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samedi 28 août 2010

Scéliphron caementarium, une guêpe maçonne.

"Je maçonne pour mes petits", pourrait être le sous-titre de cet article !

Certaines guêpes solitaires ne vivent pas en communauté ! Celles que nous connaissons bien et qui viennent tournicoter autour de nous lors de nos agapes champêtres, construisent des nids à base de cellulose mâchée et forment des cellules dans lesquelles une reine pond des œufs, alimentés et soignés par la communauté !
D’autres se débrouillent seules pour assurer leur descendance !


Scéliphron caementarium au travail , la cellule neuve , encore humide, se voit bien!

C’est l’une d’elle que j’ai vu sur 3 jours de suite construire le nid de ses petits ! Un nid bien particulier puisqu’il est fait de boue, façonnée pour former un tube de 3 à 4cm de long, bien lisse à l’intérieur.
J’ai ainsi vu comment elle rajoute un tube à sa construction précédente !
L’ensemble comprend 4 tubes ! Dans chacun d’eux la guêpe a pondu un œuf, puis elle a mis des provisions servant de nourriture à la larve, ensuite elle fermé l’ouverture !
Et point final, elle ajouté un peu de glaise pour faire ressembler sa construction à un caillou informe !


L'insecte, muni de fortes mandibules, qui servent d'outils de construction.


La construction, est accrochée dans l’embrasure d’une baie vitrée exposée au Nord Est.
C’est en regardant la fenêtre que j’ai remarqué une excroissance qui m’a un peu surprise ! Mais quasiment de la même couleur que le crépi de la maison, je me suis simplement interrogée si cette bosse avait toujours été là sans que je la remarque. Et c’est en y retournant que j’ai vu la réalisation de Madame Scéliphron caementarium.
En me documentant, j’ai appris que cet insecte nous vient d’Amérique du Nord et qu’elle se plaît dans une grande partie sud de la France.


La voilà qui ajoute un cordon à sa construction!

Cette page nous fournit une clé d'identification de ces bâtisseuses

C’est sa technique que j’ai admiré ! Il fait 30 degrés et il faut trouver de la boue, pour cela il y a des coins humides situés à une dizaine de mètres ! Le transport se fait sous forme de petite boule d’environ 2mm. Et collée sur l’existant cette boule est ensuite formée en cordon pour agrandir le tube d’une longueur d’environ 3mm. Toujours avec ses formes mandibules la guêpe étale, façonne son tube, tout en bourdonnant ! Bzzz, bzzz, je bosse , je bosse !Après l’ajout d’une longueur, elle rentre l’arrière du corps, sans doute pour mesurer la longueur et pour en lisser la paroi interne !

Le détail montre la glaise humide dont les mandibules sont enduites.

Il faut préciser que je ne me suis pas approchée de trop près, madame, m’ayant clairement signifié qu’elle ne souhaitant pas ma présence dérangeante ! Je n’ai pas trop insisté !!
Bien après la construction des abris pour les œufs que se passe-t-il ?
La guêpe pond un œuf dans le fond du tube, c’est pour cela qu’elle fait des essais réguliers, elle vérifie si la profondeur est suffisante ! Le tube fini fait environ 4cm, cela fait vraiment beaucoup pour un œuf qui doit fait3 ou 4mm !!


Le travail de la journée, le tube achevé, se termine en rajoutant quelques touches de boue sur les "tubes " anciens.

C’est qu’il faut penser à la nourriture de la larve qui va sortir de cet œuf !!Et donc mettre des réserves en quantité suffisante ! Et c’est alors que notre guêpe fournit des araignées qu’elle anesthésie et qui sont donc consommables dans de bonnes conditions ! Hélas je ne l’ai jamais vu apporter une araignée. Dans d’autres urnes de guêpe maçonne j’ai trouvé de nombreuses toutes petites araignées !
Dimanche matin, regardant le travail de la maçonne, j’ai vu des pattes qui dépassaient ! La dame n’étant pas dans les parages, j’ai pris un escabeau et photographié l’intérieur du tube et surprise voici ce que j’y ai vu : une épeire diadème, qui n’est pas une petite araignée ! La bestiole ne bougeant pas, j’ai supposé qu’elle ne le pouvait plus ! Un peu plus tard, les pattes de l’araignée ne dépassaient plus, puis le tube a été bouché. La guêpe avait bien rempli le garde- manger pour sa progéniture !!Elle avait poussé la réserve de nourriture constituée par l’épeire, au fond du tube, puis fermé le tout !


