Nous sommes toujours en février mais le temps très doux
incite sans doute certains insectes à s’aventurer hors des lieux où ils ont
passé leur vie larvaire puis leur métamorphose.
C’est ce qui s’est passé pour ce très beau Cerambycidae
trouvé comme souvent cet hiver, accroché à un minuscule radeau sur la piscine.
En lui tendant l’épuisette, il n’a pas hésité un seconde pour s’y accrocher.
Oxypleurus nodieri, roux avec une pilosité claire. |
Cerambycidae fut immédiatement ce que je me suis dit !
Ok ! Mais lequel ?
Une belle pilosité claire avec des points glabres ronds et
répartis sur l’ensemble des élytres et une couleur d’un roux soutenu et des
antennes de la moitié de la longueur du
corps voilà les détails les plus visibles.
En m’aidant de Coléoptères phytophages d’Europe de Gaëtan du
Chatenet je pense, en observant les planches illustrées, à Phymatodes glabratus, mais je vois :
longueur 5 à 9 mm ! Même sans le mesurer,
mon sujet est bien plus grand. Le mesurant je trouve 14 mm.
Il est souvent important de mesurer le sujet observé et si l’on
ne dispose pas d’outil adéquat, de prendre un repère qui permettra de se faire
une idée de la taille de l’insecte !
Oxypleurus nodieri mesure environ 14 mm. |
Je repars donc dans la lecture des planches illustrées et cette fois c’est bien
Oxypleurus nodieri qui est sous mes yeux !
Les critères de déterminations sont bien présents :
-la taille,
-la couleur.
-les antennes dont le 3ème article est plus court
que le 4ème.
Détails de l'antenne: article 1, le scape environ trois fois aussi long que le pédicelle(article 2); le troisième article légèrement plus court que le quatrième ou le cinquième.
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C’est un peu maigre comme description et j’ai trouvé sur le net un texte ancien extrait du journal de la société entomologique sud- africaine de 1952 qui donne plus de détails.
-Un sillon longitudinal peu profond entre les antennes, et
une dépression sous les antennes entre les marges intérieures
- Quelques longues soies présentes sur les marges latérales
du clypeus sous les antennes.
Oxypleurus nodieri femelle, détails de la tête. |
-Le scutellum présente une marge postérieure arrondie et il
est plus densément pubescent.
-les élytres sont ponctuées, couverts d’une fine pubescence
blanche avec en plus des poils raides, bruns sombres épars et dressés.
Oxypleurus nodieri : les élytres présentent des zones glabres . |
Le pronotum présente deux petites épines latérales.
Oxypleurus nodieri : pronotum avec deux pointes latérales et une pilosité particulière. |
Mon exemplaire est probablement une femelle, ses antennes atteignent
à peine les 2/3 tiers du corps (celles des mâles les 4 /5éme ).
En recherchant ce qui concerne ses mœurs, je lis :
nocturne, sur les troncs et les branches
des pins sur lesquels il se tient immobile le jour. Et immobile le jour , voilà
ce qu’il sait bien faire!
Après son sauvetage, comme la plupart des insectes il
a nettoyé ses antennes et s’est déplacé tranquillement sous mon objectif. Quand
je suis revenu le voir, il était sur la feuille de papier, sans bouger à tel
point que je pensais que son bain dans l’eau fraîche lui avait été fatal. J’ai
même pu poser ma règle sous ses antennes pour le mesurer, pas un mouvement.
Oxypleurus nodieri :pilosité dressée plus sombre en plus de celle couchée |
Mais, le soir venu, il m’a bien montré que c’était un
nocturne : il s’est promené en long et en large dans sa boîte !
C’est un insecte rare en France que l’on trouve dans la
moitié sud. Il est lié à diverses variétés de pins. Dans mon voisinage se
trouvent deux pins sylvestres et un pin parasol, mais je pense qu’il me vient
des pins sylvestres en moins grande forme que le pin parasol car attaqués par
les chenilles processionnaires. On le trouve dans les branches et les souches
mortes ou très affaiblies et n’a pas d’incidence économique dans les pinèdes .
