aux ailes bien plus courtes .
L’Arcyptère provençale a les ailes très petites tant le mâle que la femelle et c’est un criquet qui se limite à la Provence et ne « monte » pas au-dessus de 1400m.

dimanche 7 août 2011

Cuivré de la verge d’or( Heodes virgaureae)

Quand il est dans la prairie on le voit de loin, on ne voit que lui, tant il est lumineux.
Sa couleur orangée justifie bien son nom de cuivré. On rencontre  le Cuivré de la verge d'or(Heodes virgaureae) surtout de 1000 à 2000 mètres.
Cuivré de la verge d'or , au repos dans les herbes humides

En effet les photos que j’ai prises sont toutes faites dans cette fourchette d’altitude.
Je l’ai rencontré dans des biotopes assez différents allant du lac de Thorenc une zone de moyenne altitude au col des Champs dépassant de peu les 2000 mètres mais à la végétation bien plus clairsemée.

Mâle butinant sur une Astéracée, le dessous de ses ailes est caractéristique
Bien sûr le mâle est beaucoup plus voyant que la femelle. Le dimorphisme est très important chez cette espèce. Chez la femelle , la couleur orangée est  moins importante à cause de ces gros points sombres qui couvrent ses ailes.
Femelle de Cuivré de la verge d'or
C’est au revers des ailes que l’on a la confirmation qu’il s’agit bien d’un cuivré de la verge d’or .Le revers est orangé et ce sont les petits points blancs dans la zone submarginale qui sont caractéristiques.

C'est bien le matin quand tout ets mouillé que la femelle accepte le support sec de ma main!
La femelle pond ses œufs sur des oseilles sauvages (Rumex acetosa), l’oseille commune.
La relation avec Solidago virgaurea, la verge d’or qui lui a donné son nom, est plus hypothétique ! C’est sur cette plante qu’on devrait le voir butiner ! Bon je ne l’ai pas encore vérifié, je l’ai vu surtout d’autres Astéracées !
Mâle de Cuivré de la verge d'or au repos.
En France on ne le trouve plus que dans les Ardennes, les Alpes, le Massif Central et les Pyrénées.

samedi 6 août 2011

Psophus stridulus: un criquet au comportement étonnant

Le matin, le Criquet stridulant est au sol et s’envole devant nos pas en déployant ses belles ailes toutes rouges et en crépitant bien fort. Au sol comme il est noir il est parfois difficile de le retrouver dans la végétation. Mais à force de chercher on le retrouve, il fait un autre vol de deux ou trois mètres. S’il veut vraiment nous échapper, il fait 10 mètres et on le perd de vue.
Voilà ce que l'on voit brièevement: Psophus stridulus qui étale ses superbes ailes rouges
C’est l’après –midi qu’il nous a offert un autre aspect de son comportement bien connu.
Il fait chaud, même à 1600 mètres, nous sommes dans une grande prairie au bord la vallée abrupte qui surplombe le Var. Au loin on voit le village d’Entraunes et la route qui monte au col de la Cayolle.
Devant mes pieds un criquet stridulant .Il attire mon regard car au sol il déploie ses ailes, je vois bien les ailes rouges et hop ,il replie le tout et on ne voit plus que du noir. Et il recommence, le temps d’un éclair une tache violente apparaît sur le sol puis disparaît.
Voilà, çà y est, il me fait son grand numéro d’intimidation ! Mais ce n’est pas fini !
Etape 1 : j'écarte mon tegmen et on voit mon aile membraneuse pliée comme un éventail
Je me place au-dessus de lui et je suis prête à déclencher. Ce n’est pas simple .Même en anticipant, le mouvement des ailes est si rapide que le résultat est bien maigre. Après 4 ou 5 ouvertures d’ailes le criquet se déplace d’un mètre avec un crépitement sonore . Et recommence son manège. Mais cette fois il m’offre un bouquet final. Les ailes rouges restent entièrement découvertes les tegmina bien écartés et les ailes membraneuses s’agitent à la manière d’un éventail !

En détail! Admirez les délicates nervures de cette aile rouge ourlée de noir
C’est alors que placée à la verticale j’ai réussi quelques clichés.
Prises entre le 1/400 et le 1/500 ème les images donnent une idée de ce magnifique spectacle. Ce que l’on peut voir, c’est que pour étaler ses belles ailes le criquet doit d’abord « descendre » ses pattes sauteuses car dans leur position habituelle, elles empêchent le déploiement des ailes !
De plus l’insecte utilise le tibia de sa patte arrière pour frotter sur le tegmen (aile antérieure bien noire ici), ce qui permet d’obtenir un son impressionnant. Le tegmen a une nervure épaissie qui est la corde de cet instrument de musique élémentaire !