Une jeune épeire diadème anesthésiée qui sert de réserve de nourriture à la future larve!

Le plus surprenant, c’est son travail de finition : pour cacher la forme régulière de ses « tubes à œufs », elle va ajouter de petites touches de mortier qui font croire à une boule informe collée sur le mur, un caillou qui dépasserait simplement !


La construction terminée ne ressemble plus à 4 tubes accolés les uns aux autres!

Il existe d’autres guêpes maçonnes dont certaines font un travail que je qualifierais de plus artistique, en particulier de jolies petites urnes avec un col à l’arrondi parfait, j’ai le résultat de leur travail, mais il me manque des photos de l’artiste à l’œuvre !!

jeudi 26 août 2010

Chorthippus scalaris ou le Criquet jacasseur : un montagnard!

Ce joli criquet justifie bien les deux noms qu’il porte ! C’est un grand bavard, quand, à plusieurs sur les sentiers de montagne, ils s’expriment, leur bavardage ne peut vous échapper ! C’est un vrai concert .On n’imagine pas une bestiole si petite (3cm au grand maximum) faire autant de raffut ! Encore les mâles sont- ils, comme souvent chez les criquets bien plus petits, ils n’atteignent pas plus de 21 mm. Pourtant ce sont eux qui « jacassent » le plus !!


Encore de belles couleurs pour ce grand bavard qu'est le Criquet jacasseur!

Son nom latin est aussi parfaitement compréhensible : scalaris signifie échelle. Sur les tegmina, les ailes antérieures, celles que l’on voit lorsque le criquet est au repos et qui cachent les ailes postérieures que l’on ne voit que lors du vol, eh bien, sur ces ailes on distingue nettement une zone ,où, les entre 2 nervures on voit beaucoup de petites nervures parallèles comme les barreaux d’une échelle.


Des ailes antérieures bien caractéristiques avec leur barreaux d'échelle!

Les flèches numérotées attirent votre regard sur ces zones qui permettent d’identifier facilement le Criquet jacasseur. C’est aussi l’occasion de reconnaître le champ médian (numéro1) et le champ costal (numéro2) d‘une aile.


Le champ médian(1) et le champ costal(2) de l'aile.

La femelle , plus grande ne présente pas cette disposition en échelle, mais la même zone de ses ailes présente des nervures réticulées.


Une femelle à qui il manque une patte postérieure.

C’est un criquet montagnard, car il ne descend pas en dessous de 700mètres.Ma première rencontre avec lui se situe sur les pentes du Mont Ventoux, à plus de 1400m.C’était l’an passé et leur « bavardage » m’avait impressionné ! Cette année je l’ai trouvé dans les Alpes maritimes , au col de Bleyne, à environ 1400m, toujours aussi bavard !!


Un bien joli criquet montagnard!

La femelle se trouvait seule et bien discrète le long de la route qui monte au col de la Lombarde, bien avant le camp de Fourches à plus de 2000m.
On le rencontre dans nos montagnes, des Pyrénées aux Alpes.

dimanche 22 août 2010

L' Oedipode soufrée(Oedaleus decorus), un criquet joliment décoré.

Les criquets qui sautent dans la garrigue sont nombreux et beaucoup se ressemblent ou présentent des différences si subtiles qu’il faut toute l’expérience d’un connaisseur pour les identifier !
Alors quand j’ai vu ce juvénile différent de bien d’autres, je me suis dit qu’il ne serait pas trop compliqué de lui trouver son identité !


Un juvénile d'Oedipode soufrée , au dernier stade.Ses ailes sont bien ébauchées!

Et avec une tête bien ronde, une carène médiane du pronotum bien visible et en relief, il y avait déjà matière à faire des recherches ! Ensuite en regardant mon guide, je vois que ce pronotum est orné de « quatre stries blanches formant un motif cruciforme » et là plus de doute, j’ai vu un juvénile de l’Oedipode soufrée(Oedaleus decorus) ! C’était au début du mois de juillet.


