Pages

mercredi 27 octobre 2010

Platycleis affinis, la Decticelle côtière.

Lors de notre dernière sortie dans la garrigue, j’ai eu le plaisir de trouver une espèce de sauterelle que je n’avais pas encore rencontrée ! Voici Platycleis affinis qui fait partie de la jolie famille des Decticelles, celle que l’on reconnaît avec les 2 plantules libres à la base du premier article des tarses des grandes pattes postérieures. Ici, il s’agit de la Decticelle côtière.




Platycleis affinis, prenant le soleil.

Ensuite il faut arriver au genre Platycleis. Bon l’habitude aide un peu quand on s’est déjà penché sur ces sauterelles mouchetées de gris et de brun sans couleur dominante. Le fait que notre individu soit macroptère, c’est-à-dire que ses ailes dépassent bien l’apex de l’abdomen, est aussi une aide, toutes les sauterelles n’ont pas de si grandes ailes.
Quand on peut , et c’est vraiment important il faut dans ce genre faire une photo de l’abdomen vu de dessous. Car chez les Platycleis , ce sont les femelles que l’on peut déterminer avec le plus de certitude.




La Decticelle côtière, bien maintenue, laisse voir les détails de son abdomen.

Et cette plaque sous génitale sillonnée est un indice important. Parcourue par un sillon plus ou moins marqué c’est vraiment une caractéristique de ce sous genre. A tel point que sur le forum insecte.org , une très intéressante publication distingue toutes les femelles Platycleis à partir de cela.



Détail de l'abdomen, avec les caractères distinctifs de la femelle Platycleis affinis.

Et Platycleis affinis a un caractère que l’on voit tout de suite : un gros tubercule sur le septième sternite abdominal. Le sternite est la face ventrale des segments qui constituent l’abdomen d’une sauterelle. Tergite pour la partie dorsale.
Et sur l’image annoté on voit bien ce gros tubercule en face du 7.De plus on note aussi la bosse sur le sternite numéro 6 qui fait aussi partie des caractères remarquables des femelles de Platycleis affinis.
Une autre femelle de la famille Platycleis a aussi un gros tubercule sur le septième sternite. Mais son ovipositeur est différent, plus court et davantage incurvé, c’est Platycleis fallax, que l’on rencontre dans les départements méditerranéens.



Détail de la patte de la Decticelle côtière avec appui sur les plantules libres.

Cette image , permet de bien voir à quoi servent ces fameuses plantules libres .L'insecte s'en sert vraiment pour avoir un appui supplémentaire lors des déplacements ou comme ici au repos.
Cette femelle est vraiment un spécimen intéressant qui nous permet de bien reconnaître cette sauterelle qui se rencontre dans le Centre et le Sud de la France. Elle n’est pas trop grande, le corps fait environ 3 cm. On peut la rencontrer de juillet à septembre, nous avons vu un exemplaire tardif, surtout à 1000 mètres d'altitude. Mais le froid vif n'avait pas encore fait son apparition dans le Sud du pays.



Un fémur finement ornementé pour une sauterelle aux couleurs peu voyantes.

Si les couleurs ne sont pas voyantes, je suis émerveillée par le « décor » des fémurs de ces grandes pattes qui permettent à l’insecte de faire des bonds importants. La partie charnue de la patte est mise en valeur par cette alternance de motifs semblables à de petits plis que les dames de jadis ajoutaient à leurs vêtements, au col ou au poignet, pour en faire un chemisier ou une coiffe d’un raffinement extrême.
Je trouve que la Nature a pris grand soin dans "la finition " de ce bel insecte!
Rappel
Voici l'autre Platycleis que j'avais présentée précédemment: la Decticelle chagrinée, Platycleis albopunctata

12 commentaires:

  1. Photographies étonnantes et information. Diane

    RépondreSupprimer
  2. Une passionnante leçon d'entomologie et je t'admire pour cette culture dont tu nous fait profiter belles images à l'appui. Merci Lucie.

    RépondreSupprimer
  3. Un article très complet et passionnant, bravo et merci!

    RépondreSupprimer
  4. Mais c'est "Docteur" que nous allons t'appeler à présent!!
    Tes articles sont de + en + pointus!!
    Bravo pour tous ces détails et ces macro surprenantes!
    Je crois que je n'irai jamais jusque là avec les Orthoptères, ni les autres insectes d'ailleurs, les Odonates me prenant déjà pas de temps et je suis loin de ton niveau! Mais c'est passionnant tout ce que l'on a à découvrir ne serait-ce que dans un seul ordre!
    Merci donc pour cette belle étude, j'aime bien les decticelles!
    Bisous à vous deux!

    RépondreSupprimer
  5. Là, tu me fais peur !... Pas possible d'être plus précis en image... La prochaine étape c'est la dissection ?
    C'est clair que tu as une vocation d'entomologiste... Il n'est pas trop tard Lucie... La fac n'est pas si loin...

    RépondreSupprimer
  6. J'ai quand même une question, depuis le temps que je te suis, me suis dit que je pouvais ;-) Comment est ce que tu fais? Tu sors en ayant un sujet bien précis de messages en tête, ou bien tu construit ton message en voyant ce que tu prends en photo... Il ne me viendrait même pas à l'idée de prendre certaines photos que tu as prises, mais le documentaire est simplement parfait... alors je me demandais comment tu procédais ;-)

    RépondreSupprimer
  7. Belles photos, et belle leçon de choses !

    RépondreSupprimer
  8. Je ne connais pas d'instructeurs en France mais je crois que toutes vos photos et info devraient etre montrees en classe.

    RépondreSupprimer
  9. Quelle passionnée tu fais! :)
    Merci pour tous ces détails et les belles photos qui les illustrent!

    RépondreSupprimer
  10. Très intéressant ton article et accompagnés de superbe photos.

    RépondreSupprimer
  11. Que de connaissances ... j'en reste "baba" ! Un vrai cours d'"orthoptèrie" agrémenté de belles photos !

    Cdt,
    Jma

    RépondreSupprimer
  12. superbes et tes photos...et merveilleux ces détails sur ces bestioles minuscules.

    RépondreSupprimer

Votre avis sur ce sujet m'intéresse;je lis toujours les commentaires avec beaucoup de plaisir, ...même si je n'y réponds qu'occasionnellement.