dimanche 12 septembre 2010

Yersinella raymondii,la Decticelle frêle, la plus petite sauterelle de mon jardin!

Quand, observant les punaises et les coccinelles sur le lilas qui orne le fond du jardin , j’ai été bien surprise de découvrir, bien à l’ombre sous les feuilles, une minuscule sauterelle ! A première vue en regardant sa taille et son absence apparente d’ailes, j’ai pensé à un juvénile bien tardif ! J’ai pris quelques rapides clichés et je suis passé à autre chose ! C’est en les observant sur le Pc que je me suis rendue compte de mon erreur ! Ses ailes étaient celles d’un adulte ! Quelle surprise de voir un si petit mâle se promener sur le lilas ! Grâce à ses cerques qu’il faut toujours photographier car ils apportent de précieuses indications, j’ai pu lui mettre un nom :Yersinella raymondii , la Decticelle frêle!


Juste à peine plus d'un centimètre caché sous le sfeuilles du lilas, la Decticelle frêle!


Et j’ai bien regretté de ne pas avoir plus de clichés à ma disposition C’est ainsi que j’ai scruté plusieurs jours de suite, de bon matin, mon lilas !
Et hier, chouette, elle était revenue ! Mais avec une patte en moins ! La vie de sauterelle adulte est bien dangereuse ! J’ai été supercontente de retrouver ce petit mâle ! Et je lui ai proposé d’autre support, histoire de nous faire une belle séance photo!La table de la terrasse ne l’a pas beaucoup inspiré, il ne songeait qu’à s’enfuir !


Avec un bon repas à disposition , voilà un petit mâle de Decticelle frêle très coopératif!

Dépourvu d’ailes efficaces et ayant perdu une patte sauteuse, je me disais qu’il aurait du mal à m’échapper ! Pas du tout, il faisait des bonds de 30cm !!
C’est alors que je l’ai emmené sur cette vergerette du canada, une belle mauvaise herbe qui pousse dans le jardin ! Et alors ce fut un festin ! Il a goûté, les graines, les fleurs à tel point que je l’ai laissé à son repas !


Ces cerques droits, sans épine, et légèrement déprimés, un critère de reconnaissance de Yersinella raymondii!
M’ayant offert toutes les photos que je voulais, voici quelques informations sur cette surprenante sauterelle ! La taille tout d’abord, il fait à peine plus d’un cm, mais dont les antennes démesurées et très mobiles ont parfois du mal à rentrer dans le cadre du viseur !
Les cerques sont cylindriques , non-dentés et légèrement déprimés !C’est cette petite dépression que je prenais pour un défaut de conformation qui confirme son identité ! L’ornementation de son corps est aussi à noter : une bande latérale sombre parcourt tout le corps depuis la tête jusqu’au cerques et elle est très nettement délimitée sur le dos par un trait plus clair.


En 1, la plantule libre, en 2 le tarse: ils sont de longueur égale,CQFD!

Elle porte le nom vernaculaire de Decticelle frêle ! Vous vous souvenez qu’une des caractéristiques des Decticelles est la présence de deux plantules libres sur la dernière paire de pattes ! Or une photo montre ces plantules et en plus on constate que leur longueur est égale à la longueur du tarse !C’est encore un critère de détermination ! On constate bien sûr que ce sont ces petits détails qui permettent avec beaucoup d’exactitude de mettre un nom sur ces petites bestioles !


Bon appétit et merci pour la pose!

C’est une espèce que l’on rencontre dans la moitié sud du pays depuis l’Aquitaine à la Côte d’Azur ! Mais elle se rencontre aussi en Suisse et jusqu’en Grèce.
Pourquoi ne la voit- on pas plus souvent ?
Elle est petite , peu colorée et fréquente surtout les orées forestières et les milieux broussailleux !
Il faut donc bien ouvrir les yeux lorsque l'on se promène!

samedi 11 septembre 2010

Mantes à gogo dans la garrigue: Mantes religieuses et Ameles decolor!

Arrivées au stade adulte, les mantes sont très actives car la saison de la reproduction est courte ! Et elles se déclinent sous toutes les couleurs ! Vertes et beiges pour les plus grandes que sont les mantes religieuses, petites et grises pour les moins connues que sont les Ameles decolor !


Mante religieuse femelle de couleur beige!