A la manière d'un archet, le tibia frotte sur la nervure épaissie du tegmen pour produire un son puissant
Au même moment j’entends le clic clac continue d’une prise de vue en rafales. C’est mon mari, à 5 mètres de moi :
« -Que fais-tu ?
-Je photographie le Criquet stridulant , il me montre ses ailes rouges ! »
Nous avions donc deux mâles qui présentaient ce comportement.
Que signifie-t-il ? Ce n’est pas pour se rafraîchir ! Mais bien pour intimider un éventuel prédateur. Montrer cette couleur rouge signifie que l’on n’est pas bon à manger et en plus faire crépiter ses ailes peut impressionner et décourager un éventuel prédateur.

Nous avons vu cette attitude tant que nous étions près de l’insecte. C’était impressionnant toute cette dépense d’énergie .Et vite nous avons compris le message et laissé la bestiole poursuivre son chemin !
Fin du mouvement musical!

Je n’avais jamais observé ce comportement il faut dire aussi que je ne me promène pas souvent en pleine chaleur l’après- midi. Le matin l’insecte n’a sans doute pas de temps à perdre et se contente de prendre la fuite, il doit penser à se nourrir. L’après –midi avec la forte chaleur il a des réserves d’énergie et peut impressionner les curieux.

Toute la splendeur des ailes étalées sous mes yeux!
Un peu plus loin j’ai vu un le criquet jacasseur avoir ce même comportement mais avec une présentation très courte de ses ailes postérieures et bien moins spectaculaire, ses ailes étaient brun noirâtre.


Le spectacle est partout dans la nature en été !

jeudi 4 août 2011

Psophus stridulus: l'Oedipode stridulante

Voilà un criquet de la famille des Oedipodes qui est facilement reconnaissable.
Psophus stridulus mâle montre la belle carène de son pronotum
Oh il n’a pas de couleurs voyantes, il est même sombre,   brun foncé ou  presque entièrement noir pour les mâles que j'ai photographiés. Il ne présente pas deux détails qui nous font facilement identifier les Oedipodes : pas de décrochement brusque sur le fémur postérieur, ni de carène médiane interrompue par le sillon typique. Mais quand on le voit de profil, son pronotum présente deux caractères bien apparents :

Détail de cette carène .De part et d'autre la fossette bien caractéristique
• la carène qui le parcourt en son milieu est continue et fait une légère bosse
• de chaque côté de celle-ci , un creux important.
Le mâle a des ailes de taille normale qui couvrent bien l’adomen. Ses tegmina ( les ailes coriaces qui couvrent les ailes membraneuses) sont noires. La femelle a des ailes plus courtes.
C’est un criquet que je n’ai rencontré qu’à un endroit.
Femelle Psophus stridulus  aux ailes plus courtes
Déjà il y a deux ans, dans le même secteur de la station de Val Pelens(06), j’avais trouvé cet insecte .Cette année nous en avons trouvé en nombre assez important dans une zone de végétation rase, aux environs de 1600m d’altitude. On le trouve sur des espaces caillouteux, arides et chauds. On ne le rencontre plus qu’en montagne et  dans le Nord Est de la France.En Belgique et aux Pays Bas, l'espèce est éteinte.
Criquet juvénile de Psophus stridulus reconnaissable à la forme particulière du pronotum

S’il est de couleur terne au repos, c’est en vol que le criquet révèle une couleur bien visible. . Ses ailes sont en effet d’un rouge éclatant. Comme le photographier en vol est impossible en billebaude, j’ai essayé de montrer les belles ailes de ce mâle. En écartant ses ailes antérieures on aperçoit le pliage très régulier et la couleur vive des ailes .
Mais c’est son comportement qui est vraiment remarquable. En vol, le criquet stridulant émet un crépitement sonore bruyant qui ne peut pas échapper au promeneur même peu connaisseur. On croirait entendre un Velosolex, cette bicyclette motorisée qui a fait le bonheur de bien d’entre nous…il y a fort longtemps !
Les ailes membraneuses  savamment pliées de couleur rouge vif.
Chaque fois qu’il s’envole le Criquet fait entendre son crépitement et montre des ailes rouges flamboyantes.
Mais il a un comportement encore plus étonnant qui sera présenté dans un message suivant !