mercredi 6 juillet 2011

Fou de Bassan et son oeuf( Morus bassanus)

D’habitude les oiseaux couvent en couvrant l’œuf avec les plumes du ventre et en le mettant en contact avec la plaque incubatrice, une zone de l’abdomen dépourvue de plumes, permettant ainsi à l’œuf d’être bien au chaud, au contact direct de la chaleur du corps de l’adulte.
¨Position caractéristique de l'oeuf du Fou de Bassan , sous les pattes de l'adulte.
Chez les Fous de Bassan, c’est différent. Les adultes couvrent l’œuf de leur pied. Ces pieds sont palmés et cette palmure fortement vascularisée transmet la chaleur nécessaire à l’œuf.
La femelle ne pond qu’un seul œuf. En principe il est ainsi gardé au chaud par le mâle ou la femelle.
Le nid est constamment aménagé
Celui qui ne couve pas, part se nourrir en mer, parfois loin de la colonie .Ou bien il reste à proximité de son compagnon. La place manquant, il y a souvent de gros conflits de voisinage.
Cette façon de faire permet davantage de mobilité à l’oiseau couveur, il peut ainsi se redresser en maintenant l’œuf au chaud. Pendant ces longues journées l’oiseau continue à aménager le nid en y ajoutant une plume, en bougeant un caillou,il faut bien passer le temps. La durée moyenne de la couvaison est de 44 jours.
Une plume par -ci, une branchette par là!
Mais cela a aussi un autre rôle. Vous avez vu la densité des nids, l’espace est compté. Il faudra ensuite que le poussin reste strictement dans le nid qui est le sien, sortir de cette toute petite zone est signe de mort. En effet, les voisins ne le toléreraient pas. L’oisillon séjourne ensuite environ 3 mois dans ce nid. Il ne le quittera que pour son premier vol. Seuls 50 % d’entre eux y arriveront.

L'oeuf est bien calé sous les pattes.
Lorsque nous étions voir cette colonie dense, il y a eu la naissance du premier poussin, le 14 Juin. L’an dernier la première éclosion avait lieu de 13 Juin. Une belle régularité. Mais pas de photo, l’oisillon étant bien caché.

Un regard plein de tendresse sur ce futur héritier!


mardi 5 juillet 2011

Colonie de Fous de Bassan, île de Bonaventure au Québec

Les Fous de Bassan sont des oiseaux marins, c’est dire qu’ils restent en mer et se nourrissent de poissons. Ils ne viennent à terre que pour nicher. Ce n’est qu’à partir de 2 ans que les oiseaux reviennent sur leur lieu de naissance et commencent à se chercher un ou une partenaire pour  construire un nid. Mais ils ne se reproduisent pas encore, il faudra attendre encore un ou deux ans.

Vue d'une partie de la colonie, les falaises sont déjà bien occupées.
Ils se regroupent alors en vastes colonies dont certaines sont bien connues et attirent les visiteurs. Celle de l’île de Bonaventure, au large de Percé, à la pointe Est de la Gaspésie au Québec, est l’une des, sinon la plus importante.
Depuis le niveau de la mer, jusqu'au sommet de la falaise, tout est occupé.

Elle est située sur une île maintenant vide d’habitants et la colonie est bien protégée et sert aussi de base d’études et de recherche sur ce merveilleux oiseau.


La colonie s'est agrandie au détriment de la forêt.
D’habitude les colonies s’implantent sur des falaises car l’oiseau si gracieux en vol, est vraiment pataud au sol , il lui faut se jeter dans le vide pour prendre son envol.
Les jeunes oiseaux, aux nombreuses plumes noires, sont relégués à la périphérie de la colonie.