Dans ma promenade à travers la garrigue en ce début du mois de septembre, j’ai pu observer plusieurs mantes ! D’abord la religieuse(Mantis religiosa), la plus connue dont l’expansion vers le Nord du pays est avérée ! Les femelles, bien plus grandes que les mâles ne volent pas ! Elles sont plus grandes que les mâles et leur abdomen gonflé montre leur fonction reproductrice ! Elles se rencontrent sous deux formes ! Couleur beige d’abord, celle-ci se cachait à proximité des cailloux et de la végétation basse.


Une belle femelle de couleur verte, qui vient sans doute de pondre!

Un peu plus loin une jolie femelle qui venait sans doute de pondre. Dans sa position caractéristique d’attente ! Immobile, elle est capable de passer de longs moments à guetter tout ce qui bouge dans son environnement ! Mais gare au criquet, à la mouche ou au moucheron qui se pose à proximité de ses pattes ravisseuses !


Un beau mâle qui prend une pose très élégante!

Le mâle quant à lui a attiré mon attention en s’envolant et en se posant sur cette brindille bien dégagée ! Son vol est aisé, rapide et élégant ! Il le faut pour conquérir une belle qui n’aura pas de bonnes intentions à son égard !


Difficile à voir sur le fond gris des pierres calcaires qui parsèment la garrigue!

Et déjà au mois d’août j’avais observé la présence de nombreuses petites mantes grises, peu visibles, les petites Ameles decolor, des mantes plus méridionales !
La femelle se déplace rapidement dans les bouquets de thym desséchés ou les herbes basses ! Avec des moignons d’ailes, elle ne peut pas voler !


Moins de 3cm pour cette petite Ameles decolor femelle!

Pour vous montrer sa petite taille (moins de 3cm) le l’ai laissé se promener sur mes doigts ! C’est toujours un repère très utile pour moi ! A la maison je peux toujours mesurer le doigt qui me sert de référence ! Je passe un bon moment avec ces petites bestioles qui se promènent sur ma main et que je peux regarder à loisir. Certaines rechignent parfois à quitter ce support inhabituel !!


Un joli mâle dont les ailes recouvrent l'abdomen ! Il vole très bien !

Ce matin- là j’ai rencontré un mâle, lui vole très rapidement et fait des déplacements de plusieurs mètres ! C’est ainsi qu’il a attiré mon attention !


Dans une pose classique d'attente, on peut admirer ses ailes qui brillent au soleil!

Heureusement qu’il a ensuite pris gentiment la pose ! Et ses ailes sont vraiment longues et brillantes sous le soleil !

Je ne résiste pas à vous mettre la première image de cette matinée ! Arrivée en haut de la colline , je pose mon sac et j’admire le paysage ! En le reprenant, un joli phasme se promenait dessus ! Et après un petit tour sur ma main, j’ai eu du mal à le convaincre de retourner sur un support qui lui convienne mieux !


Le phasme commun , Clonopsis gallica au soleil du matin!

L’automne n’offre pas l’exubérance des journées estivales dans nos prairies, mais c’est la saison où bien des insectes, après de nombreuses mues, arrivent au stade adulte ! Ce bref moment de leur vie qui est le plus important puisqu’il s’agit de préparer leur descendance .

jeudi 9 septembre 2010

Nezara viridula ou Palomena prasina, ne pas confondre!

Encore une histoire d’invasive qui prend petit à petit la place d’une autochtone inoffensive ! Ou comment Nezara viridula, la punaise du soja originaire d’Afrique , prend la place de Palomena prasina qui ne fait pas grand mal à nos cultures !



Palomena prasina , adulte.

Le monde des punaises comprend de nombreuses espèces qui vivent dans nos végétaux ! Certaines sont plus visibles que d’autres, la plupart ne font que peu de dégâts mais Nezara viridula, quand elle s’installe dans les plants de tomates peut occasionner des dégâts ! Elle est polyphage , s’attaque aussi aux aubergines, poivrons, concombres. C’est donc l’occasion de vous présenter ces deux hétéroptères !


Nezara viridula, de 3 à 5 points blancs et des membranes vertes!


Ce sont des punaises vertes toutes deux, qui se distinguent visuellement par deux détails :
Nezara virudula a 3 petits points blancs(parfois5!) bien visibles à la limite du pronotum sur la partie dorsale, sur l’écusson.
• La partie membraneuse des ailes est verte chez Nezara et bien sombre chez Palomena .
Pour les deux adultes la distinction est facile !

