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vendredi 30 juillet 2010

Decticus albifrons ! Une nouvelle venue au jardin.

Vous savez combien il est difficile pour un néophyte de reconnaître une sauterelle au stade juvénile et d’être capable de dire, une fois adulte ce sera….
Alors pour essayer de faire quelques petits progrès dans ce domaine, j’ai pris en pension une sauterelle de mon jardin, plusieurs exemplaires se promenant sur les grandes herbes. .L’insecte n’est absolument pas pris aux tout premiers stades de sa vie larvaire, mais à l’avant dernier stade où l’on a déjà une idée de ce qu’il deviendra adulte .Les sauterelles muent entre 5 et 7 fois avant d’être adultes.
Certaines sont plus facilement reconnaissables. De plus dans mon jardin aux dimensions limitées je n’ai que quelques espèces que je connais assez bien maintenant.
Mais voilà une nouvelle venue qui m’a donné bien du fil à retordre.

Dectique à front blanc adulte.

L’observation des ailes permet de distinguer adulte et juvénile !
Ainsi tant que l’insecte est au stade larvaire
-ses ailes sont réduites.
-elles ne se recouvrent pas, les ailes antérieures (tegmina ) qui a l’âge adulte sont les plus visibles et recouvrent les ailes postérieures, sont visibles à côté des ailes postérieures.


Decticus albifrons à l'avant dernier stade larvaire.

Les ailes grandissent encore et nous permettent de définir le dernier stade avant la vie d’adulte.
Ensuite, ce qui m’émerveille c’est l'augmentation importantede la taille des ailes entre insecte au dernier stade larvaire et l’adulte !


Voici le dernier stade larvaire

La mue se passe toujours la nuit et au petit matin l’adulte est accroché tête en bas sur une branche ! Mais alors le déploiement des ailes est un moment magique. D ‘abord elles ressemblent à des culottes bouffantes avec une petite zone pointue à l’extrémité ! Petit à petit, elles s’étalent et s’allongent gonflées par l’hémolymphe( l’équivalent du sang) qui fait apparaître les nervures. Elles sont ensuite bien visibles, toutes les quatre, et transparentes ! Puis les agitant légèrement, la sauterelle les met en ordre et les ailes membraneuses sont recouvertes par les tegmina.


Bien après la mue, l'insecte aime prendre cette position quand on l'invite à quitter l'abri protecteur des grandes herbes!

Hélas , je ne suis pas équipée pour faire des photos dans le vivarium, je ne peux qu’avec des mots, vous faire partager ce moment où émerge un adulte parfait qui va pouvoir perpétuer son espèce ! Je regarde sans oser m’approcher de trop près de peur de troubler ces importantes transformations !!

Avec cet individu, une femelle, 3 hypothèses se présentent ! J’ai essayé de trouver son nom dès le stade larvaire. C’est un Dectique, cela se voit aux pattes sauteuses qui ont 2 plantules libres au-dessus des tarses. Sépania sepium se promène dans mon jardin, c’est une sauterelle qui porte bien son nom d’ « échassière » car elle a la paire de pattes postérieure très grandes !
L’an dernier j’avais aussi vu Platycleis albopunctata ! Or mon specimen me semble « albopunctata », c’est dire avec des taches blanches sur la tête !


Un réel talent pour le grand écart!


Ce n’est pas Sepiana sepium , hypothèse que j’avais abandonnée rapidement ( à cause de la taille du corps et de la forme du pronotum (Sepiana n’a pas de carène latérale et elle est plus petite et moins massive)
C’est d’ailleurs le pronotum qui me fera abandonner l’hypothèse Platycleis .
Voici quelques explications !
Chez les Platycleis, la carène médiane du pronotum est nette seulement sur la moitié postérieure. Alors que sur ma sauterelle, on le voit nettement, cette carène est visible et bien nette sur toute la longueur du pronotum.


