jeudi 30 mars 2017

Malvapion malvae un petit charançon dont la larve aime les mauves.


Le printemps est bien là. Sur les plantes les insectes qui viennent d’émerger sont actifs.
Malvapion malvae, des élytres, des pattes , des antennes roux.**

Ce tout petit charançon a été trouvé sur des herbes.  Son look, qui  diffère des autres petits charançons, les Apionidae (taille comprise entre 1et 6 mm), m'a aidé à l’identifier.
Malvapion malvae mesure entre 1,8 et 2,4 mm.
Malvapion malvae, vue de face**

C’est sa longue pilosité blanche qui attire le regard .Elle est plus importante sur la tête, le pronotum et la base des élytres.
Cette pilosité cache les téguments qui sont à ces endroits noirs ainsi que le dessous le corps.
 Ensuite on voit des parties rousses : les antennes, les pattes, le reste des élytres. Un petit détail supplémentaire : les pattes rousses ont des ongles noirs !
Malvapion malvae, vue de dessous, des téguments noirs**

Les antennes présentent un deuxième article  beaucoup plus court que le scape.
C’est une femelle : son rostre est aussi long que le pronotum, seulement pubescent dans sa moitié basale.
Malvapion malvae,  détails du rostre et des  antennes **

Les yeux, saillants sont entourés de soies.
Les stries des élytres sont ponctuées.
Malvapion malvae,moins de 3 mm.**

On trouve l’insecte dans presque toute l’Europe. Les larves se développent dans les fruits des malvacées( Malva sylvestris, Althea officinalis, Alcea Rosa, Lavatera cretica….) Les adultes apparaissent en principe en mai( celui-ci aura pris de l’avance !)

Infos tirées de Coléoptères phytophages d’Europe Tome 3, Gaëtan du Chatenet.
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vendredi 24 mars 2017

Notonecta maculata, une punaise aquatique

La piscine est aussi un lieu de vie pour quelques rares punaises aquatiques, pendant la période où nous ne nous baignons pas. Ensuite elles sont délocalisées car elles piquent et je n’ai pas l’intention de tester la solidité de leur rostre.
Notonecta maculata,  vue de dos, avec des pattes de tailles très différentes, ici se déplaçant sur le sol

J’ai rencontré celle-ci, sur la plage, hors de l’eau, elle sautillait allègrement, cherchant le moyen de rejoindre son milieu de prédilection.
C’est bien une punaise, elle présente des hémélytres en partie sclérifiés qui protègent des ailes membraneuses, elle est  apte au vol.
Notonecta maculata,  vue ventrale, les pattes antérieures très petites.

Son rostre solide, court est formé de 4 articles.
Notonecta maculata, détail du rostre
 Elle nage sur le dos, rapidement, pour attraper ses proies, des  larves aquatiques, des alevins(dans les piscicultures) des têtards de batraciens….
Notonecta maculata, détail de la tête

Les yeux grands, réniformes, sont doublement sinués sur le côté externe.
La famille des Notonecta se reconnaît à
  • des fémurs intermédiaires  qui portent un éperon poilu de nettoyage du rostre; des peignes de toilette s'observent à l'extrémité des tibias intermédiaires et postérieurs.
    Notonecta maculata, détail de l'éperon du fémur et des peignes de toilettes du tibia des pattes intermédiaires*
  • des antennes à 4 articles (petites et difficiles à voir) .
    Notonecta maculata, les très petites antennes.*
  • des yeux distants.
  • des hémélytres opaques, colorés, veloutés

Les pattes arrières puissantes, bien plus grandes que les antérieures et les médianes,  servent à la nage.
Ensuite Notonecta maculata se reconnaît à:
  • ses hémélytres  revêtus d'une dense et courte pilosité cireuse, intensément maculés de taches brunes ou noirâtres.
    Notonecta maculata,autre exemplaire, avec des ailes marbrées de noir.
C’est le cas de mes deux exemplaires : le plus récent n’a pas de taches, alors que celui que j’avais photographié il y a quelques années présentent ces hémélytres tachetés.

