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mercredi 26 septembre 2012

Les marmottes se préparent à hiberner, …nous aussi !


L’été s’achève doucement et nous allons faire comme les marmottes, nous mettre un peu en hibernation. Il n’y aura plus de messages avant un certain temps.

Mais avant cela, un petit récit de mes rencontres avec ces marmottes. Les froids arrivent en montagne et après avoir passé un bel été au soleil à se nourrir et à gambader en famille, ces animaux attachants  disparaissent maintenant du paysage.
Une réunion de famille matinale.

J’aime observer les marmottes en montagne et deux moments sont propices : tôt le matin et en fin d’après-midi .Cela correspond à des moments où ces sympathiques mammifères gambadent dans les prairies pentues pour se nourrir.

Fin  juillet les jeunes sont déjà bien indépendants et s’aventurent sans les parents.
Un petit bisou à maman !

Parfois on assiste ainsi à une belle réunion familiale le matin.

Les marmottes vivent dans les pentes  et leur terrier comporte plusieurs entrées et sorties. Certaines de ses entrées leur offrent une vraie terrasse bien aplanie d’où elles surveillent les alentours, se réchauffent au soleil, surveillent les jeunes..
Papa aussi !

Pour aller d’un endroit à un autre chercher une herbe, des fleurs, des graines il faut passer devant une de ces plate-  formes. Les jeunes et les adultes ne manquent pas de saluer la surveillante, souvent la mère de famille, en tout cas une belle marmotte un peu placide mais très vigilante..
La maitresse de maison au seuil de son domaine!

Cela donne des scènes pleines de tendresse.

Marmottes du soir
La gardienne des lieux.

Me rendant sur l’endroit où j’avais vu la petite famille le matin, première surprise, je suis surveillée de très loin. En effet un adulte occupe le point culminant du lieu et depuis la route nous sommes repérés.
Je surveille et je crie, je m'exerce, quoi!

Je commencerai ma grimpette très loin d’elle, hors de son champ de vue. Elle sera partie avant que je ne vois son terrier mais sans donner l’alerte.
Et , je ne te fais pas peur?

Par contre, un jeune de l’année, s’exerce à faire comme les grands. Debout sur la plate-forme il alerte ses congénères d’un danger hypothétique. Il s’époumone ainsi pendant un quart d’heure à pousser un cri strident toutes les trente secondes. Il ne me voit pas  et apparemment il n’y a pas de danger d’ailleurs son cri n’a aucun effet,  plus bas certains continuent tranquillement à se nourrir. Fatigué il s’assoit ensuite et se repose !


Et voici ma dernière rencontre de cette année avec les marmottes : comme moi, cette sympathique marmotte déjà bien grasse prend profite paisiblement des derniers rayons  solaires qui éclairent cette partie de la pente.
Bonne hibernation , madame la marmotte!

A bientôt chers amis lecteurs, profitez bien de l’automne qui s’annonce avec ses belles couleurs !

 

 

mercredi 19 septembre 2012

Charaxes jasius, la Nymphale de l'arbousier


Pour une de nos dernières sorties de l’été 2012 nous sommes partis à la recherche du très beau Jason,  le Pacha à deux queues, (Charaxes jasius ) papillon méditerranéen qui aime les arbousiers !
Au repos, sur un tronc de chêne liège, Charaxes jasius, prend le soleil!

En effet sa chenille se nourrit principalement sinon exclusivement des feuilles de l’arbousier, autrement dit l’arbre aux fraises : Arbusto unedo.

L’an passé, au mois de juillet nous avions trouvé une belle chenille en train de se nourrir sur un arbousier dans une  zone de garrigue à la végétation rare parsemée de chênes liège et bien sûr  d’arbousiers.
Chenille du Pacha à deux queues, "fondue" dans l'arbousier sa plante nourricière quasi exclusive par chez nous.

Le Jason fait deux générations par an, l’une au printemps, la seconde de la mi- août à la mi- octobre.

C’est ainsi que nous sommes partis dans des lieux où nous savions trouver de nombreux arbousiers à la recherche de ce beau papillon.

Sa grande taille et le peu de papillons visibles en fin d’été dans la garrigue desséchée permettent de le reconnaître facilement.
La trompe bien enfoncée dans une fente de l'écorce, le Jason se nourrit

Si nous avons bien vu des Jasons dans les deux premiers lieux où nous avons prospecté, jamais ils ne sont arrêtés. Leur vol puissant les amenait à une hauteur de 3 ou 4 mètres et rien ne semblaient les arrêter. De temps en temps ils se reposaient en haut d’un arbre, jamais à notre hauteur. Que cherchaient-ils,une compagne, de quoi se nourrir, pondre ? Nous avons inspecté de nombreux arbousiers à la recherche d’œufs ou de minuscules chenilles. Rien , mais il faut dire que c’est une tâche extrêmement ardue, surtout sous le soleil !