Or à Bonaventure, l’extension de la colonie s’est aussi faite sur le bord de l’île, dans une zone plate facilement accessible depuis la terre. Ce qui en fait une colonie où le visiteur se trouve à côté de l’oiseau.
Au sol, comme dans les airs, la densité est impressionnante
Bien sûr pour y accéder , il faut prendre un bateau(une demie heure de traversée environ) et ensuite depuis le débarcadère il reste environ 45 mn de marche à travers la forêt. L’arrivée à proximité de la colonie s’entend, car les Fous sont de grands bavards et mettez 100 000 bavards ensemble, cela fait bien du bruit.
Chaque couple n'a qu'un minimum d'espace à sa disposition
Par temps chaud, l’odeur aussi atteste de la présence de milliers d’oiseaux.
C’est ainsi que lorsque l’espèce se porte bien, la colonie s’accroit. D'année en année, les gardes naturalistes reculent les barrières qui séparent le public des oiseaux.
Après ces vues de cette importante colonie, je présenterai quelques détails de la vie de ces oiseaux .

dimanche 3 juillet 2011

Brenthis daphne et Brenthis ino. Nacré de la ronce et Nacré de la sanguisorbe

Identifier les Nacrés est parfois bien difficile, sauf bien sûr pour les Lépidoptéristes.
Alors quand j’ai le même jour, pas sur les mêmes lieux, photographié le Nacré de la Ronce et le Nacré de la sanguisorbe, j’ai fait mes comparaisons.

Nacré de la Ronce.
D’abord le Nacré de la ronce, est le plus répandu et le plus grand des deux papillons de la famille des Heliconiinae. Brenthis Daphne porte ce nom vernaculaire parce que sa chenille se nourrit de la ronce : Rubus fructicosus (la ronce à mûres)ou Rubus idaeus(le framboisier).C’est souvent à proximité de ces ronces qu’on voit voler le papillon.
Nacré de la sanguisorbe, on remarque la marge noire plus épaisse.
Le Nacré de la sanguisorbe utilise la sanguisorbe (entre autres comme plante hôte pour sa chenille),Brenthis ino utilise aussi la filipendule ou le framboisier par exemple.On l’appelle aussi la Petite violette.
Nacré de la sanguisorbe sur une des plantes hôtes de la chenille.
Eh bien lui, je l’ai vu dans un pré ou poussait de nombreux pieds de sanguisorbe officinale. Cette page vous présente la plante avec de jolies photos en plus.

Voilà déjà deux indications sur les lieux où on peut rencontrer l’un ou l’autre de ces Nacrés.

Maintenant les différences concernent aussi les papillons .
Le Nacré de la ronce est plus grand
• Sa bordure noire du recto est moins importante
• Au revers de l’aile de l’aile postérieure, « on voit la base de S4, adjacente à l’extrémité de la cellule, est jaune en partie ombrée ou striée de brun jaune» (selon le Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du Nord ,Tom Tolman, Richard Lewington, chez Delachaux et Niestlé). Ce que j’ai encerclé de brun afin de mieux le visualiser.

Dessous du Nacré de la ronce, le cercle met en évidence la fameuse cellule ombrée.
Voici les caractéristiques du Nacré de la sanguisorbe
• Plus petit, sa bordure noire est aussi plus marquée
• Mais au revers de ses ailes, il faut observer l’aile postérieure et cette même base de S4 qui est alors entièrement jaune sans ombre ou couleur brune.
Nacré de la sanguisorbe, la cellule cerclée est entièrement de couleur jaune.
Ces deux papillons sont absents du nord de la France. Le Nacré de la ronce est bien présent dans ma région, mais celui de la sanguisorbe beaucoup moins et il se rencontre surtout entre 1000 et 1500 mètres. Le lieu où je l’ai observé et où poussent de nombreux plants de sanguisorbe, se trouve à 1200 mètres d’altitude.

samedi 2 juillet 2011

La sauterelle et la chenille,plus exactement la jeune sauterelle Ephippigère et la chenille de Lithosia quadra

Voilà une association insolite ! Celle-ci n’a rien de volontaire, du moins pour la chenille.
La chenille de Lithosia quadra qui consomme des lichens sur les vieux arbres ou même les vieux toits ( ce qui lui a valu une notoriété peu flatteuse dans la région de Guérande(44), qui a connu une invasion de ces chenilles en 2006) n’est absolument pas volontaire pour rencontrer la sauterelle. Hélas celle-ci ne lui a pas demandé son avis pour en faire….son repas

Jeune femelle de sauterelle Ephippiger avec sa proie: une chenille bien poilue.
Les sauterelles sont carnivores, nous le savons et dans le jardin elles nous débarrassent de maints indésirables, dans la nature elles font de même. Bien sûr cette chenille mangeuse de lichens trouvés sur les vieux arbres ne cause guère de dégâts.
Non , je ne la lâcherai pas ma chenille!