Dans la Crau, fin juin , un juvénile d'Oedipode soufré: les ailes ne sont pas encore ébauchées, mais la tête et le pronotum sont très caractéristiques.

En consultant mes dossiers je me suis rendue compte que j’avais déjà vu un criquet similaire, fin juin, dans la Crau ! A la recherche d’un tout autre criquet dans cette région formée par l’ancien lit de la Durance, maintenant protégée, j’ai vu, un juvénile à un stade précédent ! Il n’a pas encore d’ébauche ailaire, mais on reconnaît très bien le motif blanc, sur le pronotum ! Il n’a pas du tout la même couleur me direz-vous ! Ces criquets se déclinent en effet en vert et en beige brun .Vous notez que sur ce sol, il passe bien inaperçu.


Le voilà adulte , encore plus beau!!(mais il a déjà perdu le pied avant droit, hélas)


Ayant vu ce joli juvénile sur mon site habituel, je me suis dit que je pourrais bien trouver l’adulte ! Au cours d’une sortie sur le même site, cette garrigue qui est son milieu de prédilection avec le maquis ,je l’ai cherché au début du mois d’août, sans succès ! Mes juvéniles ont ainsi continué à dormir sur le DD !

En début de cette semaine je suis partie une seconde fois à sa recherche ! ! J’en ai scruté des criquets ce lundi !


Un joli adulte en livrée beige! (Hélas, lui a perdu une patte arrière, la vie est dure dans la garrigue)

Le soleil commençait à bien chauffer et déçue de ne pas avoir trouvé mon sujet, je prenais le chemin du retour. C’est alors que sur le chemin je l’ai vu ! J’avais bien son image en tête et d’une part avec sa grande taille(près de 4cm pour une femelle) et cette croix sur le pronotum impossible de se tromper ! Je l’ai vu sur le chemin mais lui n’avait pas trop envie de voir quelqu’un s’approcher de trop près ! Et de caillou en touffe de lavande, puis à nouveau un amas de pierres …nous avons entamé une course poursuite relativement paisible. Il vole deux mètres , se pose, sur un caillou, me laisse m’approcher, faire une photo et hop repart ! Mais il ne cherche pas à s’enfoncer dans les buissons et surtout ne disparaît pas sous un tas de cailloux comme certains de ses cousins !!


Vue de dessus, le motif du pronotum est bien reconnaissable.

De plus ce qui est à noter, c’est la présence des deux formes, beige et verte sur le même site. D’ailleurs ils étaient presque côte à côte sur le sentier !


Ainsi maintenu, , il ne risque rien ! Et on voit ses pattes sauteuses qui sont repliées au repos!

Cette image nous permet de voir ses jolis tibias roses ! C’est aussi une illustration de la façon de tenir ces sauteurs, de telle manière à ce que l’insecte ne soit pas blessé et ne s’échappe pas en vous laissant une patte entre les doigts. Les criquets ne mordent pas, on ne risque vraiment rien !!


Voilà un des trésors de la garrigue avec cette jolie livrée!


C’est un criquet que l’on rencontre dans une grande partie du pays, au sud d’une ligne allant de la Loire Atlantique à la Haute Saône. Il aime les milieux chauds et secs, voire arides, les grèves sablonneuses. Mais , il existe une population sur les dunes de la forêt de Fontainebleau qui serait même en extension !

jeudi 19 août 2010

Eupholidoptera chabrieri , la Decticelle splendide, assure sa descendance!!

Bonne nouvelle : la jolie Decticelle splendide(Eupholidoptera chabrieri) va assurer sa descendance !
Ce matin en observant ce qui se passe dans le gros pied de chardon que j’ai laissé se développer dans le jardin, je l’ai vue !!
J’ai été toute contente en voyant cette jolie sauterelle qui compte parmi nos habitants préférés du jardin, chargée de son spermatophore !
S’étant accouplée pendant la nuit, elle avait déjà dévoré l’enveloppe qui contient les spermatozoïdes (d’où le nom de spermatophore).