Annales des sciences physiques et naturelles d’agriculture et d’industrie par la société impériale d’agriculture de Lyon en 1862 qui comprend une description en français.
Un article dans la revue l'entomologiste qui raconte la capture de ces insectes dans le Var
Je ne me souviendrai pas de tout ce que tu révèles dans tes messages, mais je mesure le travail, les recherches, la précision des images : tout ce qui fait l'excellence de tes publications. J'aimerais être plus savante pour tirer meilleur profit de ce que tu offres ici.
RépondreSupprimerEt bien sûr je suis bluffée par les facettes des yeux...
Les yeux des insectes me fascinent! Et ceux des Cerambycidae sont si particulier avec leur grande échancrure!
SupprimerJe crois qu'aujourd'hui ce qui est important c'est de savoir où trouver l'info. Et avec les smartphones que les jeunes générations ont scotchés aux mains, il n'y a plus de problème!
je ne me suis pas encore fait greffé cet outil au creux de la main mais j'y songe de + en +. Je me sens larguée quand je vois autour de moi des virtuoses pianoter des 2 pouces et faire défiler des images d'un doigt. Il faudra que j' y passe si je veut rester dans le coup !!!
SupprimerAh oui, surtout que tes nains grandissants il faudra que tu leur montres que tu es dans le coup!
SupprimerEt puis dans des zones urbaines très connectées ( que toi et moi nous fréquentons rarement) c'est vraiment facile et utile!
Bonjour Lucie!
RépondreSupprimerComme toi les cérambycidae me fascinent!
Voilà une belle découverte, un que je ne connais pas, sa couleur cuivre est superbe.
Toujours aussi assidue pour trouver les infos, smartphone ou pas!
Bises à vous deux et bon weekend :)
Bon soir Lucie,
RépondreSupprimerUn superbe coléo, mais ne le sont-ils pas tous.
Toujours fascinant le petit peuple de l'herbe mais la détermination n'est vraiment pas chose aisée.
En effet, le pauvre animal ne semble pas en grande forme sur certains clichés, la tête avachie. Mais tu dis qu'il est reparti à la nuit tombante, alors tant mieux, et encore plus si il est rare.
Merci à toi pour ce partage.
Bonne fin de journée
En effet il a bien réussi à me tromper!Cela m'a surtout permis de faire des photos sans le déranger! Et le soir il est reparti en grande forme dans son bac!
SupprimerUn longicorne rare et tu as réussi à trouver son nom .
RépondreSupprimerDe très belles photos avec beaucoup de détails .
Tu dois passer beaucoup de temps dans la recherche précise de ces petits animaux .
Bon week-end
Bonjour Ma petite voisine du Sud/Sud
RépondreSupprimerTa piscine est vraiment riche en petits locataires. Je me demande ce qui peut les attirer ainsi. Nous avons une bâche d'hibernation donc je ne vois rien chez-moi mais lorsque la piscine est en service "je joue" toujours de l'épuisette pour récupérer les naufragés.
Là, encore un insecte très rare de plus il est actif la nuit alors ce n'est pas facile de faire sa connaissance.
Merci pour ce partage. Tes gros plans permettent bien de le voir de très proche. Il est très beau et petit à petit je comprends ta passion.
As-tu commencé il y a longtemps ? Pour moi, tu "es une savante" ... Je sais bien que lorsque l'on se passionne on fait des recherches et on va toujours de plus en plus loin. Toutes mes félicitations pour ce travail d'orfèvre !
Je te souhaite un doux dimanche ... Il fait si beau.
Bonjour Lucie,
RépondreSupprimerIl est très beau. Ou plutôt , elle. :) j'aime particulièrement les pastilles nues de poils.La Nature est le plus grand des créateurs! Elle m'éblouit chaque jour.
Cette petite bébête s'est montrée particulièrement coopérative, même si c'est une nocturne. Tant mieux pour nous. Car cela t'a permis de superbes clichés pour nous expliquer. Merci pour tout.
;)