Pages

dimanche 14 novembre 2010

Hister quadrimaculatus, un coléoptère au mode de vie curieux.

Travailler dans le jardin est bon pour la santé, n’est-ce pas ? Et aussi pour découvrir de surprenantes petites bestioles.
Le sujet présenté aujourd’hui était caché dans la terre d’une rocaille envahie par la prêle et la potentille rampante. Coriaces, ces plantes ont nécessité un sérieux tri dans la terre pour l’en débarrasser de leurs racines solides et très profondes. Petit à petit, le sol devient plus net, et bien remué, va pouvoir accueillir de nouvelles fleurs qui nous enchanteront au printemps
.



Voici ma trouvaille, Hister quadrimaculatus, posant dans mon studio improvisé.

Dans une pelleté de terre voilà un petit coléoptère noir, mais avec quelques taches rouges. Ces taches retiennent mon regard et observant rapidement l’insecte je me dis qu’il est en sommeil dans le sol .Comme il est bien joli, il va rejoindre ma boîte en attendant que j’aie le temps de bien l’examiner. Le travail d’abord, les journées au jardin s’achèvent tôt en cette saison.




Une vue latérale montre des élytres ne couvrant pas tout l'abdomen.

Nous y voilà. Examinons. L’insecte fait environ 8mm, il est d’un beau noir luisant avec ce curieux dessin rouge sombre sur le dos.
Première constatation, dés que je le touche, l’insecte fait le mort, pattes rentrées, tête disparue, rien n’apparaît, rien ne bouge.



Sur le dos, on peut observer les pattes bien rangées, repliées sous le corps.


Comme je le laisse à la lumière, cela n’a pas l’air de lui plaire et il essaie de s’échapper pour se mettre à couvert.

Une série d’observations intéressantes apparaissent.


Un tibia avant transformé en pelle, striée, pour écarter les obstacles .
N'oublions pas que l'insecte mesure en tout 8mm
Ses pattes avant. Elles ont les tibias bien élargis et crantés, en forme de pelle. On note que ces tibias sont striés , sans doute pour être plus efficaces. C’est donc un fouisseur. Les fémurs des 3 paires de pattes sont puissants. Avec de tels outils, notre inconnu est apte à avancer dans un milieu difficile, il se fraie son chemin avec ses puissants outils de dégagement. Pas étonnant que je l’ai trouvé dans le sol et non sur le sol.

Quand il s’est ensuite remis de ses émotions, il déploie son corps et sa tête est devenue plus visible.


Une tête courte, qui peut se rétracter, des mandibules coupantes et puissantes.

Ce qui me frappe ce sont ses mandibules importantes, des pinces ! Il doit être capable de sectionner des parties solides et dures.
On se rend bien compte en observant les insectes que leur appareil buccal est fonction de leur nourriture. Souvenez- vous des bourdons avec leur langue pour pénétrer au cœur des fleurs, des punaises et de leur rostre piqueur. Rien de tout cela ici, des pinces coupantes, mais pour couper quoi ?

A partir de la photo, il ne m’a pas été difficile de trouver le nom de cet insecte. Parmi les carabiques, Hister quadrimaculatus est décrit dans le Chinery, qui est vraiment un outil basique.
Et on apprend tout. C’est un mangeur d’asticots des bouses de vaches ou de crottin de cheval !



Sur le dos, l'insecte prend appui sur les tarses et hop il est rapidement dans le bon sens.


Il ni rare ni limitée à ma région. J’ai trouvé des infos intéressantes sur des sites allemands.
La seule question que je me pose : que faisait-il dans mon jardin? Pas de vaches dans les environs, des chevaux de passage de temps en temps au pied du jardin, en été !
L’insecte vivant deux ans et pourvu d’ailes qui doivent bien lui servir de temps en temps, c’est sans doute un vagabond qui a trouvé asile dans mon jardin.


Détail des tibias des paires de pattes 2 et 3: des aiguillons pour mieux avancer dans bouse ou crottin.