Chez moi,les Nezara, sont partout et bien sûr aussi dans le potager (où elles sont expulsées, ma tolérance ayant des limites !)
Je les observe en nombre sur ou plutôt sous, les grandes feuilles des tournesols !
A la naissance, quand elles sortent de leurs tonnelets comme les Graphosomes italicum , elles restent groupés pendant un jour ou deux ! Elles sont d’abord brunes et très rapidement deviennent noires et muent une première fois ! A partir de ce moment, elles se dispersent et vont se nourrir au détriment de nos légumes !! Une autre message montrera les différentes évolutions de cette punaise qui est présente en grand nombre dans le jardin en cette fin d’été !
Elles prennent ensuite de très jolies couleurs, sans doute pour essayer de nous charmer et d’éviter d’être virées de leur support !!


Larve de Nezara viridula(forme torquata) au dernier stade, peu avant la mue!

Nezara apparaît sous deux formes, la forme normale que l’on voit sur la première photo et une forme appelée torquata avec cette jolie bordure beige !
Voici une punaise au dernier stade, je l’avais repérée dans le jardin et ses couleurs m’indiquaient qu’elle n’allait pas tarder à muer ! En effet, avant la mue, l’insecte ne se nourrit plus et une couche d’air décolle l’enveloppe externe et on aperçoit, par transparence les couleurs du nouvel adulte La flèche sur la photo indique une zone déjà bien « décollée »! La mue n’a pas durée une demie- heure et l’adulte une forme torquata est apparue.


Un adulte tout neuf, de Nezara viridula forme torquata!

Sa couleur définitive n’est pas encore acquise, on devine encore le rose sous la bordure qui va devenir plus opaque et beige ! C’est ainsi que l’adulte passera l’hiver ou il deviendra de plus en plus sombre pour se dissimuler dans la végétation !


Larve au stade 5 de Palomena prasina.

La larve de Palomena prasina est plus discrète et reste dans les tons verts qui sont ceux de l'adulte! On peut noter cependant une jolie bordure beige qui fait le tour du pronotum et de l'abdomen!


Palomena prasina au dernier stade larvaire! Sa chitine est loin d'être lisse!

Ici, les petites flèches indiquent les orifices de ces glandes odoriférantes qui servent de défense à l'insecte!Adultes elles seront sous l'abdomen et beaucoup moins visibles!

En regardant sous les feuilles des végétaux , vous avez des occasions de voir ces punaises qui vivent leur vie dans la discrétion ! Et ces nouveaux adultes chercheront bientôt un abri pour passer les mauvais jours!

lundi 6 septembre 2010

Gonocerus insidiator: une punaise sur l'arbousier.

Après la Punaise arlequin , que l’on rencontre en abondance partout en cette saison, voici un hétéroptère au « design » plus original et à la localisation plus sudiste.


Gonocerus insidiator sur une arbouse, le fruit fait environ 1cm de diamètre.

C’est une punaise inféodé à Arbustus unedo, l’arbousier. C’est dans cet arbre méditerranéen qui n’a pas besoin d’arrosage en été, dont les feuilles vertes persistantes décorent le fond du jardin que je l’ai surprise ! L’arbousier a d’autres vertus, sa croissance lente ne nécessite pas d’entretien et ses fruits, les arbouses, ressemblent aux fraises, le goût en moins (on l’appelle aussi l’arbre aux fraises).Fleurs et fruits se succèdent toute l’année et les oiseaux se régalent de ces fraises qui mûrissent à l’automne ! Accessoirement cet arbre est aussi l’hôte de la chenille du Pacha à deux queues(Charaxes jasius), un superbe papillon(que j'attends toujours!!) !


Larve aux premiers stades, minuscule sur son fruit nourricier!

Cette punaise aussi ne manque pas d’originalité avec ses deux pointes dressées sur le bord de son pronotum, c’est ce détail qui a attiré mon attention. Il existe 3 variétés de ce Gonocerus en France. Voici une page pour les identifier.



Presque adulte, la larve fera encore au moins une mue! On voit très bien ses futures ailes!


Toujours sur l’arbousier j’ai rencontré des juvéniles ! Leur taille et l’avancement de la grandeur et de la netteté de l’ébauche des ailes permet de les classer !
Les larves ont sur le dos des points sombres qui sont les orifices de leurs glandes odoriférantes . Au stade adulte ceux -ci se situent sur la partie ventrale de l’abdomen.




Je pique dans l'arbouse avec mon rostre!


Ce sont des insectes munis d’un rostre qui sert à leur alimentation ! Piqueur et suceur voilà la méthode pour se nourrir !
Au repos le rostre se « range » dans un creux sous l’abdomen.
En action, c’est une gouttière composée de plusieurs pièces : deux canaux superposés ont deux usages différents ! Ces canaux , appelés stylets, servent le premier(canal salivaire) à piquer la feuille ou le fruit, y injecter de la salive ! Cette salive prédigère la matière végétale et la liquéfie. Le second stylet (canal alimentaire) aspire alors la nourriture. On parle alors de digestion extra orale.



