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samedi 26 mars 2016

Aphanus rolandri, punaise noire avec une tache orange bien visible.

Tout le monde se réveille avec les beaux jours. C’est le cas de cette punaise, très facile à identifier. Aphanus rolandri n’a pas de semblable : elle est noire, entièrement noire avec une tache orange bien visible sur la membrane des hémélytres. Elle mesure entre 6,5 et 7,5mm.
Aphanus rolandri,vue de dessus, avec la tache orange bien visible.*

C’est une punaise qui appartient à l’ordre des Lygaeidae, à la sous- famille des  Rhyparochrominae.

 Je ne résiste pas à vous faire partager la description minutieuse extraire du tome III  consacré aux Lygaeidae de la Faune de France(84c) par Jean Péricart:

« Pronotum trapéziforme, 1,7-1,87 fois aussi large que long, bords latéraux lamelliformes mais assez étroits, un peu explanés, champ antérieur très finement pointillé, faiblement démarqué en arrière par un sillon obsolète ; champ postérieur à ponctuation un peu plus marquée ».

Aphanus rolandri,détail du pronotum*

En France on la trouve presque partout, mais plus fréquemment dans le Midi. Mais on la trouve du Sud de l’Angleterre à l’Ukraine en Europe , et en Afrique du Nord.
Aphanus rolandri,détail du rostre articulé*


C’est un insecte qui est adulte en cette saison, il a passé l’hiver sous les pierres, dans la litière, les mousses. Il aime se chauffer au soleil et c’est ainsi que je le trouve en profitant des heures chaudes de ce début de printemps..
Aphanus rolandri,de profil*

 Il aime les biotopes secs, caillouteux et se cache vite quand il est découvert. Il se nourrit de graines au sol. Et il court vite ! C’est d’ailleurs une des difficultés pour le photographier, il ne tient pas en place et sort très rapidement du champ de l’objectif. 
Aphanus rolandri, en pose !*

Alors j’ai trouvé une astuce pour le faire tenir sous mon objectif : il n’aime pas l’eau ! Je place dans une petite coupelle 1 cm d’eau, au milieu un petit caillou ! Et c’est sur cette île miniature que j’ai pu faire quelques images où Aphanus rolandri pose fièrement ! 
Les insectes adultes qui ont passé l'hiver commencent maintenant leur saison de reproduction.
*Photos grossies 3 fois

mardi 22 mars 2016

Tritoma bipustulata variété binota, un coléoptère mangeur de champignons.

Ce petit coléoptère qui se promenait sur ma barrière de piscine, recherchant le soleil de ce début de printemps ou plus simplement recherchant un congénère, fut à l’origine d’une recherche passionnante sur le web.

Tritoma bipustulata, noir, brillant, ponctué avec 2 belles macules rouges!*

Ne disposant pas de documents livresques sur les nombreuses espèces d’insectes qui se promènent dans le jardin, j’utilise avec beaucoup de constance, les nombreuses ressources offertes par le web. Et par divers chemins qui me font emprunter bien souvent des sentiers de traverse, j’arrive ainsi à mettre un nom sur mes petits visiteurs.
Celui-ci, 4 mm, ressemble beaucoup, à une coccinelle au premier abord. Mais malgré l’apparence ce n’est pas une coccinelle.
Tritoma bipustulata, capable de voler, la preuve, on déploie élytres et ailes*

Car il n’y a pas de coccinelle avec ces couleurs et cette forme ovale qui a des élytres parcourues de lignes de points très régulières. J’en fus réduite à chercher dans d’autres familles de coléoptères. Et après un détour par un site russe(https://www.zin.ru/Animalia/Coleoptera/rus/tribipkm.htm) avec d’excellentes photos) j’arrive sur un site allemand déjà maintes fois utilisé,( http://www.coleo-net.de/coleo/texte/tritoma.htm) qui permet de déterminer et discriminer les deux espèces de Tritoma présentes en Europe.

Et c’est Wikipedia en langue allemande (https://de.wikipedia.org/wiki/Rotfleckiger_Faulholzk%C3%A4fer) qui sera alors un précieux auxiliaire avec une description précise de l’insecte.

Tritoma bipustulata, un dessous ponctué et finement pileux*

 Tritoma bipustulata est  un coléoptère qui vit sur des champignons que l’on trouve sur du bois pourrissant. J’ai en effet dans le jardin, non loin de l’endroit où je l’ai rencontré de vieux morceaux de bois issus de petites branches de divers bois et qui pourrissent tranquillement.

Sa couleur dominante est un  noir brillant avec deux grosses taches rouges sur les élytres. Les tarses, les palpes labiaux, les antennes (sauf la massue) sont brun roux.
Les fameuses taches sur les élytres atteignent la base de ceux-ci mais pas la suture. Mon exemplaire a une tache rouge uniforme qui recouvre aussi le calus huméral alors que dans la variété nominale, ce calus est souvent très assombri, presque noir. Chez moi, il s’agit alors d’une variété nommée binota.
Le bord latéral des élytres est marqué d’une fine bordure ainsi que les côtés latéraux du pronotum.