Nous étions déjà bien contents d’avoir la confirmation de leur présence dans ces zones. Le papillon se porte bien !
La concurrence est rude, tout en bas du tronc, une fourmi qui vient aussi prélever sa part.

En fin d’après- midi, nous avons rejoint notre dernière zone à prospecter, là où en juillet 2011 nous avions photographié une chenille.

La chance était avec nous ! La zone est très vaste, mais à peine la voiture garée, nous l’avons vu ! Nous avons cependant bien observé,  car déjà dans la matinée, il était accompagné du Silène (Brintesia circe ) autre grand papillon qui aime beaucoup les chênes. Il est facile de  les confondre en vol,  ces papillons sont de taille identique. Le Jason apparaît brun et jaune, tandis que le Silène présente deux grandes bandes blanches .
Toujours sur un chêne liège pour sucer la sève qui suinte

Le mieux étant bien sûr de les voir posés !

Et nous l’avons vu sur un tronc de chêne liège, à hauteur d’homme, une vraie aubaine.

Mais nous avons été intrigués par son attitude, il se nourrissait. Sa trompe déroulée ne laissait aucun doute. Adulte, le Jason suce des liquides dans différents végétaux, il aime les fruits très mûrs, même un peu pourris. Mais que pouvait-il bien trouver sur ce tronc de chêne liège où il revenait régulièrement ?
Trompe enroulée, le départ est proche.

Lors d’une de ses absences je suis allée regarder ce tronc de très près. Il suintait un peu de sève. C’était donc cela que Charaxes  jasius allait pomper. Et il y avait d’autres amateurs,  les fourmis qui tournaient aussi autour de cette source de nourriture.
Aïe, aïe, elle me pince cette coquine de fourmi!

Cela me vaudra d’ailleurs une scène amusante ! Figurez-vous que notre Jason s’est fait mordre la trompe par une fourmi !Et il a été obligé de dégager d’abord sa trompe de la source de sève , puis de la secouer vigoureusement pour s’en débarrasser. La fourmi était bien accrochée au bout de la trompe du Jason , elle tenait fermement la trompe.
La fourmi ne lâche pas prise!

 J’ai pensé à l’éléphant qui se fait mordre la trompe par une souris et qui l’envoie promener au loin. Cela m’a fait bien sourire, quelle scène cocasse! Après un temps pour se remettre, le papillon reprendra tranquillement son repas, une si petite fourmi ne va pas le priver d’une nourriture riche et abondante. Car dans cette zone de garrigue il n’y a ni fleurs ni fruits, tout est sec, archi sec….

 Ce fut pour nous une superbe rencontre. Le Pacha à deux queues est visible sur le pourtour méditerranéen jusqu'à la mi-octobre.

vendredi 7 septembre 2012

Drilus flavescens : à l’abri pour l’hiver

 
Ce sera un message sans image ! Vous connaissez maintenant Drilus flavescens cet étrange insecte qui forme un couple disparate, un mâle coléoptère ailé et une femelle ressemblant à une grosse larve.
Au stade larvaire, les Drilus sont des ennemis des escargots qu’ils consomment allégrement. Voici le récit de ce que j’avais observé en octobre 2010 avec ce lien.

Larve de Drilus flavescens.
 

Début août, une larve de Drilus se promenait à découvert sur le rebord de la piscine. Elle fut donc mise en observation. Elle a mangé trois escargots.

Ce lundi , de début septembre, ayant mis près de 3 jours pour déguster son dernier gastéropode, Drilus se promenait en faisant le tour de son petit domaine (une boite en plastique), il y avait encore  des escargots mais il n’en voulait pas. Regardant la taille de notre Drilus et celle des escargots j’ai compris qu’il y avait un problème. Les escargots étaient trop petits pour l’usage que comptait en faire l’insecte. J’ai donc mis dans son domaine un escargot plus gros.
Mâle de Drilus flavescens au printemps.