J’ai été assez surprise de voir la prise de cette jeune sauterelle du genre Ephippiger(on voit bien la couleur noir profond qui apparaît en haut de la tête et les antennes insérées sous les yeux) ; nous étions dans une série de terrasses herbeuses à plus de 900 mètres d’altitude. L’herbe était peu abondante sur ces sols pauvres qui jadis étaient exploités et qui sont laissés en friche car peu adaptés à la mécanisation.Cette femelle qui n'est pas encore adulte, est déjà pourvu d'un ovopositeur bien  long.
Jeune femelle Ephippiger avec sa chenille de Lithiosa quadra.
Les orthoptères étaient nombreux, et lorsque j’ai soulevé le support sur lequel s’était installée la sauterelle, elle n’a jamais lâché sa proie. J’ai même coupé la tige sur laquelle elle se tenait, je l’ai tournée pour avoir une photo correcte de sa proie dans le but l’identifier. A la fin de la séance je l’ai remise sur l’herbe et elle a poursuivi tranquillement son repas.
Une chenille de Lithiosa quadra reconnaissable aux marbrures noires et blanches rehaussées de pustules rouges sur lesquelles s'insèrent les  longs poils.
Cette chenille a pourtant causé quelques soucis à certains habitants qui ont cherché à s’en défaire, bien sûr ses nombreux poils sont urticants et occasionnent des démangeaisons pour les personnes sensibles. Notre jeune femelle Ephippiger ne semble pas s’en soucier et tenait fermement sa capture qu'elle mettra un certain temps à consommer.
Pour tout savoir sur Lithosia quadra voici l’excellente page d’André Lequet.

vendredi 1 juillet 2011

Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata).

Au bord d’un petit lac situé à 1200 mètres d’altitude à une heure de route de Nice, un petit monde de nature s’offre à nous.
C’est là que nous avons trouvé ces belles libellules.
Facilement reconnaissables à leurs taches bien visibles sur les ailes, ces jolis odonates présentent en plus une gravure très esthétique dans l’angle inférieur de l’aile postérieure.

Perché sur un grand brin d'herbe, ce mâle de Libellule à quatre taches mange tranquillement une mouche.
Très commune en France, elle l’est un peu moins dans nos régions méditerranéennes. Elle vit cependant jusqu’à 2200m dans les Alpes.
Détail montrant la forte pilosité de cette Libellula quadrimaculata.
Sur ce très petit lac, ils étaient nombreux à se disputer les roseaux et les iris des marais qui servaient de supports. Comme dans bien des espèces les mâles sont territoriaux et défendent leur domaine avec conviction.
Vue de dessous, une femelle au repas
Pour avoir la paix, certains et certaines s’installent alors dans la prairie avoisinante. Heureusement, c’est ainsi que j’ai pu en photographier quelques- uns.
Chez la femelle Libellule à quatre taches, les cercoides sont écartés à la base et se rapprochent ensuite, l'inverse chez le mâle.
J’ai aussi trouvé toujours bien sûr sur les tiges au bord de l’eau, des exuvies encore bien intactes.Les larves vivent sur les sédiments et les débris qui s’accumulent au fond de l’eau, elles ne supportent pas la pollution, ce qui atteste de la bonne santé de ce petit lac.
Probable exuvie de Libellule à quatre taches.
La présence d’immatures atteste de leur émergence récente. Fin juin est à cette altitude une période pleine de vie et d’animation dans la prairie : un spectacle réjouissant.