On aperçoit le stylet séparé de la gouttière qui le supporte au repos.



On remarque que la punaise est toujours en « harmonie » avec son support !

Ce qui m’étonne toujours ce sont mes rencontres quasi quotidiennes avec un insecte presque au même endroit de l’arbousier ! Il en va de même pour beaucoup d’insectes qui , dépourvus d’ailes se choisissent un quartier résidentiel et y demeurent ! Deux branches, dix feuilles et 3 arbouses suffisent ainsi au développement de notre petit Gonocerus insidiator !



Adulte Gonocerus insidiator sur Pittosporum tenuifolium.



L’adulte ailé voit enfin son monde s’élargir ! Et explore le reste de l’arbre et s’en va même ailleurs puisque j’ai rencontré un adulte sur un Pittosporum tenuifolium.

mercredi 1 septembre 2010

Graphosoma italicum,la punaise arlequin

Punaises alors, pourrait –on dire ! Pourquoi ! Ces petits hétéroptères nous compliquent bien les recherches quand on veut mettre un nom sur certains d’entres-eux au stade juvénile, de plus ils ont un mode de vie complexe.


Tout commence par cette rencontre dans le fenouil!

Premièrement ils naissent dans des tonneaux, des tonnelets faut-il dire, nous ne sommes quand même pas à Marseille !! ! Comment cela ? Eh bien, leurs œufs sont contenus dans des petites capsules qui s’ouvrent par le haut et les petites larves sortent et restent à proximité de leur lieu de naissance pendant quelques jours !
Secundo, les larves ne ressemblent pas du tout, mais pas du tout aux adultes ! Mais, dans la forme générale, une larve de Pentatomide a la forme générale d’une Pentatomide.
Ce qui change ce sont les couleurs.



Un chapelet de petits tonnelets qui contiennent les oeufs!

Prenons l’exemple de ces Graphosome italicum, la Punaise arlequin, répandue et très commune ! On la trouve facilement sur les fleurs de carottes ou sur le fenouil par exemple. Rouge et noire elle ne passe pas inaperçue et ne le souhaite d’ailleurs pas, ses couleurs avertissant les éventuels prédateurs qu’elle ne ferait pas un bon repas !
On pourrait alors s’imaginer que ses larves auraient elles aussi une couleur aposématique qui les protégerait ! Eh bien pas du tout, elles sont beiges et brunes et doivent compter sur leur homochromie pour se protéger et se fondre dans le décor pour éviter de servir de repas !


Plus petit qu'une graine de carotte sauvage à ses débuts!

Comme le fenouil est bien fréquenté par de nombreux graphosomes, c’est là que j’ai cherché et observé des larves .
Avant d’être adultes ces punaises muent et passent par 5 stades larvaires, le sixième étant celui d’insecte adulte !
Certains de ces stades sont facilement reconnaissables.
Au premier stade, pas de doute, la larve est plus petite qu’une graine de carotte sauvage ! C’est d’ailleurs difficile de les voir au milieu de cette corbeille où elle passe son temps à se dissimuler !


Pas encore de trace d'ébauche ailaire, stade 2 ou 3!

Les stades suivant sont plus difficiles à distinguer, c’est la taille qui donne des indications. Entre chaque étape, l’insecte change d’enveloppe, la chitine qui forme l’extérieur de l’insecte, n’a pas de souplesse et ne peut pas s’agrandir.


Plus petit qu'une graine de fenouil, stade 2 ou 3 toujours!

Au quatrième stade, on voit ondulation dans la marge postérieure du mésonotum (la partie dorsale du thorax) .
Au stade 5, l’avant dernier avant de devenir adulte, on devienne les ailes par ces deux pointes qui se dessinent sur le dos de l’insecte. Là on est sûr que dans quelques jours, la larve va muer pour la dernière fois.


Les ailes se dessinent, stade 5, encore une mue et la larve sera adulte!

Et c’est ainsi que j’ai trouvé, retenue par une toile d’araignée, l’exuvie d’une de ces petites punaises ! On voit bien la déchirure dorsale par laquelle l’insecte s’extrait de son enveloppe devenue trop petite.


Souvenir de la vie de larve, l'exuvie!

L’excellente page d’André Lequet vous dira tout ce que vous voulez savoir sur ce bel Arlequin.