Au bout d’un jour,  Drilus est très intéressé et grimpe sur le dos du gastéropode, qui à ma grande surprise, se défend vigoureusement ! Comment donc ? En projetant sa maison, c’est-à-dire sa coquille, vigoureusement sur le côté opposé  de son corps ! Résultat, Drilus se trouve au sol, les 4 fers en l’air, en fait gigotant sur le dos avec ses petites pattes cherchant un support ! Drilus a ainsi enquiquiné l’escargot, qui s’est bien défendu, parfois même en se déplaçant rapidement(!); cela a duré  toute la matinée. En début d’après –midi, hélas, l’escargot avait perdu la partie. Drilus l’avait tiré de son logis et le consommait sur le sable.

 D’habitude,  Drilus rentre à l’intérieur de la coquille pour manger le contenu. Là, il avait extirpé l’escargot. C’est à la fois cette défense vigoureuse de l’escargot, non en produisant du mucus mais en utilisant ses mouvements, et le fait qu’il soit consommé à l’extérieur qui est nouveau dans mes observations.

Pour quoi la larve de Drilus flavescens a-t-elle agi ainsi ?

 Tout simplement pour prendre la place de l’escargot !

 Et comme elle  ne voulait pas rester à la merci d’un autre prédateur qui pourrait le déloger de cet abri, il a, petit à petit, enterré cette coquille. Au bout d’une heure plus rien n’est visible .Le dessus de la terre est lisse comme si rien ne s’était passé ! C’est bien sûr aussi un abri contre les éléments, pluie ou froid.

Femelle de Drilus flavescens qui sort de sa coquille "empruntée" à un escargot.

Vous avez compris que la larve va maintenant passer l’hiver dans cette coquille pour s’y métamorphoser.

Lors de ma première observation c’était début octobre que Drilus s’était « encoquillé », cette année c’est début septembre !

Pour ceux qui connaisse l’excellent magazine La Hulotte sachez que le prochain numéro (complétant le dernier consacré à l’escargot des haies) , présentera un article sur les ennemis des escargots , on y parlera du  « triste Drile : un type pas marrant ». Vous devinez de qui il s’agit !

 

mardi 4 septembre 2012

Melanoplus frigidus , la Miramelle des frimas.


 Toujours en nous promenant au –dessus de 2500 m j’ai fait une autre jolie rencontre, la Miramelle des frimas. Et elle porte bien son nom.
Couple de Melanoplus frigidus, sur mon index.

Ce petit criquet (2,5cm pour la femelle, moins de 2 cm pour le mâle) aime l’altitude puisqu’il ne descend pas en-dessous de 2000m et monte jusqu’à 2700m.C’est dire qu’il se mérite, car crapahuter dans des pentes raides au- dessus de 2500 m demande quelques efforts. Mais la rencontre en vaut la peine.
Une femelle jaune et ocre: on bien ses courtes ailes.

 En France on ne la rencontre que dans les Alpes, mais aussi dans le nord de la  Sibérie et de la  Scandinavie.

D’abord c’est un criquet extrêmement bariolé, on en trouve de toutes les couleurs avec une constante, sur le côté du pronotum, une marque noire rehaussé de taches claires.
Mon livre de référence indiquait que Melanoplus frigidus présentait sur le corps une pilosité bien distincte : j’ai eu du mal à la photographier mais cela se voit bien sur l'image ci-dessous.
Des tibias bien rouges, et des petits poils clairs le corps pour ce mâle.

Les ailes sont courtes c’est dire qu’il ne vole guère, celles de la femelle  sont encore plus courtes  que chez le mâle .Les tibias sont d’un magnifique rouge chez les adultes.
Juvénile de Melanoplus frigidus, il lui faudra encore une mue pour être adulte.

A cette altitude on rencontre les adultes tard en saison, c’est ainsi que j’ai eu le plaisir de rencontrer encore un juvénile d’un joli couleur rosée. On le reconnaît bien sûr en regardant les ailes , celles qui deviendront les ailes sont sur les dessus et les tegmen en dessous. On se rend compte qu’elles ne sont pas bien grandes et ne serviront pas à voler
Minuscule au creux de ma main , il fait à peine plus d'un centimètre.

 
Je ne sais pas si cette légère pilosité les protège du froid mais c’est une espèce décrite comme extrêmement rustique « il est courant de l’observer encore à la limite des névés après de sévères gelées ou d’abondantes chutes de neige » (Guide des sauterelles , grillons et criquets d’Europe occidentale, Heiko Bellmann, Gérard Luquet).

Un mâle avec des couleurs différentes mais toujours des tibias bien rouges.