Pour confirmer l’identité de l’insecte, il s’agit de soulever ces hémélytres pour y voir le dos de la punaise(en veillant à garder ses distances avec le rostre prompt à entrer en action.)On y voit alors :
Notonecta maculata  1:le métanotum jaune avec deux taches noires à sa base;2: les tergites II,III,IV,noirs*

  • le métanotum et dos de l'abdomen jaunes, sauf les tergitesII, III. IV, la moitié antérieure du V, et deux petites taches de part et d'autre de la base du métanotum, noirs.
  • Ce sont ces détails qui consolident l
 
Notonecta maculata: des yeux bisinués latéralement.**

Ces informations sont tirées de Hétéroptères aquatiques, Faune de France 61, par Frédéric Poisson, disponible sur le net.

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dimanche 19 mars 2017

Peridroma saucia, la Noctuelle blessée

En automne lorsque je trouve des chenilles dans le jardin et quand elles sont de bonne taille, je les recueille et leur offre gîte et couvert. 
Peridroma saucia, chenille au dernier stade

C’est un moyen de mieux connaitre les visiteurs du jardin car souvent ces papillons nocturnes sont des visiteurs dont je ne soupçonne pas la présence.
Dérangée, la chenille cache sa tête!Une précision s'impose: cette chenille est bien une Noctuelle mais Noctua pronubia et non Peridroma saucia comme je le supposais.
Merci à des connaisseurs qui me l'ont signalé Yves et Papillons 49!

Celle-ci fut installée au milieu du mois de décembre avec des feuilles de pissenlit et ne tarda pas à se transformer en chrysalide. Elle ressemblait aux nombreuses Noctuelles que j’avais déjà observées.
Sa chrysalide brune de taille très moyenne ne présente aucun signe particulier .
Et c’est le 10 mars que j’ai trouvé l’imago dans sa boite ! 
Peridroma saucia, un imago tout neuf!

Et c’est un nouveau papillon que j’ai vu. Il m’aura fallu regarder bien des photos de Noctuelles pour en arriver à son identité.
Elle mesure entre 4 et 5 cm.

Peridroma saucia,  détail des ailes antérieures avec leur 3 taches caractéristiques

Peridroma saucia, (saucius= blessé, d'où son nom vernaculaire) est de couleur brun foncé avec une bordure marginale dentelée plus sombre
Ce sont les 3 taches bordées d’écailles brun-roux que l’on voit sur chaque aile antérieure qui m’ont bien aidées, elles sont bien présentes ( et chez beaucoup de Noctuelles)
Des écailles de couleurs diverses forment ces taches.
De haut en bas, l’une est allongée, longue, démarrant à l’attache de l’aile, c’est la claviforme. Puis, la suivante davantage près du bord extérieur est ronde (l’orbiculaire) et la dernière en forme de cœur ici(la réniforme). Ces taches peuvent prendre des formes légèrement différentes selon les individus.
Peridroma saucia, une houpette et de gros yeux de papillon nocturne

Les ailes antérieures sont gris argenté sans marque particulière.
Comme beaucoup de Noctuelles elle présente une houpette sur la tête, des pattes poilues et « épineuses ».
Des écailles et des poils de formes diverses

La chenille se nourrit sur diverses plantes basses. Moi je l’ai trouvé dans la partie herbeuse du jardin.  Elle se nourrit la nuit, même en captivité, durant la journée elle ne mange ni ne bouge. Le soir venu la feuille de pissenlit est entamée et le lendemain matin, il n’en reste que la nervure.
Peridroma saucia , papillon discret mais qui voyage!


Elle est connue comme une peste des cultures de menthe en Amérique, c’est certain qu’un  nombre élevé de chenilles est capable de faire des dégâts. 
C'est un papillon que l'on rencontre sans doute partout en France, mais c'est aussi un migrateur qui va plus au Nord de l'Europe(jusqu'en Islande).

mardi 14 mars 2017

Holcogaster fibulata, la punaise des pins

 Une punaise qui est descendue de son pin !
Holcogaster fibulata

Celle-ci se promenait au bord de la piscine un jour de grand vent.
De petite taille, ses antennes à 5 articles la rangent dans la famille des Pentatomides. Elle mesure environ 6 mm.