Détail de la carène du pronotum de Decticus albifrons

Je m’oriente alors vers Decticus albifrons ! Même si son front est encore bien moucheté, mais avec les exemplaires jeunes ou très frais, les couleurs ne sont pas toujours bien fixées !
J’ai un autre moyen de faire la différence ! Il s’agit d’examiner la fameuse plaque sous génitale ! En fait c’est bien une des raisons qui nous conduit à photographier les insectes sous toutes les coutures (quand il le veulent bien , n’est-ce pas ?)


Une plaque sous génitale avec des gibbosités: c'est bien une femelle de Dectique à front blanc!!

Et alors la présence des petits tubercules font la différence, chez Platycleis, cette plaque est plane !
J’espère que cette fastidieuse démonstration ne vous décourage pas d’observer les belles sauterelles qui animent nos prés et nos champs et bien sûr nos jardins !!!


C'est dans les grandes herbes que l'on rencontre le Dectique à front blanc, un abri sûr!


Quelques mots sur cette Decticque à front blanc ! C’est une grande sauterelle, dont on voit bien , quand elle est bien adulte, le front clair, en particulier sur la première photo, où elle grimpe sur mon pantalon !Elle est plus massive que nos grandes sauterelles vertes et de taille presque aussi imposante, mais de couleur bien différente. Elle vole très bien, les grandes ailes lui sont bien utiles ! Mais elle se planque volontiers dans les grandes herbes ! Souvent c’est le mâle que l’on entend pendant la journée ! Il a un chant très reconnaissable, mais alors, malin, se tait si vous approchez ! J’en ai 2 ou 3 dans le jardin, ils chantent si fort qu’on les entend à plus de 15 mètres, mais pas moyen de les voir ! On peut rencontrer ces sauterelles dans une grande moitié sud du pays.
Alors bonnes observations!

Les sauterelles sont un de mes sujets favoris !Voyez ces articles qui en parlent:


•Le Dectique verrucivore
•L'Ephippigère terrestre
•Platycleis albopunctata
•Phaneroptera nana

•Le phanéroptère feuille de lys
•Anonconotus alpinus, une decticelle montagnarde
•La reproduction des sauterelles
•Barbitiste fischeri
•la grande sauterelle verte

•Ruspolia nitidula: le conocéphale gracieux
  • La Decticelle splendide
    • 8 commentaires:

      1. Photographies étonnantes. J'espère que le mal de tête est maintenant meilleur :-) Diane

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      2. magnifiques images et richesse des explication , tout est la
        superbe

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      3. quelle démonstration ,tu m'épates à chaque fois ! Que vous avez de grands pattes arrière madame la sauterelle !!

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      4. WOW!! C'est fouillé ça!!!
        C'est comme ça qu'on devient une grande spécialiste!! :)
        C'est vrai que les sauterelles sont un vrai casse-tête! Je me passionne plus pour les libellules, comme tu sais, et c'est pourquoi je suis ravie d'apprendre toutes ces choses grâce à tes recherches qui doivent être bien ardues par moment!
        Et puis on ne peut pas avoir des bouquins sur chaque espèce d'insectes, on n'en finirait plus!!
        Tes photos sont très explicites et détaillées, un grand bravo!!
        Bonne journée, Lucie!
        Ps: Jamais encore vue chez moi !

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      5. Quel article pointu mais très intéressant. On voit que tu es une passionnée !!
        A bientôt et merci pour toutes ces explications

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      6. J'admire tes photos et ta persévérance!

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      7. La détermination des insectes est un sport de haut niveau.Dans mon petit coin de Lorraine la détermination des sauterelles est vite faite,je n'ai que 4 espèces et depuis cette année une 5eme avec Decticus verrucivorus.Par contre les criquets sont pour moi un véritable casse tête,j'ai des images avec des criquets inconnus,du travail pour l'hiver.

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      8. Bonjour Lucie,

        Je serais bien incapable de dire le nom de celles qui sautent dans mon jardin.
        Merci pour le récapitulatif de tes billets sur ce sujet. J'irai voir si certaines se trouvent également dans mon jardin.
        Quelle patience et quel oeil est le tien pour si bien observer et déterminer toutes ces bébêtes.
        ;)

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      Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.