Bien protégée par les épines du chardon , la jolie sauterelle chargée de son spermatophore !

Quand tous les spermatozoïdes auront migré vers les ovules pour les féconder, le reste de cette masse gélatineuse sera dévoré. Il faudra quelques jours pour que les œufs soient pondus !
Cette sauterelle si joliment colorée vit dans la garrigue où je me rends très régulièrement, cela correspond bien à son milieu, en altitude ( 650m) avec une végétation basse de ronces et quelques arbres, en particulier des chênes verts !


Détail de cette masse gélatineuse contenant les spermatozoïdes.

Mais cela fait plusieurs années que je la vois dans mon jardin, situé à une altitude bien plus basse et où les ronces sauvages sont absentes ! Alors elle a choisi des supports un peu différents : les mâles squattent un pied de Forsythia, les hautes herbes et les chardons ont attiré d’autres individus !! Il y a ainsi une dizaine de représentants de cette Decticelle splendide qui se promènent pour mon plus grand plaisir ! Mais il faut ouvrir l’œil et ne pas l’effaroucher. Elle se sauve rapidement et n’ayant pas d’ailes pour s’envoler comme la Grande sauterelle verte par exemple, elle n’a que la ressource de s’enfoncer dans les herbes et de disparaître !


Une femelle aux couleurs éclatantes et un peu différentes de celle de la sauterelle d'aujourd'hui, photographiée en juillet dans la lavande.

L’an passé, j’en avais vu une chargée de son spermatophore au début du mois de juillet ! Mais d’après ma documentation on peut la voir encore jusqu’en automne ! Souhaitons bonne chance à sa descendance !

Articles précédents consacrés à la jolie Decticelle splendide

mardi 17 août 2010

Insectes cannibales ou la mante religieuse qui mange son compagnon et la sauterelle Ephippigère qui mange une autre Ephippigère !

Le ciel est bleu, l’air est limpide et une vue superbe sur le cap d’Antibes, les immeubles de Marina Baie des Anges, les pistes de l’aéroport de Nice s’offre à mon regard .Tout s’annonçait paisible dans la garrigue quand j’ai commencé à chercher Orthoptères et autres insectes qui peuplent les buissons et les herbes.

Je poursuivais un papillon qui souhaitant échapper à la célébrité, s’est posé dans un coin presque inaccessible .Et c’est là que j’ai vu des ailes vertes s’agiter ! Spectacle plutôt rare, ce sont des ailes de mante religieuse ! D’habitude on ne voit qu’un insecte ailes rabattues, qui est en position de guetteur pour attendre une éventuelle proie !


Un joli mâle qui est venu se poser devant mon objectif! Il ignore le sort qui l'attendra peut être sous peu!

J’essaie de comprendre ce qui se passe, car il y a deux mantes religieuses cachées dans les herbes basses sur le tronc d’un arbuste qui essaie de pousser dans ce milieu sec. Et je comprends vite que je vois ce qui fait la mauvaise réputation de cet insecte : la femelle tient fermement un mâle dans ses pinces ravisseuses. Et ce n’est pas du tout pour lui signifier qu’il peut accomplir son rôle de géniteur (qu’il a sans doute accompli il y a peu) !
Les ailes qui s’agitent, sont celles du mâle qui tente désespérément d’échapper à ces pinces qui le tiennent.
En la chatouillant pour qu’elle sorte de son coin, je vois bien qu’elle mange ! Elle lâchera très provisoirement son repas et j'observe qu’elle a commencé par manger ce qui constituait un danger pour elle : une patte ravisseuse.
Hélas le sort du malheureux mâle sera rapidement réglé.


La femelle tient fermement son mâle ...pour le manger!Il a beau agiter ses ailes, il ne pourra pas s'échapper!

C’est donc vrai : la mante comme bien des araignées, consomme le mâle qui a servi à la féconder. Pourquoi ? La production d’œufs demande une grande quantité d’énergie. Pour être efficace, la femelle doit manger beaucoup de protéines. Le mâle offre une quantité importante sans aucun effort !!
Je dois avouer que ce spectacle m’a troublé, mais on ne peut pas regarder le monde des insectes avec nos yeux, nous qui sommes bien éloignés des lois simples de la Nature.

