En observant les visiteurs dans les
fleurs autour de la lavande j’ai croisé à 2 reprises des abeilles qui
m’intriguaient. Au premier regard je les ai prises pour des Mégachiles avec cet
abdomen bien noir et des bandes blanches. Mais leur allure générale ne correspondait pas et
surtout l’apex de leur abdomen ne ressemblait pas à ce que je connaissais.
Regardées de près sur l’ordi les
premières images m’ont orientée vers les Coelioxys.
Coelioxys argentea mâle |
Pourquoi ?
Ce sont des abeilles principalement
noire et avec un abdomen pointu (davantage encore chez les femelles.) En lisant
des ouvrages consacrés aux abeilles solitaires il est des espèces que l’on
reconnait en les voyant, c’est le cas des Coelioxys.
Coelioxys argentea mâle,des yeux poilus * |
Il s’agit ensuite des vérifier si les caractères du genre sont présents et d’aller
plus loin en déterminant leur espèce.
Avec
13 articles aux antennes et 7 tergites nous voilà avec un mâle.
Les Coelioxys se reconnaissent
à :
- des yeux poilus( ce qui se voit peu car ce sont de tout petit poils !)
- des épines au scutellum, bien visibles , elles
- des épines eu sixième tergite( bien
visibles aussi)
Coelioxys argentea mâle,des épines au scutellum*
Pour déterminer l’espèce je me suis
d’abord servie de ce que j’appelle la clé suisse(Amiet., Fauna helvetica)
Un détail important à chercher , mais difficile
à voir : la pointe émoussée visible sur la coxa de la patte antérieure.
Pour cela il faut convaincre
l’insecte de se mettre sur le dos ; des chatouilles avec un pinceau
aident !
Coelioxys argentea mâle une pointe émoussée sur chaque coxa 1* |
Cette pointe classe l’insecte dans le
genre Coelioxys (il existe des sous-genre).
Mais ensuite je me suis rapidement
trouvée fort dépourvue comme disait la fable, car aucune des options proposées
ne correspondait à mes sujets.
C’est le problème des espèces des régions sud
qui offrent des variétés différentes.
J’ai trouvé une clé en anglais avec
photos, mais pas de succès.
Coelioxys argentea mâle une pointe émoussée sur chaque coxa 1, autre angle de vue* |
Et voilà que je m’y retrouve. (Claves de identificación para las especies ibéricas
del género Coelioxys latreille, 1809 par F. J. Ortiz-Sánchez, F. Torres & C. Ornosa.)
- Ce qui est à noter c’est la présence sur le corps de poils et de squamules ( squamules à voir surtout sur les parties distales des tergites , là où elles forment un triangle blanc).
Coelioxys argentea mâle abdomen avec écailles et poils* |
Ensuite, la présence de l’épine sur la coxa 1, les poils et les squamules sur le corps ainsi que la présence de 6 épines sur le tergite 6 nous donne le sous-genre Mesocoelioxys
Coelioxys argentea mâle détail du T6* |
Puis tout est facile car il n’existe
qu’une espèce dans ce genre: Coelioxys argentea.
La description et le schéma du
tergite 6 correspondent .
C’est la conformation de ce tergite qui est particulière :elle comprend deux fines épines
latérales et 4 dents centrales plus fortes. Celle-ci sont superposées: deux d’entre
elles pointant vers l’extérieur, les deux du dessous plus fortes.
Coelioxys argentea mâle en blanc et noir |
Je chercherai et trouverai confirmation dans la clé russe traduite par
Alex Descamps (Clef de détermination des insectes de la partie européenne
d'URSS, Tome III.).
Coelioxys argentea mâle, un bel insecte |
Quelle est la particularité de ce
genre d’abeilles ?
Ce sont des parasites. La femelle
pond son œuf dans une cellule partiellement approvisionnée par la propriétaire
du nid.
Les nids parasités sont ceux de
Mégachile, d’Osmie, d’Anthidie et d’Anthophore. Je n’ai pas trouvé quelle
espèce en particulier est parasitée par C. argentea. Chez moi, c’est la première
année que je les vois, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’étaient pas présentes
, mais sans doute pas en nombre.
Coucou Lucie,
RépondreSupprimerEn plus des explications toujours très complètes, le moins qu'on puisse dire, c'est que plus près, on est dedans ;-)
Des détails extraordinaires, et je suis une nouvelle fois émerveillée devant la beauté des yeux.
Merci et bonne soirée. Bises
Oui Pascale, je trouve ces insectes superbes, l'appareil photo me sert de "loupe" et révèle ces détails qui m'émerveillent.
SupprimerBonjour Lucie.
RépondreSupprimerC'est toujours aussi fascinant.
On est loin de se douter que chaque détail compte quand on se trouve devant un insecte. J'ai de nombreux jolis yeux comme ceux là chez moi, mais sans les pattes blanches.
C'est magnifique.
Bonne journée.
Je me glisse volontiers dans le commentaire de Pascale. Rien à y redire ou à ajouter.
RépondreSupprimerBravo Hercule Poirot... ou devrais-je dire Hercule Lavande ! Un beau travail de détective !
RépondreSupprimerMerci! C'est très amusant, mais parfois la piste n'aboutit pas, faute d'indices suffisants!
SupprimerSi je comprends bien, il s'agit d'un travail de fourmi, même quand il s'agit d'abeille !
SupprimerSi j'embauchais toutes celles que je croise dans le jardin , le succès serait toujours au rendez-vous!
SupprimerVous les embauchez déjà comme modèles ! ce sont de véritables petites vedettes !
SupprimerDes minuscules détails qui fascinent ...Une superbe série comme toujours.
RépondreSupprimerLudique et instructif.
Belle fin de journée Lucie
Un vrai travail de détective... pour notre plus grand plaisir
RépondreSupprimerMerci Lucie
;)