Quand on connaît son régime alimentaire : un carnivore, il faut donc de bonnes mandibules et le milieu dans lequel il se promène, il faut pouvoir se déplacer dans la bouse pour trouver son repas, les particularités anatomiques de ce petit coléoptère se comprennent mieux.
Après la séance photo, d’abord sur une feuille morte puis sur une feuille de papier recyclé pour mieux distinguer l’insecte, notre petit Hister à quatre taches a retrouvé une terre plus ramollie dans laquelle il s’est empressé de disparaître.

16 commentaires:

  1. J'en ai parfois photographié près des pacages de chevaux, il vole un peu à la manière des coccinelles. Mais je n'ai jamais pris le temps de l'ausculter comme tu l'as si bien fait!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Myla
      Bonjour, j'ai trouvé cette bestiole également dans mon jardin et sur sur exploitation agricole qui n'utilise que du compost de mouton et de volailles.ne mange-t-il pas aussi autre chose?

      Supprimer
  2. Je l'ai photographié aussi et je ne sais plus ce que j'ai fait de ces photos!!
    C'est vraiment le bazar, chez moi, décidément!!
    Heureusement que tu es là pour nous le montrer, on ne pas faire mieux!
    Bravo pour toutes ces infos!
    Par contre j'ai cherché à Chinery... Rien de concluant!!
    Un beau coléoptère qui fait le mort comme les cox!!!
    Bonne soirée et bisous!

    RépondreSupprimer
  3. J'ai vu semblable dans mon jardin français mais seulement environ 5mm. Diane

    RépondreSupprimer
  4. Impressionnante cette petite bête. je ne l'avais jamais vue et la découvre ici. Merci!

    RépondreSupprimer
  5. Difficile de faire mieux ! Encore un document qui ne doit pas avoir son pareil sur la toile...
    Il doit pouvoir se passer de crottin quand il trouve de bons vers luisants et gras !
    Je ne l'ai jamais rencontré mais je saurai me souvenir de ton message le cas échéant !

    RépondreSupprimer
  6. Je pense qu'il a choisi ton jardin cat il connaissait tes qualités de photographe ;)

    RépondreSupprimer
  7. Je l'ai photographié une fois aussi chez moi , un fossoyeur discret mais certainement trés utile ...
    Merci de nous l'avoir décortiqué en images

    RépondreSupprimer
  8. une bien jolie petite rencontre, merci pour les petits détails de la bête...

    RépondreSupprimer
  9. "Petit, mais.... costaud !" comme disait une certaine pub... On se demande, vu qu'il vit caché, à quoi lui sert d'être si élégamment habillé... Peut-être un cousin des coccinelles, qui aurait muté...? ;-)
    Belle semaine à toi, Lucie...
    A bientôt !
    NiNa-Lou

    RépondreSupprimer
  10. Inconnu au bataillon pour moi mais avec ta leçon de choses que je viens avidement de dévorer, je pense que je ne l'oublierai pas. Merci pour cette belle découverte.

    RépondreSupprimer
  11. Je ne pense pas en avoir déjà vu mais si je le rencontre je saurais son identité.
    Bises

    RépondreSupprimer
  12. Encore un intéressant billet sur un joli petit coléoptère.Cela fait longtemps que je n'en ai plus vu.Ce genre de coléoptère se trouve aussi dans le fumier de lapins où il doit chasser les larves des coprophages.

    RépondreSupprimer
  13. Encore un bon cours,
    que de découvertes, un petit bout de jardin suffit et surtout, le sens de l'observation,
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  14. merci lucie pour ton petit mot, il faut refaire tout une rééducation pour mon dos et mon bassin donc de l'exercice pour être en pleine forme au printemps :)

    RépondreSupprimer
  15. un inconnu pour moi ce joli coleoptère et pourtant, il y a ce qu'il faut dans le pré...je regarderai mieux l'année prochaine.

    RépondreSupprimer

Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.