A la fin de ma promenade , je descends le long du sentier bien pentu qui me ramène à la voiture quand je suis cette fois ci franchement interloquée par le spectacle que je vois dans un genêt .J’y regarde à deux fois avant d’y croire ! Je n’avais bien sûr jamais vu cela et de plus je n’avais pas lu de récit le racontant !
Deux Ephippigères, dans doute des terrestris (j’avoue ne pas m’être attardée pour le préciser), en train de vider l’abdomen d’une autre sauterelle Ephippigère !


Cette sauterelle éphippigère ne lâchera pas cette proie, il la traîne pour mieux accéder à ce qui reste de son repas!

Les sauterelles ont un régime varié, certaines sont davantage phytophages, agrémentant leur régime par de petits insectes, bonne source de protéines ! Elles mangent leur exuvie quand elles ont mué.
D’autres consomment beaucoup d’insectes, comme notre grande sauterelle verte .Dans les élevages, quand la nourriture manque, les plus faibles, les malades ou les cadavres sont consommées !
Mais ici, la sauterelle, était vivante car je vois encore les antennes qui s’agitent !
Quand je m’approche, la femelle, s’enfuit ! Mais le mâle continue son repas.
Pire, quand la lourde proie tombe dans le buisson, la sauterelle va la chercher, et comme certains fauves africains qui hissent leur proie en haut des branches d’un arbre, la hisse en haut du genêt pour la consommer à l’aise !
Je la verrai ainsi, plusieurs fois trainer sa proie ! C’était vraiment étonnant
Voilà comment se termine une sortie qui s’annonçait des plus tranquilles ! Mais en écoutant la radio sur la route du retour j’ai entendu que l’on avait aperçu un requin au large de Cagnes sur mer !
(Après vérification c'était un dauphin!)

jeudi 12 août 2010

Pholidoptera femorata, la Decticelle des friches

La plupart des sauterelles sont maintenant parvenues au stade adulte ! Je fais donc le tour du jardin en cherchant où elles se cachent et cela me permet aussi de vérifier si les espèces présentes l’an passé, le sont toujours !
C’est ainsi que je découvre les nouvelles venues ! La Decticelle à front blanc, dont le mâle échappe à mon objectif, chante avec beaucoup de régularité, mais se tait dès que je m’approche et il se cache dans les herbes ! Tant qu’il chante, son chant est vraiment reconnaissable, même pour une non- spécialiste !
Depuis plusieurs jours j’entendais un autre chanteur et je m’interrogeais bien sur son identité ! Il était dissimulé à proximité de mon gros pied de lavande ! Ce matin j’ai pris le sécateur et récolté la lavande qui séchée, ira parfumer mes armoires ! Prenant mon courage à deux mains, j’ai même arraché quelques herbes dites mauvaises pour donner de l’air à mes pieds d’aster qui fleuriront bien plus tard ! Et voilà que j’ai découvert mon chanteur !!


Bon acrobate, Pholidoptera femorata, n'est-ce pas?

Pour lui faire la causette et le conduire sur un support digne d’un bel insecte ce fut une autre histoire ! Je n’avais jamais vu cette sauterelle dans mon jardin et pour en faire une identification correcte, il me fallait des photos …d’identité ! Je l’ai attrapé au creux de ma main, et après une ou deux tentatives de morsures, nous sommes arrivés à un accord !Il sera bien sage, n’agitera pas les pattes en tout sens et ensuite il retournera dans l’herbe et chantera pour faire savoir aux dames qu’il est disponible !!
De qui s’agit –il ! D’une Decticelle ou d’une Dectique. Le petit cercle rouge nous montre les plantules libres sur la dernière paire de pattes qui caractérisent entre autre, la sous- famille des Decticinae.


Un ventre d'un jaune éclatant caractérise ce mâle de Decticelle des friches.

Une autre caractéristique bien visible chez cet adulte, ce sont des ailes très très réduites ! La taille aussi a son importance, le corps, sans les antennes bien sûr, mesure 28 mm. Ce n’est pas énorme, quand on songe à la taille de la Grande sauterelle verte ou bien encore celle du Dectique à front blanc, mais bien plus que la petite taille du Phanéroptère liliacé.
Avec ces éléments on peut déjà bien avancer dans l’identification.
De plus la jolie couleur jaune de son abdomen m’oriente vers les Pholidoptera.



