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mercredi 30 avril 2014

Lamprohiza probablement mulsantii, un ver luisant avec une visière transparente!


En observant la piscine le matin, j’y trouve hélas les insectes qui y sont tombés la nuit.
Lamprohiza probablement mulsantii , sauvé des eaux!

Et j’ai eu la surprise d’en sauver celui-ci, un coléoptère un peu particulier. C’est sa jolie visière transparente qui a fait mon étonnement. Juste au-dessus de ses très gros yeux , le pronotum en demi-cercle est parfaitement transparent ! L'insecte comme vous le voyez ne fait guère qu'un peu plus d'un centimètre de long.
Lamprohiza , un mâle avec ce pronotum si particulier
Bien sûr vous aurez deviné avec ses gros yeux que c’est un insecte nocturne. La transparence est donc organisée pour qu’il puisse voir ce qui se passe au-dessus de lui.
Lamprohiza  ,vue de dessus

C’est d’autant plus étonnant que comme tous les mâles, car c’est un mâle, l’essentiel de sa vie d’adulte consiste à chercher une femelle. On pourrait supposer que les femelles volent dans des strates plus élevées que lui ! Et non par du tout, les femelles sont incapables de voler car dépourvues d’ailes.

Lamprohiza  ,de très gros yeux qui sont bien protégés par le pronotum.

On va donc changer d’hypothèse et supposer que c’est pour voir ses prédateurs que notre ver luisant, est ainsi joliment équipé de cette casquette à visière transparente.

Des élytres qui recouvrent des ailes membraneuses montre l'insecte apte au vol

Fabre dans ses souvenirs entomologiques a décrit avec force détails le mode de vie de ces vers luisants. Ils mangent des petits escargots.
Lamprohiza mulsantii  ,les deux derniers segments abdominaux sont différents, ils deviennent lumineux la nuit.



C’est sur le dessous de son abdomen que se trouvent  les segments qui s’illuminent la nuit qui lui valent le surnom de ver luisant..La femelle qui ne vole pas ressemble à un ver, et c’est elle qui est la plus lumineuse.
Elle doit se dissimuler dans les herbes autour de la piscine, c'est sans doute ce qui explique ces exploits aquatiques des mâles que je dois remettre sur le droit chemin , le matin! La présence de ces insectes est un bon indicateur de " naturalité de l'environnement nocturne". En bref, chez nous, les insectes sont tranquilles la nuit!

J'ai apporté une correction à cet article à la suite de la remarque de Raphael De Cock, c'est la forme de l'abdomen qui m'amène à faire cette correction .
Je vais continuer à faire des recherches cette année.

vendredi 25 avril 2014

Brachymeria femorata, une guêpe minuscule qui protège les choux!


Dans la nombreuse famille des hyménoptères il existe des espèces bien surprenantes. Voici Brachymeria femorata. Pour simplifier, on va dire qu’il s’agit d’une guêpe parasite. Elle parasite les chrysalides de Pieridae ( en particulier  Piéris rapae et Pieris brassicae …)
Brachymeria femorata sur feuille de pommier

Ces guêpes de la famille des Chalcididés sont très petites et fort nombreuses. Comme souvent les insectes qui sont en relation avec nos plantes cultivées sont bien étudiés. J’ai trouvé ainsi un texte qui étudiait cette petite guêpe qui parasite les chrysalides de la piéride du chou, en Egypte au début du XXéme siècle .Elle est considérée comme limitant fortement l’impact de la piéride. De là, le titre, elle est considérée comme bénéfique pour nos choux attaqués par les Piérides!
Brachymeria femorata  une minuscule  guêpe

Je l’ai rencontré sur mon pommier magnifiquement en fleurs. J’ai été bien intrigué pour savoir où le ranger : Diptères (2 ailes) ou Hyménoptères (avec 4 ailes). L’insecte fait 4mm, il est bien difficile à l’œil nu d’en voir les détails. Jaune et noir ce sont bien souvent des couleurs de guêpe !

Sa taille de guêpe est visible sous ses ailes peu nervurées.

 C’est bien une guêpe, elle a cette particularité d’avoir une séparation nette entre la partie avant de l’insecte et la seconde partie, le gastre. C’est ce que l’appelle la taille de guêpe.

Observons-le grossi comme toujours entre 3 et 4 fois.
Brachymeria femorata  une guêpe  aux fémurs postérieurs dentés

D’abord les pattes postérieures. Les fémurs sont énormes et dentés ! Une très jolie finition. Le tibia lui est tronqué en biais, un autre critère de détermination.On observe aussi des hanches démesurées. Cette configuration est propice au saut, en cas de danger !
Brachymeria femorata  :le détail de ses pattes arrières si particulières


La tête porte de très gros yeux, des antennes noires dont  le dernier article est jaune. Comme le reste du corps, elle est fortement ponctuée et pourvue d’une fine pilosité blanche.

