Après avoir présenté le couple de Lymantria dispar voici la
suite de l’histoire.
Aspect de l'abdomen de Lymantria dispar avant la ponte, volumineux et recouvert de longs poils bruns. |
La femelle est sortie de son cocon dans la nuit, dès le
début de l’après-midi, un mâle s’est installé à côté d’elle, le soir même, elle
s’est mise à pondre.
Après la ponte, l'abdomen de la femelle Lymantria dispar a perdu la moitié de son volume et ses poils bruns. |
Sans bouger de la branche morte sur laquelle je l’avais aidé
à s’installer elle pondu un groupe d’œufs dissimulé sous ses ailes. On observe
alors un transfert très caractéristique.
A la naissance la femelle a un abdomen énorme couvert de poils bruns clairs.
L’abdomen dépasse des ailes.
Après la ponte, on ne voit plus l’abdomen qui a diminué de
moitié en longueur et en grosseur. On retrouve les poils bruns collés sur les
œufs. Ces poils volent quand on bouge la tige sur laquelle les œufs sont fixés.
Pour voir les œufs il faut les écarter.
Œufs de Lymantria dispar, recouvert par les poils de l'abdomen de la femelle. |
La femelle est restée sur ses œufs pendant 3 jours et elle
est tombée. Elle avait accompli sa mission de Bombyx disparate adulte.
La suite de l’histoire se passera au printemps prochain. Les
œufs, protégés par le cocon de poils
vont rester ainsi jusqu’à l’année prochaine.
Que va-t-il se passer au printemps ?
Je me sers maintenant des observations des années
précédentes et de mon élevage du printemps 2013.
Jeune chenille de Lymantria dispar au stade 2, on voit l'ancienne enveloppe derrière elle, ainsi que ses oreillettes de part et d'autre de la tête. |
En 2011 j’ai vu ma
première chenille sur le pommier en avril, elle est au stade 2 c’est-à-dire que
depuis sa sortie de l’œuf elle a déjà mué une fois. Sur la photo on voit
d’ailleurs son ancienne enveloppe derrière elle.
La flèche montre la capsule céphalique ancienne lors de la dernière mue. |
Ces chenilles peuvent se trouver sur des chênes ou d’autres
feuillus, ou des arbres fruitiers. Quand on regarde la quantité d’œufs pondus,
on peut s’attendre à voir de nombreuses chenilles. Au début de leur existence
elles se contentent de manger la partie supérieure du limbe, mais ensuite elles
consomment les feuilles entières.
Lymantria dispar, chenille avec l'ancienne capsule céphalique encore en place. |
Pourquoi les chenilles éclosent-elles au printemps ?
Maintenant les feuilles des arbres sont dures et épaisses, difficiles à manger
pour les petites mandibules des chenilles. Au printemps, les nouvelles feuilles
sont bien tendres. En nombre, les chenilles de Lymantria dispar sont
responsables de dégâts importants dans les forêts ou les plantations
fruitières, c’est pourquoi il y a tant d’études faites à leur sujet.
Lymantria dispar, une chenille avec des oreillettes. |
Ce printemps 2013, j’ai vu davantage de chenilles que les années
passées. J’ai une explication qui m’est personnelle : les mésanges ont eu
beaucoup de mal à nicher à cause de la météo si particulière, elles ont niché
tard. Grandes consommatrices de chenilles pour leurs petits, elles font en
général le ménage dans mes arbres, cette année, elles ont eu sans doute moins
besoin de les chercher.
Lymantria dispar, chenille au dernier stade, une beauté! |
Dès les premiers stades la chenille se reconnaît à ses
« oreillettes ». Elle est aussi très poilue, ce qui est un excellent
moyen de défense contre les prédateurs. Sur le dos on voit des plots de
couleurs et une étoile jaune à l’arrière visible sur la première photo de la chenille.
A partir de la troisième mue, la chenille consomme de la
feuille entière. Je vais garder 3
chenilles de fin mai à début août en élevage. Ces 3 chenilles s’étaient
installées sur mon pommier et je ne tenais pas à ce qu’elles y prennent leurs
aises ! Cela se passe toujours de la même manière. Pendant 10 à 12 jours
elles mangent voracement, mais la nuit.