Voilà une sauterelle bien docile, en apparence!!


Les ailes très réduites m’ont fait penser un premier temps à Pholidoptera aptera, mais cette sauterelle bien présente dans les Alpes maritimes vit davantage entre 900 et 1700 mètres ! Bien que l’ouvrage qui me sert de référence précise qu’elle peut descendre jusqu’à 260 mètres. Mais mon jardin se situe à une altitude encore inférieure. Le critère qui m’a définitivement fait abandonner cette idée est l’intensité du chant ! Les auteurs du Guide des Sauterelles(…), indiquent qu’il porte à 50 m. Or ma sauterelle ne s’entend qu’à 10 mètres, peut- être 15 pour des personnes à l’ouïe plus fine, mais sûrement pas 50 !!


Une jolie révérence pour montrer sses tegmina en partie couvert par le pronotum! Merci !


C’est ainsi qu’en relisant la clé de détermination, j’en arrive à Pholidoptera femorata car les tegmina (désignés par la flèche)sont bien à moitié recouvert par le pronotum.
Le cercle rouge désigne une tache, un peu de couleur bordeaux , dans la bande claire qui est au bord du pronotum, il s’agit d’un critère donné par un membre du forum des insectes pour reconnaître femorata .

Tout ce cheminement permet de mettre un nom sur cette Decticelle des friches qui ne figure même pas dans le guide des sauterelles !

Il existe toute une série d'articles sur le blog en référence aux sauterelles! Voici le dernier publié

dimanche 8 août 2010

Arcyptera kheili, l'Arcyptère provençale, un joli criquet coloré!

Les criquets sont plus difficiles à déterminer que les sauterelles ! Mais bien plus nombreux ! Certains sont cependant facilement (presque ) reconnaissables.
Il en est ainsi de ce joli criquet très coloré qui est typique de la Provence calcaire.


Sur des cailloux ,se chauffant au soleil, un mâle Criquet provençal, Arcypera kheili.

L’Arcypère provençale (Arcyptera kheili) est actuellement bien présente dans les collines que je parcours ! Dans les garrigues à 650 mètres d’altitude, elle se promène de bon matin ! Elle est facilement reconnaissable à ses couleurs voyantes ! Du jaune, du vert olive et du rouge, mais aussi un peu de noir ! Voilà pour le mâle ! Madame bien sûr arbore des couleurs plus discrètes , c’est sans doute pour cela que je ne l’ai pas encore repérée dans les buissons de lavandes, de genêts et de thym !


L'acrobate dévoile ainsi les jolies couleurs de son abdomen!

Pour ne pas le confondre avec d’autres aussi joliment coloré, il faut regarder ses ailes ! Jamais elles n’atteignent plus de la moitié de l’abdomen(Chez Arcyptera fusca, elles dépassent l’abdomen).
Je l’avais déjà rencontré un peu plus tôt au mois de juillet sur le même site. L’endroit correspond bien au biotope décrit par le Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe occidentale de Heiko Bellmann, Gérard Luquet, nous sommes sur des collines calcaires comprises entre500 et 1400m d’altitude.


Essaie d'en faire autant, me dit celui-ci, avant de poser ses pattes sur mon doigt et de faire un grand bond!

Mais ces criquets de belle taille, le corps atteint près de 4cm, ne sont jamais nombreux ! Je ne vois toujours qu’un ou deux individus au cours de la matinée. Heureusement, il nous reste encore jusqu’au mois de septembre pour les observer !!

mardi 3 août 2010

Argiope bruennichi ou Argiope frelon : la famille !

L’Argiope frelon ! Cette araignée que l’on rencontre dans bien des prés et des champs a élu domicile dans mon jardin ! Si l’an dernier je n’ai aperçu que des juvéniles, cette année j’ai la famille au complet !


La femelle Argiope bruennichi, adulte.

Si la femelle adulte est bien connue, identifier les juvéniles et le mâle a été un peu plus long !

