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lundi 14 avril 2014

Gryllotalpa septemdecimchromosomica , la courtilière provençale.


En marchant une après-midi sur un chemin le long d’un canal latéral à l’Ebre dans cette zone dédiée à la riziculture dans le delta, nous sommes surpris de voir un gros insecte déambuler sur le gravier !
Courtilière provençale, sur un chemin, cherchant à se cacher dans le sol

La courtilière et tout de suite me vient à l’esprit ce que j’avais lu jadis dans les revues de jardinage : « l’ennemie du jardinier » !

Quelques photos et recherches plus tard,  je réviserai mon jugement et j’apprendrai surtout qu’il existe 3 espèces de courtilières dont le nom nous vient du courtil : le petit jardin.
Courtilière provençale, Gryllotalpa septemdecimchromosomica

Je n’en avais jamais rencontrée, mais le terrain meuble et bien travaillé des rizières, la proximité du fleuve en constitue un milieu favorable.

D’abord c’est un grand insecte dont la taille est supérieure à 4cm. Son mode de vie est essentiellement souterrain et si elle peut voler on la voit assez rarement sur le sol. Ce que je voulais voir, étant donné sa réputation d’insecte fouisseur, c’était ses pattes. Elles sont des outils formidables pour creuser le sol et justifie son nom de grillon taupe.


   Courtilière provençale, vue ventrale

Ce n’est pas le fait de creuser des galeries qui fait sa mauvaise réputation mais celle de manger les racines des plantes potagères car elle a la mauvaise habitude de marcher en avant et au lieu de contourner les obstacles faits par les racines, elle les mange, hélas !

Mais son régime est essentiellement insectivore ; elle mange les larves, les vers blancs et  autres indésirables des jardins ! Elle nous rend plus de services qu’elle n’occasionne de dégâts, mais elle semble peu présente à cause des traitements que l’on a pratiqués pour éliminer toutes ces petites bêtes.

Courtilière provençale, ses pattes avant lui ont valu son surnom de grillon taupe


Ses pattes avant sont formidablement organisées : des mains avec de fortes pointes, des pinces, un vrai couteau suisse.




La seconde paire de pattes est aussi bien outillée.

Et voici la troisième, les pattes arrières qui sans doute dégagent la terre pour faciliter l'avancement.



Pour la voir dans tous ses détails je l’ai prise en main : elle ne mord ni ne griffe ! Ce qui m’a étonné c’est son abdomen particulièrement mou et la tenant par son long pronotum, le toucher très doux de cette carapace solide. L’ensemble de l’insecte est d’ailleurs recouvert d’une fine pilosité claire.

Tête et pronotum de la courtilière


Elle a une tête qui lui donne une allure d’écrevisse avec de gros yeux placés latéralement, de grandes antennes et des palpes labiaux de belle taille.

Tête  de la courtilière, vue de face, ses pattes disposées comme celles de la taupe.



Comment différencier les 3 espèces de courtilières que nous pouvons rencontrer en France : d’abord et c’est le plus facile, il faut regarder la longueur des ailes. Les postérieures, celles qui se terminent en pointe, ici elles ne couvrent pas tout l’abdomen, et c’est un critère qui oriente vers la courtilière provençale.

Des ailes supérieures des courtes et des ailes postérieures qui n'atteignent pas le bout de l'abdomen, c'est la courtilière provençale.


 La courtilière commune (Grylloralpa Grylloralpa) et l’espèce plus méridionale Grylloralpa vinae ont les ailes postérieures qui couvrent au moins tout l’abdomen. La couleur permet aussi de faire une différence entre les deux dernières : la courtilière commune ayant le dessus du corps brun sombre, celle des vignes a la face supérieure du corps brun orangé.



D’autres différences plus subtiles ensuite sont à considérer, la taille des grandes cellules des ailes antérieures, le chant aussi car, comme les grillons les mâles sont des chanteurs. La courtilière commune celle que l’on rencontre partout en France aurait une stridulation  au timbre sourd, vinae, plus méridionale, une sonorité plus métallique.

Si vous la rencontrez, soyez indulgents !

11 commentaires:

  1. Je suis bluffée, intriguée, amusée! Jamais je n'avais entendu parler d'un insecte pareil, ni encore moins vu pareille constitution... En ne voyant que les photos, j'aurais pu penser que cet insecte vivait sous des climats plus tropicaux! Mille mercis Lucie pour ce partage et des photos toujours aussi belles!

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  2. Je ne connaissais pas ce bel insecte, merci encore Lucie pour ton article captivant !

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  3. Bravo là encore,
    la courtilière normalement détale assez rapidement, tu as du avoir du mal à la calmer!
    mais le résultat est au top, tant pour les photos (la vue de face!!!) que pour le récit!

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  4. Quelle perfection !!! La nature est vraiment très inventive.
    Merci pour ce superbe article.

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  5. Saisissant, ces macros!
    Bravo, une belle étude sur cette espèce... Je ne pensais pas qu'il y en avait 3!
    Le détail des pattes est magnifiquement rendu, tu es une championne!
    Bonne journée Lucie!

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  6. Quels details! On ne pense pas a des cuisses de grenouilles mais presque :-)

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  7. Quel incroyable insecte ,quelles pattes et quel "visage " ! Tout droit sorti de la science fiction ! Merci pour tous ces détails qui nuancent (et corrigent ? ) sa mauvaise réputation !

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  8. Un insecte fascinant que je ne connaissais pas. C'est la première fois que j'en entends parler et je te remercie de toute l'information donnée dans ce billet. En regardant ton avant dernière photo, on dirait effectivement une taupe. C'est toujours intéressant de voir comment l'évolution à fait que des animaux disparates ont fini par adopter des outils très similaires. Merci encore pour ce beau billet !

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  9. Très beaux gros plans ! Bravo !
    Belle journée

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  10. Et tu n'hésite pas à la saisir entre tes doigts ! J'ai eu l'occasion d'apercevoir (brièvement) l'espèce qui se balade dans mon secteur... Mais de là à lui serrer la pince...
    Du coup, je sais où tu avais disparu ces derniers jours !

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Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.