Brachymeria femorata, la tête
Les Chalcidiens ont la particularité d’avoir des antennes coudées au bout d’un long scape et comprendre à leur début un tout petit article appelé « anneli »juste après le pédicelle(qui est le premier article de l’antenne) et ensuite 7 articles de taille identique.
Brachymeria femorata  détail de l'antenne
Je conçois que de le voir dans la nature est bien difficile. On peut encore une fois admirer la complexité dans le moindre détail de l’insecte. Mais les antennes sont bien sûr essentielles pour les insectes. D’ailleurs elles sont toujours en mouvement .
 
Vue de face avec de solides mandibules.

L’insecte bien sûr vole très bien c’est ce que j’ai constaté en retrouvant il y a peu, un second exemplaire.Il s’est envolé plusieurs fois et je n’ai jamais réussi à le photographier. Et celui-ci ne demandera pas son reste après la séance photo!


vendredi 18 avril 2014

Baris analis, un petit charançon sur Pulicaire dysentérique


Les charançons sont les coléoptères parmi les plus nombreux, c’est dire s’il en existe de toutes les tailles et couleurs. Les plus gros sont bien sûr les plus ravageurs et ceux qui s’attaquent aux cultures sont les mieux connus et étudiés.

Mais il en existe de bien nombreux qui passent inaperçus pour beaucoup d’entre nous : ils sont petits, vivent sur des plantes qui nous intéressent beaucoup moins et mènent une vie très discrète.

Parmi ceux-là, de temps en temps, une rencontre fortuite dans le jardin permet de s’y intéresser un peu.

Baris analis, petit charançon de 3,5mm


Celui-ci Baris analis en fait partie. S’il n’était tombé inopinément sur une feuille du lilas que j’inspectais je ne l’aurais jamais croisé. Il vit en effet sur une plante que l’on ne mange pas, dont les fleurs sauvages sont certes très belles mais ne décorent pas les parterres des parcs : la Pulicaire dysentérique. Je l’aime beaucoup, elle s’est installée dans un coin du jardin. Pour une belle présentation rien de mieux que visiter cette page.

 
Voyons maintenant à quoi ressemble ce petit charançon qui mesure 3,5mm !
Heureusement je dispose d’un ouvrage* qui décrit cet insecte et je vais essayer d’illustrer le travail minutieux qu’en ont fait les différents descripteurs à partir du XVIII ème siècle.

 

« Oblong, peu convexe, noir, assez brillant; les élytres glabres, avec leur tiers ou leur moitié postérieur d'un rouge de sang; pattes et antennes brunes ou noires »
C'est ce que nous montre la photo du début de l'article.

 

« Rostre arqué, finement et densément ponctué , un peu renflé en dessous au niveau de l'insertion antennaire, la tête finement ponctuée »

Baris analis: différences de ponctuation entre rostre et tête **


 

« Funicule des antennes à 1 er article égal aux deux suivants réunis, le dernier transversal et distinct de la massue ».

Baris analis: l'antenne articulée des charançons se terminent par une massue**


 Transversal signifie plus large que long, sur cette photo et celle du dessous annotée on peut aussi voir le léger renflement du rostre au niveau de l’insertion des antennes. On voit aussi qu’elles sont insérées très en avant du rostre .On comprendra ensuite l’intérêt du scrobe lorsque l’on voit l’insecte se nourrir.

Détail de l'antenne: 1 le premier segment qui est aussi long que le second et le troisième réunis.
La flèche montre le dernier article**


« Prothorax aussi long que large, ses côtés droits et légèrement convergents,en avant jusqu'au tiers antérieur où ils sont brusquement bien que faiblement resserrés vers le sommet, la ponctuation discale assez forte, profonde, très serrée, un peu confluente sur les côtés, la ligne médiane, lisse un peu élevée


Baris analis vue du prothorax et des élytres.**


 Écusson pointillé. »

Le cercle indique l'écusson très petit de l'insecte.**


« Élytres oblongs, semi-elliptiques  calus antéapical assez distinct ; stries fines, ponctuées; interstries plans, leurs bords étroitement relevés, portant une ligne alignée, finement pointillée. »

Les flèches montrent le calus antéapical :cette petite bosse visible avant que les élytres ne s'abaissent.**


 
Passons maintenant à une petite observation que l’on pourrait intituler :de l’intérêt des strobes pendant le repas du charançon.