Ensuite, il faut décripter la piste de son identité à l’aide de l’excellent « Punaises Pentatomoidae de France, de Roland Lupoli et François Dusoulier »

Holcogaster fibulata, détail des tarses à 3 articles

  • les tarses ont 3 articles
  • les tibias n’ont pas de fortes épines
  • le scutellum ne recouvre pas tout l’abdomen

Cela conduit à la famille des Pentatomidae.

On continue , il y en a 92 espèces en France.

Holcogaster fibulata,orifice  odorifère prolongée par un sillon

  • le scutellum  de forme triangulaire ne dépasse pas les 2/3 de l’abdomen
  • le rostre est mince
  • les joues sont généralement de longueur équivalente au clypeus
  • coloration sans reflets métalliques
  • le sternite III sans pointe
  • orifice odorifère prolongé vers l’extérieur par un sillon

Holcogaster fibulata, joues ne dépassant pas le clypeus

On en arrive à 2 tribus : les Carpocorini et les Antestiini
On reprend la clé :
  • couleur non verte, c’est bien le cas
  • pronotum avec un sillon bien marqué juste en arrière de son bord antérieur …oui

Holcogaster fibulata, détail du sillon bien marqué sur le bord antérieur du pronotum

  • rostre atteignant le 4ème sternite abdominal…oui

Holcogaster fibulata,  sillon ventral  bien marqué 

  • ventre sillonné sous le rostre…oui
  • article antennaire III généralement plus long que le II.

Voilà tout correspond et c’est bien Holcogaster fibulata (Holcogaster signifiant ventre sillonné, ce qui est bien le cas)

Holcogaster fibulata,  antennes bien rangées sous le corps.

Elle se rencontre dans le sud de la France et sur la façade atlantique jusque dans le bassin Parisien. Elle aime les milieux chauds et secs, vit sur les genévriers, les pins,  où elle se nourrit. Sa taille varie entre 4,5 et 8,5 mm.
Mais ce qui est intéressant c’est qu’elle se nourrit aussi régulièrement des œufs de la processionnaire du pin ( Thaumetopoea pityocampa) Je suis bien contente de la savoir sur les pins voisins rien que pour cette raison !


mercredi 8 mars 2017

Cuneopalpus cyanops , un Psoque.

Un cadeau du vent !
Ces jours derniers de forts vents ont soufflé sur nos régions et de nombreux débris se sont retrouvés sur la piscine, feuilles mortes, fleurs, bourgeons , herbe et aiguilles de pin ! C’est sur cette dernière que j’ai trouvé ce naufragé.
Cuneopalpus cyanops, un Psoque des arbres**

C’est un insecte, pas un diptère (il a deux paires d’ailes, les diptères une seule) par élimination j’arrive ainsi au genre des Psoques. L’insecte mesure moins de 3 mm et a une fâcheuse tendance à sautiller sur ma feuille, petits déplacements qui suffisent à le faire sortir du champ de mon objectif.

En cherchant dans la famille des Psoques sur  l'excellent site insecte.org,  je tombe rapidement sur Cuneopalpus cyanops. Et ensuite à l’aide de ce site anglais mon identification est confirmée.
Cuneopalpus cyanops, des yeux gris, un abdomen rayé en orange et 3 ocelles sur la tête.**

Cuneopalpus cyanops se présente d’abord avec ces beaux yeux gris, ensuite son abdomen est légèrement rayé d’orange. 

Les psoques ailés (il en existe qui sont  aptères) portent 3 ocelles sur la tête deux vers l’arrière et un sur le front, formant un petit triangle. Ces trois yeux simples sont  insérés  sur un tubercule.

Cuneopalpus cyanops, ailes transparentes et les antérieures bien plus longues que les postérieures.**

 Ses ailes sont incolores et dépassent l’abdomen ; au repos, elles sont disposées en toit.Les ailes antérieures sont beaucoup plus longues que les postérieures. 