J’ai eu de la chance d’en voir plusieurs qui ont accepté de poser dans ce décor d’herbe rase (où on ne  les voit pas ) parsemé de gros blocs de cailloux détachés des reliefs et joliment colonisé par des lichens qui donnent ce rendu très esthétique et assorti aux petits occupants des lieux!
Melanoplus frigidus dans son décor de haute montagne.

On pourra encore voir ces criquets pendant le mois de septembre  ou jusqu’en octobre à condition que la neige ne soit pas  trop précoce.

samedi 1 septembre 2012

Gomphocerus sibericus, un criquet d'altitude.


La rencontre avec Gomphocerus sibericus fut une bonne surprise lorsque nous avons fait une escapade au-dessus de 2000 m d’altitude.On le nomme aussi le criquet des alpages ou criquet de Sibérie .

J'ai d'abord trouvé une femelle qui  se promenait dans les myrtilles. Elle ne présente pas les caractères très marqués qui rendent le mâle beaucoup plus facile à connaître. Mais en y regardant de près il n’y a pas de doute.
La femelle Gomphocerus sibericus et ses antennes en massue aplatie.

Ce sont les antennes qui m’ont intriguées. Elles ont une terminaison rembrunie mais surtout les derniers articles sont différents, plus larges et plats, on dit qu’elles présentent une massue aplatie.

Un second caractère est visible : les ailes présentent un lobe basal mais aussi une zone dilatée dans le champ médian.(voir photo plus bas)
Gomphocerus sibericus femelle

J’étais très contente d’avoir trouvé une femelle du Criquet de Sibérie.

Mais c’est le mâle qui est le plus étonnant. Le lendemain, montant à 2550 m j’ai commencé à chercher dans les zones occupées par les myrtilliers (les pieds sont nains à cette altitude). La découverte de mon premier mâle fut une belle surprise.
Voici un mâle aux tibias bien renflés.

On ne peut pas se tromper : son caractère principal : des tibias avant renflés. Bien renflés, quand il se déplace, en regardant bien, on les voit très  nettement. Il faut bien regarder, car sa taille oscille autour de 2 cm. La femelle comme toujours chez les criquets est un peu plus grande.

Et surtout bien visible de profil, le pronotum de ce criquet a une forme particulière : il est bossu. En terme correct : il est gibbeux.Chez la femelle ce caractère est moins apparent.
Le criquet de Sibérie avec son pronotum bien gibbeux.

 
Son nom de Gomphocère, signifie antenne renflée, et bien sûr ce critère apparaît aussi, les antennes se terminent par une massue aplatie.

En altitude, le matin, il fait frais et les criquets comme de nombreux insectes attendent que le soleil se pointe pour se réchauffer. Il est alors plus facile de les convaincre de prendre la pose !

Nous avons rencontré de nombreux exemplaires de ce Gomphocère des alpages (un autre de ses noms vernaculaires) se promenant dans les herbes rases.
Le détail des ailes: 1 le champ médian dilté, 2 le lobe basal

Vers midi en redescendant vers l’endroit où se trouvait la voiture j’ai vu une petite scène très plaisante qui se déroulait sur un  caillou au bord du sentier. Un petit mâle tentait de séduire une femelle Gomphocerus sibericus.Et pendant plus d’un quart d’heure, j’ai observé les approches du jeune mâle ! Il s’agit d’abord d’expliquer aux concurrents potentiels qu’ils cherchent ailleurs, la dame étant réservée. Cela se fait sans heurts ni difficulté, le premier arrivé reste sur place. Comme la dame ne fuit pas, les chances sont bonnes. Le criquet de Sibérie agite ses pattes pour montrer sans doute combien ses tibias sont beaux et forts. Impassible, madame attend. Hélas , je ne verrai pas la conclusion de cette patiente cour, la faim me rappelant vers le pique- nique !

Le couple, la femelle est en bas, le mâle et ses tibias surdimendionnés en haut.
 

Ce criquet se rencontre bien sûr en montagne dans nos régions, et surtout au-dessus de 2000m. On le trouve dans les alpages , les pentes exposées au sud à la végétation maigre ou bien comme nous l’avons trouvé au voisinage des zones de rhododendrons ou de myrtilliers !  

Une fois qu’on l’a bien identifié, pas de problème, même petit et se promenant dans la végétation , il est facile à reconnaître.La couleur est variable, mais antennes au bout aplati, aile avec son  petit lobe basal , pronotum gibbeux et surtout tibias enflés chez le mâle, sont bien visibles. Il est hélas menacé par tous les aménagements que l’on fait en montagne.