Une feuille en général pour 2 jours. Le matin
les feuilles sont restituées sous forme de crottes que je vire, propreté
avant tout !
Détail de la chenille Lymantria dispar au dernier stade. |
Après s’être bien nourries, elles s’arrêtent 2 ou 3 jours
c’est la mue qui s’annonce.
Ensuite on recommence à se nourrir .La chenille au dernier stade est magnifique avec ses pustules bleues à l'avant et rouges à l'arrière. L'ensemble du corps est décoré et les longs poils ajoutent à son bel aspect.
Fin juillet, stop , on ne mange plus, c’est le grand
changement, on se transforme en chrysalide pour ce faire, la chenille se cache,
sous une feuille puisque dans le bac il n’y a pas d’autre possibilité.
Voici la capsule céphalique restée dans le bac après la transformation en chrysalide. |
Tout de suite j’ai vu que j’aurai un mâle et deux femelles.
En effet, la chrysalide des femelles fait 2 fois la taille de celle du mâle.
Lymantria dispar, chrysalides, la femelle en haut deux fois aussi importante que le mâle, en bas. |
La durée de la transformation aura été courte, une douzaine
de jours. Puis vous connaissez la suite présentée au message précédent.
C’est donc à partir du printemps prochain que les œufs
pondus en ce mois d’août deviendront des chenilles qui se mettront à dévorer
les feuilles des arbres. Heureusement qu’il n’y a qu’une génération par an de
ces pestes.
Nous sommes admiratifs!
RépondreSupprimerQue de travail et de patience pour rédiger un tel article, si bien détaillé!
La chenille est magnifique!
La ponte et l'abdomen de la femelle recouvert de poils rappelle la ponte du Bombyx Cul-Brun, Euproctis chrysorrhoea.
Super reportage!
Epoustouflantes ces couleurs, dommage qu'on ne puisse pas les laisser se multiplier sans dégâts
RépondreSupprimerUn grand reportage !
... donc si je comprends bien, elle sort de la chrysalide avec déjà les oeufs formés, prêts pour la fécondation?
elle n'a pas eu le temps de manger même peut-^tre ?
Exact, les œufs sont prêts, il suffit de les féconder . Et avec cette disposition , ni la femelle et encore moins le mêle ont besoin de manger. Leur seul et unique rôle en tant qu'adulte est d'assurer la pérennité de l'espèce. Ce qui est fait en 2 -3 jours!
SupprimerEt bien j'en ai raté des posts intéressants durant ma longue absence, je vais essayer de ratrapper tout ceci dans le futur ;-)
RépondreSupprimerQuelle patience! Je parle de la votre bien sur...
RépondreSupprimerLe mot "pustule" n'est pas un mot tres agreable a entendre mais en voyant ces pustules je ne peux qu'en admirer les couleurs.
Quelle magnifique lecon encore une fois.
La chenille est très jolie et ton reportage excellent, on apprend beaucoup de choses .
RépondreSupprimerBises
Ces observations illustrées sont fascinantes, je suis scotchée !
RépondreSupprimerJ'imagine que tu t'es installé une sorte de labo où poursuivre tes élevages et faire tes photos, sans doute avec un matériel adéquat mais ce n'est pas tout... Il faut de la passion pour aller aussi loin... je pense en particulier à la capsule céphalique qui aurait probablement échappé à tout autre que toi.
Merci Foise. Je suis toujours émerveillée, de voir grâce à l'appareil photo et à son grossissement ce que mes yeux,( même avec lunettes)distinguent à peine! Et ce petit monde est fascinant à observer et quand cela est possible à suivre dans son développement.
Supprimersuperbe !! comme d'hab. ...
RépondreSupprimerChapeau bas pour les images, surtout les portraits qui sont splendides. Les couleurs du dernier stade sont magnifiques
RépondreSupprimerwow quelle belle leçon de choses ;) magnifiques détails de cette jolie chenille, bravo pour les photos ! :)
RépondreSupprimerJ’adore cette chenille, malgré son aspect "petit monstre" je la trouve super belle !
RépondreSupprimerQuel bel article et que de belles photos. Magnifique et très intéressant.
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