Cuneopalpus cyanops,une tête avec un postclypéus très développé, le dernier article des palpes maxillaires court**

Drôle de tête d’ailleurs on voit cette forme importante au milieu de la face avant : c’est le postclypéus, fortement bombé.
Les palpes maxillaires se terminent par le dernier article court, tronqué en forme de hache qui est un caractère déterminant de C. cyanops.
Autre particularité les yeux : il sont gris.
Les antennes sont fines et comptent 13 articles

Cuneopalpus cyanops,antennes fines de 13 articles**

Qui sont donc ces Psoques, nombreux à l’extérieur(plus de 2000 espèces), sur les arbres, les murs, dont la petite taille  les fait passer inaperçus autour de nous?
 Celui-ci vit sur l’écorce des arbres, les pins principalement où il se nourrit sans doute de  champignons (spores, mycélium),  lichens ….
Cuneopalpus cyanops,psoque des écorces des pins.**

A leur tour les Psoques sont mangés par les araignées,   certains hyménoptères, les fourmis…Ils sont fragiles et il est recommandé de ne pas les toucher pour ne pas les abîmer si on veut les voir dans leurs détails !
Il existe ensuite des Psoques  d’intérieur : appelé poux des livres, ils survivent quand la chaleur et l’humidité leur conviennent. 

Pour en savoir davantage : Faune de France n°42 Psoptères, André Badonel. (En téléchargement libre)

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dimanche 5 mars 2017

Peirates stridulus, juvénile et adulte

En travaillant au pied des arbres fruitiers je dérange certains dormeurs .C’est ainsi que ce réduve a vu la lumière du jour plutôt qu’il ne l’avait prévu !
C’est l’occasion pour moi de publier sa présentation qui a été ébauchée à plusieurs reprises, l’insecte étant bien présent dans le jardin depuis de nombreuses années.
Peirates stridulus, adulte*

Rouge et noir sont les couleurs bien visibles sur le sol ou dans la végétation. Le rostre du réduve est bien particulier : il comprend 3 solides articles .L’insecte est prédateur, il se nourrit d’autres petits insectes, une toxine paralysante est injectée lors de l’attaque et le contenu liquéfié est ensuite aspiré.
Peirates stridulus,détail de la tête*

 Et ensuite pour assurer le nettoyage du rostre et des antennes l’insecte dispose sur les pattes antérieures et médianes « d’un essuie-tout » intégré et perfectionné.
Peirates stridulus,les fossettes spongieuses au bout des tibias*

 Il s’agit de ce que les entomologistes appellent des fossettes spongieuses, qui sont situées au bout des tibias. C’ est une surface adhésive qui peut aussi servir à agripper les proies.Elle est difficile à voir, il faut pour cela mettre le réduve sur le dos, mais comme il n’arrête pas de gigoter, c’est bien difficile.Ces fossettes me semblent capables de se déformer pour saisir ou tenir. Leur  présence pose sans doute encore des questions quant à leur utilité pour l’insecte, mais la nature ne laisse rien au hasard !
Peirates stridulus,vue ventrale*

Mon réduve réveillé avant l’heure, en principe il sort de son hivernation un peu plus tard,  est un Peirates stridulus !
Peirates stridulus,les taches noires sur les hémélytres aident à la détermination.*

Ce sont les dessins des hémélytres qui donnent sa détermination. Deux espèces voisines présentent ces taches noires et écrues et sont difficiles à différencier.
A l’aide de cette page en espagnol et surtout des dessins j’en suis arrivé à  P. stridulus
On observe les 2 taches noires(photo ci-dessus) :
-celle sur le clavus est moins allongée et disposée à la fin du scutellum.
-celles sur la partie membraneuse de l’hémélytre sont nettement séparées par une zone plus claire.
Peirates stridulus, de face*

L’insecte mesure environ 12mm

Les juvéniles présentent une tache blanche en forme de croissant de lune au bas du dos, l’abdomen est rouge avec une grande surface noire sur le dos.Les ébauches des ailes noires, bien visibles nous indiquent que nous en sommes au stade V de l'état larvaire. Après la prochaine mue, l'adulte sera prêt.

Peirates stridulus, larve au stade V

L’insecte passe l’hiver en tant qu’adulte et la reproduction a lieu au printemps, la nouvelle génération est adulte à l’automne. On trouve ce réduve en France, Italie, dans la péninsule ibérique…..

 
Ce qu'il ne faut pas faire!
Pour avoir une idée de la taille voici un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Les réduves piquent .Celui-ci, occupé à se nettoyer les antennes, ne s’occupe pas de mon doigt. Depuis que j’ai été piqué par un autre membre de la famille (le bien nommé réduve irascible) je suis méfiante et j’utilise toujours un support pour l’attraper !
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