On voit ici le scape, qui porte l'antenne, se ranger dans le strobe lors des repas de l'insecte.**


Pour le faire tenir tranquille pendant ma prie de vue, j’ai offert à Baris analis, une feuille de sa plante hôte, la Pulicaire dysentérique. Et alors il a bien enfoncé son rostre dans la nervure de la feuille et en l’enfonçant profondément, le scape, cette première partie de l’antenne se loge dans le sillon prévu à cet effet dans le rostre. On se rend ainsi compte que cette implantation très en avant du rostre n’empêche pas l’insecte de l’enfoncer profondément dans le tissu végétal.  

Sur les 3 ,5mm que fait notre petit charançon son rostre minuscule est merveilleusement bien conçu ! Il est présent partout en France et visible d'avril à septembre.
 
*Faune de France, Coléoptères Curculionides,par Adolphe Hoffmann, second volume .
** Images grossies entre 3 et 4 fois
 

 

 

 

lundi 14 avril 2014

Gryllotalpa septemdecimchromosomica , la courtilière provençale.


En marchant une après-midi sur un chemin le long d’un canal latéral à l’Ebre dans cette zone dédiée à la riziculture dans le delta, nous sommes surpris de voir un gros insecte déambuler sur le gravier !
Courtilière provençale, sur un chemin, cherchant à se cacher dans le sol

La courtilière et tout de suite me vient à l’esprit ce que j’avais lu jadis dans les revues de jardinage : « l’ennemie du jardinier » !

Quelques photos et recherches plus tard,  je réviserai mon jugement et j’apprendrai surtout qu’il existe 3 espèces de courtilières dont le nom nous vient du courtil : le petit jardin.
Courtilière provençale, Gryllotalpa septemdecimchromosomica

Je n’en avais jamais rencontrée, mais le terrain meuble et bien travaillé des rizières, la proximité du fleuve en constitue un milieu favorable.

D’abord c’est un grand insecte dont la taille est supérieure à 4cm. Son mode de vie est essentiellement souterrain et si elle peut voler on la voit assez rarement sur le sol. Ce que je voulais voir, étant donné sa réputation d’insecte fouisseur, c’était ses pattes. Elles sont des outils formidables pour creuser le sol et justifie son nom de grillon taupe.


   Courtilière provençale, vue ventrale

Ce n’est pas le fait de creuser des galeries qui fait sa mauvaise réputation mais celle de manger les racines des plantes potagères car elle a la mauvaise habitude de marcher en avant et au lieu de contourner les obstacles faits par les racines, elle les mange, hélas !

Mais son régime est essentiellement insectivore ; elle mange les larves, les vers blancs et  autres indésirables des jardins ! Elle nous rend plus de services qu’elle n’occasionne de dégâts, mais elle semble peu présente à cause des traitements que l’on a pratiqués pour éliminer toutes ces petites bêtes.

Courtilière provençale, ses pattes avant lui ont valu son surnom de grillon taupe


Ses pattes avant sont formidablement organisées : des mains avec de fortes pointes, des pinces, un vrai couteau suisse.




La seconde paire de pattes est aussi bien outillée.

Et voici la troisième, les pattes arrières qui sans doute dégagent la terre pour faciliter l'avancement.



Pour la voir dans tous ses détails je l’ai prise en main : elle ne mord ni ne griffe ! Ce qui m’a étonné c’est son abdomen particulièrement mou et la tenant par son long pronotum, le toucher très doux de cette carapace solide. L’ensemble de l’insecte est d’ailleurs recouvert d’une fine pilosité claire.

Tête et pronotum de la courtilière


Elle a une tête qui lui donne une allure d’écrevisse avec de gros yeux placés latéralement, de grandes antennes et des palpes labiaux de belle taille.

Tête  de la courtilière, vue de face, ses pattes disposées comme celles de la taupe.



Comment différencier les 3 espèces de courtilières que nous pouvons rencontrer en France : d’abord et c’est le plus facile, il faut regarder la longueur des ailes. Les postérieures, celles qui se terminent en pointe, ici elles ne couvrent pas tout l’abdomen, et c’est un critère qui oriente vers la courtilière provençale.

Des ailes supérieures des courtes et des ailes postérieures qui n'atteignent pas le bout de l'abdomen, c'est la courtilière provençale.


 La courtilière commune (Grylloralpa Grylloralpa) et l’espèce plus méridionale Grylloralpa vinae ont les ailes postérieures qui couvrent au moins tout l’abdomen. La couleur permet aussi de faire une différence entre les deux dernières : la courtilière commune ayant le dessus du corps brun sombre, celle des vignes a la face supérieure du corps brun orangé.