Au printemps dernier, j’ai vu pour la première fois dans le jardin une très grande toile avec l’élément bien connu qui caractérise la toile des Argiopes : le stabilimentum . Celle- ci avait encore quelques leçons à prendre ! Mais quel travail, n’est-ce pas ?
Cette jolie jeune araignée se cache bien bas dans les herbes, je la comprends. Moins visible, elle court beaucoup moins de risques. Ainsi dissimulée, il m’a été bien difficile de bien la photographier !


Une jeune Argiope frelon au milieu de sa gigantesque construction dissimulée dans les herbes.

Cette année un sujet plus coopératif s’est installé le long d’une allée ! Pendant plusieurs jours je la vois ainsi avec une nouvelle toile chaque matin, bien installée au milieu de sa construction, immobile, à l’affût du moindre moucheron se cognant dans ses fils de soie !
Puis un jour elle a disparu ! Elle a sans doute déménagé !!


Argiope frelon juvénile aux jolis dessins argentés sur le dos!


A un autre endroit du jardin, je tombe sur une scène qui m’intrigue ! Une Argiope adulte et beaucoup de pattes d’Argiope ! Elle a dû consommer son compagnon, voilà ma première idée ! ! Mais qu’est qu’il est grand! Voilà l’anomalie ! Vous savez bien que chez les araignées, les mâles sont souvent petits, mais alors vraiment plus petits que leurs compagnes !!


Une excuvie d'Argiope femelle avec vue sur les chélicères!


En regardant mes photos ensuite, j’ai vu qu’il s’agissait en fait d’une mue ! Madame avait fait peau neuve pendant la nuit !!! Et contrairement à d’autres tels les sauterelles, elle ne consomme pas son excuvie(…préférant la chair fraîche.)

Et curieusement, maintenant qu’elle était adulte et bien grande, elle a installé sa toile à l’étage supérieur, bien visible ! Et ce qui devait arriver est arrivé, deux jours plus tard, elle avait disparu ! Soit que trop visible, elle a été consommée par un visiteur de passage, soit qu’elle aura compris que pour vivre tranquille il vaut mieux se cacher dans les herbes !!
C’est la seconde solution qu’il faut retenir, hier, j’ai retrouvé la dame, bien grande et bien grosse à 30cm de sol, bien dissimulée dans les grandes herbes !


Pour compléter le portrait de la famille Argiope frelon , il nous manque un élément : le mâle !


Mâle adulte d'Argiope frelon , sur sa toile.

Eh bien, il est aussi présent dans le jardin et j’ai eu la chance de le voir sur sa toile ! Ce qui est rare ! Dans les feuilles élancées de la citronnelle de Madagascar qui agrémente un coin du jardin, je vois une nouvelle araignée ! Ce dessin sur le dos, je ne l’ai jamais vu. La toile n’est pas l’œuvre d’un artiste, il n’y a pas de rayons, pas de d’organisation claire, pas de stabilimentum ! Mais la position de la bestiole avec ses pattes en forme de croix de Saint André m’oriente vers les Argiopes. Et c’est ainsi que j’en arrive à découvrir qu’il s’agit de monsieur Argiope !! Petit, moins d’un cm, l’araignée est restée immobile 2 jours sur cette toile ! Pourquoi ?


Voici les fameux "gants de boxe " qui permettent de reconnaître un mâle araignée!


Après sa dernière mue, parvenu au stade adulte, il attend que tout soit sec et bien solidifié , et il quitte définitivement sa toile pour aller chercher une copine ! Et la suite est moins réjouissante pour lui, car il finit assez souvent dans l’estomac de la dame !
Le soir même je retourne voir l’individu en essayant de voir sa face antérieure ! Et oui, les voilà les fameux gants de boxe ! C’est bien le mâle! Le lendemain plus aucune trace de sa présence !

Ce matin encore en faisant ma visite aux habitants du jardin dont j’ai repéré la présence, je constate que la grande femelle est toujours dans son carré d’herbes et qu’elle a même une copine, un peu moins grosse installée 3 brins d’herbe plus loin ! Pourvu qu’elles n’en arrivent pas à des querelles de voisinage !!!