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lundi 22 octobre 2018

La vie d'une bourgade d'abeilles solitaires, des Halictes.


Début juillet j’ai trouvé à la limite de mon jardin , une bourgade !
Oh non pas un joli village comme nous en avons tant ici et là dans notre beau pays !
Il s’agit d’un regroupement d’abeilles solitaires qui ont choisi ce bout de terrain de 30 cm sur 20 cm pour y creuser leurs nids dans le sol. Cette bourgade comprend au plus fort de son activité(début août) une trentaine d’entrées.

Vue de la bourgade, les butineuses rentrent couvertes de pollen.On peut en compter une douzaine.

J’ai observé la vie de cette bourgade pendant plus de 2 mois. Mais cela ne donne pas d’images spectaculaires. Je me suis familiarisée avec le rythme des abeilles  en les regardant plusieurs fois par jour, il faut dire que le spectacle se déroulait à 10 pas de ma cuisine ! Il me faudra attendre le milieu du mois d’août pour être sûre de l’identité des butineuses, c’est-à-dire à l’émergence des mâles .
Vue rapprochée de 3 abeilles revenant au nid

Je vais essayer de vous faire partager cette observation qui constitue à mes yeux la plus intéressante de cet été 2018.
Chaque entrée correspond en principe à un nid. Mais selon des espèces il peut y avoir une entrée commune et ensuite plusieurs appartements ; chacun d’eux appartenant à une abeille particulière.
Que se passe-t-il dans ces nids. Une femelle arrive chargée de pollen, elle se glisse dans le trou d’entrée et ce qui se passe ensuite est à imaginer. Heureusement certains observateurs  peuvent expliquer la suite. L’abeille a creusé des alvéoles dans lesquelles elle va mettre sa boulette de pollen et ensuite y pondre un œuf. L’alvéole est ensuite refermée. Pour avoir vu travailler des Osmies par exemple, il faut plusieurs voyages pour fabriquer la boulette de pollen nécessaire à la future larve.
Une femelle couverte de grains de pollen, la rendant difficile à identifier

J’ai vu pendant plus d’un mois, uniquement des femelles bien couvertes de pollen, jaune pour la plupart rentrer prestement dans l’ouverture visible en surface. Je n’en ai vu, qu’une seule chargée de pollen blanc. Les Halictes sont souvent polylectiques, elles butinent diverses familles de fleurs.
La voici toute propre et avec le dernier tergite fendu qui permet de dire qu'il s'agit d'une femelle de la grande famille des Halictes

Au cours de mes observations j’ai fini par remarquer la présence de gardiennes.. Je voyais en permanence des antennes  pointées à l’entrée de l’ouverture. Quand une butineuse arrivait, cette gardienne redescendait dans le couloir pour laisser passer l’arrivante.
Les "surveillantes " à leur poste

En relisant Fabre, j’ai découvert leur rôle. Il s’agit de vieilles femelles qui surveillent l’entrée pour défendre le nid contre les abeilles coucous ! Vous savez ces abeilles (ou ces oiseaux) trop feignasses pour récolter de la nourriture pour leur descendance et qui profitent du travail d’une autre pour pondre leur œuf en douce quand la travailleuse est partie par exemple. La gardienne ne cède le passage qu’à la propriétaire légitime du nid ! Elles m’ont semblé très efficaces ces gardiennes, quand je pointais le nez au-dessus de leur entrée , elles se reculaient dans le couloir descendant , mais remontaient vite à leur poste de vigie.
Une bourgade active: 1 entrée ouverte, 2 femelle revenant au nid, 3 gardienne à son poste.

Quand la chaleur montait vers 12, 13 heures, la plupart des accès étaient bouché avec du sable, comme si rien ne s’était passé. J’avais remarqué que vers ces heures, nombre de fleurs jaunes avaient refermé leur corolle et je pense que c’était cela qui imposait le repos à ces vaillantes travailleuses.
En ressortant du nid, la femelle est débarrassée de l'essentiel du pollen

Le lendemain vers 6h 30, beaucoup de trous étaient à nouveau ouvert et l’activité reprenait.

Bien des jours ont passé à ce rythme.
La suite de cette histoire fera l'objet d'un second billet!

9 commentaires:

  1. C'est absolument passionnant ! J'attends la suite...

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  2. très intéressant en effet. Comme cela elles ont un appartement à plusieurs pièces et travaillent en famille. Du restent elles semblent travailler beaucoup, est-ce seulement pour leurs enfants, ou aussi pour elles-mêmes ? Leur progéniture est-elle nombreuse ? Si c'est le cas cela doit être un véritable immeuble en sous-sol ?!?

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  3. Je n'ai que quelques éléments de réponses.
    Le pollen sert aux futures larves. Pour se nourrir , elles consomment du nectar sur les fleurs.Mais elles sont vraiment très très actives!
    Le nombre des cellules n'est pas important (une dizaine).
    Il est certain si chacune des entrées observées est occupée par deux abeilles qui installent rien que 5 cellules, cela en fait un nombre important dans la terre!

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  4. Un superbe article Lucie, merci de ce joli partage!
    On dirait des lucioles sur la première photo!!!
    Bises et belle journée à vous deux :)

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  5. Bonjour Lucie,

    j'ai observé la même chose au pied de mon olivier qui pousse sur une zone un peu pentue. Mais cette année il y avait beaucoup moins de nids. Peut-être à cause des abeilles coucou? des bombyles? et d'autres encore...
    Mais j'en avais beaucoup moins:environ une dizaine.
    Là,c'est impressionnant. C'est vrai que ça fait penser à des lucioles
    :)

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  6. A l'instant tu as 3 visiteuses scotchées par la finesse de tes observations.

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  7. On apprend à chaque fois de tes excellents articles :)

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  8. Bonsoir Lucie
    Un article passionnant et j'admire la photo 5 avec la tête de la gardienne .
    C'est incroyable .
    J'ai eu des halictes au jardin mais je n'ai pas vu tout ce que tu nous montres .
    Bises

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Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.