D’autres différences plus subtiles ensuite sont à considérer, la taille des grandes cellules des ailes antérieures, le chant aussi car, comme les grillons les mâles sont des chanteurs. La courtilière commune celle que l’on rencontre partout en France aurait une stridulation  au timbre sourd, vinae, plus méridionale, une sonorité plus métallique.

Si vous la rencontrez, soyez indulgents !

vendredi 11 avril 2014

Aurore (Anthocharis cardamines), de la chenille au papillon.


 

 

Au printemps dernier, souvenez vous le temps était particulièrement mauvais. Les oiseaux étaient moins nombreux que d’habitude, et les chenilles plus nombreuses! C’est ainsi que j’ai vu des chenilles de Piérides bien plus nombreuses qu’habituellement. Elles sont installées sur les plants de Monnaie du pape ( Lunaria annua)

Sur un des fruits en formation je vois une chenille un peu différente. Après une petite vérification, c’est une chenille d’Aurore (Anthocharis cardamines).Nous sommes le 24 mai 2013.
 
Chenille d'Aurore, mai 2013, sur un fruit de monnaie du pape

Je la mets à l’abri, et je commence mes observations.
 
Chenille d'Aurore au dernier stade.

Très rapidement la chenille se transforme en chrysalide. La chrysalide est étonnante. D’abord elle est étroite, pointue aux deux extrémités, attachée par une fine ceinture à son support. On appelle d’ailleurs ces chrysalides, des chrysalides à ceinture, celle du machaon se présente aussi de cette manière.

 
chrysalide d'Aurore en juin 2013, fixée par une ceinture de soie sur la tige de la plante nourricière.

 
 

Et à partir de là une longue attente commence. Depuis le mois de juin 2013 jusqu’à la fin du mois de mars je vais regarder cette mince chrysalide en pensant au futur papillon qui est en train de se préparer ( bien lentement!)
Chrysalide au début du mars 2014

Le dernier mois j’ai observé parfois avec inquiétude les changements imperceptibles de cette fine enveloppe

Il y a une quinzaine de jours, une tache rouge apparaît dans la partie centrale, une tache arrondie. J’avais des craintes pensant que l’émergence avait échouée. Puis, rien ne change.
 

Le dernier dimanche de mars j’ai la chance de voir dans mon jardin voler un magnifique mâle d’Aurore. La saison est donc bien commencée.
 

Ma chrysalide bien à l’abri dans son bac sur la terrasse a échappé aux aléas de cet hiver très arrosé! Dans la nature, la forme très allongée de la chrysalide imitant dit-on, une épine de rosier, décourage les prédateurs.

 

Chrysalide un jour avant l'émergence.

Et en l’observant ce dimanche soir,de nouveaux changements sont présents.. La photo permet de voir que c’est un mâle qui attend d’émerger: la tache rouge est cette fameuse couleur orange qui décore ses ailes antérieures, on voit aussi le petit point noir qui s’y trouve.
Chrysalide un jour avant l'émergence, tous les détails sont visibles.


Le relief de l’enveloppe laisse deviner les antennes, les yeux. L’émergence est imminente.

 

 
Un papillon tout neuf, l'Aurore sorti de son enveloppe.



Elle a lieu le lendemain et le joli mâle d’Aurore reste sur la tige sur laquelle il aura passé l’essentiel de sa vie, il me permet ainsi ses premières images. Tout neuf, un papillon présente le meilleur de lui-même: ses écailles sont intactes, ses couleurs resplendissantes, ses ailes bien entières!

Voilà le joli papillon avec son corps couverts d’une pilosité grise, ses antennes grisées terminées par une belle massue blanche.
Premiers pas le long de la tige de l'Aurore.


Dans un premier temps il reste ainsi, les ailes repliées ne présentant que le dessous des ailes postérieures. Elles  sont marbrées de vert en harmonie avec les yeux verdâtres ponctués de noir.

 
Premier pas sur la fleur de l'Aurore.


Puis, exposé au soleil, il déploie ses ailes. Les taches oranges que j’avais devinées sous l’enveloppe de la chrysalide s’étalent, une petite marque sombre se loge dans l‘angle antérieur de son aile bordée d‘un délicat liseré blanc et noir. Comme il a envie de quitter enfin cette vieille tige de Monnaie du pape sur laquelle il a passé tant de mois, je lui présente vite une fleur de telle sorte que je puisse encore lui tirer le portrait dans toute sa splendeur avant qu’il ne s’envole!

Ses ailes postérieures sont blanches, mais on devine les marbrures du verso.

 
Dans toute sa splendeur, le mâle de l'Aurore.


Après de longs mois passés sur ma terrasse le voilà maintenant parti vivre sa courte de vie de papillon; il émerveillera nos premières semaines printanières.