Tritoma pustulata avec une légère tache rouge sur l'arrière de la tête.

La tête, le pronotum, les élytres sont finement ponctués.
Les élytres portent en plus 8 lignes de points plus gros, entre lesquels on voit une ponctuation très fine.
Les antennes ont 11 articles, elles sont terminées par une massue de 3 articles, de couleur plus sombre, de même que le pivot où s’attache l’antenne.
Tritoma bipustulata, détail des antennes de 11 articles*

Les pattes très noires portent 5 tarses roux avec une particularité bien montrée sur le site de Wikipedia allemand : le 4ème tarse est imbriqué dans le 3 ème.
 Le dessous du corps est noir, finement ponctué et porte une fine pilosité.

Comme je voulais avoir de meilleure chance de photographier mon insecte en le maintenant dans le champ de mon objectif, je lui ai proposé de la nourriture : il n’a pas voulu de divers petits champignons se trouvant sur des branches en train de se décomposer, mais c’est sur un morceau de champignon en lamelles qu’il s’est installé.
Tritoma bipustulata mangeant sur un morceau de champignon*

 Dans les documents que j’ai lus, on parle de Daedalea, Lenzites, Trametes qui seraient consommés. 
L’insecte passe l’hiver dans les champignons secs, se réveille en mars, et les larves se nourrissent dans les champignons, forment une pupe dans le sol  et le cycle reprend. On les trouve dans toute l’Europe dans les forêts, et là où l’on trouve du bois pourrissant.
*Photos grossies 3 fois



samedi 19 mars 2016

Zicrona caerulea, une punaise bleue prédatrice, se réveille.

Le printemps est à nos portes. Après une journée bien froide où la neige s’est invitée sur les hauteurs au-dessus de 1000m, le jardin a retrouvé le soleil et des températures agréables. Aux alentours de midi, voici que des insectes sortent le bout de leur nez et se remettent en mouvement sortant de leur abri hivernal. En l’espace d’une heure j’ai vu ainsi sept insectes, tous de couleur bleue sombre.
Il s’agit d’abord de deux punaises.

Zicrona caerulae, un large clypeus*

Il est rare de trouver des insectes presque entièrement bleus, avec des reflets violets par endroits.
J’avais déjà trouvé ces punaises au mois d’octobre, puis en décembre sur le géranium parfumé qui pousse dans une plate- bande. Ce sont donc des adultes qui ont passé l’hiver et qui reprennent maintenant leur vie pour se reproduire.
Zicrona caerulea  appartient à la famille des Pentatomidae, les punaises qui comptent 5 articles aux antennes. Dans cette famille elle fait partie des Asopinae, avec 65 genres  répartis dans le monde entier, mais seulement 8 en France.
 Les Asopinae se distinguent par leur large clypeus. Elle est facile à reconnaître : entièrement bleue très sombre , elle a une taille comprise entre 5,5 et 10mm. Les fémurs de la première paire de pattes sont inermes(ne comportent pas de dents, comme certaines autres espèces) et son rostre  qui est épais, sont des critères supplémentaires de détermination.
Zicrona caerulae, des profémurs inermes*

Je vous ai en introduction parlé de la capture de 7 insectes, les autres étant des altises, petits insectes sauteurs phytophages de la famille des Chrysomelidae. J’avais mis chaque punaise dans une boite en compagnie d’altises. Bons sauteurs je pensais que jamais Zicrona caerulea, ne les attraperait surtout en quelques instants le temps de m’occuper d’installer l’appareil photo !  
Quelle ne fut pas ma surprise de voir la punaise ayant embroché l’altise et la promenant comme un trophée.
Zicrona caerulae,un prédateur efficace, ici une altise des oléagineux*

C’est bien la preuve que Zicrona caerulea est prédatrice : ici il s’agit d’un adulte d’Altica oleracea, très commune et répandue partout en France.

Dans la seconde boite le même spectacle s'est reproduit un peu plus tard.Et la punaise n'a pas lâché sa proie pendant que j'essayais de l'installer pour la photographier, elle s'est promenée sur ma table avec son repas au bout du rostre.Plus tard dans l'après midi, j'ai retrouvé l'altise abandonnée, sans doute vidée de sa substance nutritive! Celle-ci ayant pénétré dans la proie par la partie inférieure de l'abdomen , la seconde ayant choisi , toujours sur la partie ventrale un point sous le pronotum.

Zicrona caerulea est une  punaise prédatrice utile comme agent de lutte biologique contre les ravageurs, notamment  des larves de chrysomèles(les Altica, Galerucella, Timarcha…)  et même contre d'autres espèces de pentatomidés, qui sont toutes phytophages, ou plus rarement certaines petites chenilles de lépidoptères.
Zicrona caerulae une punaise toute bleue*


La couleur bleue de la punaise joue un rôle défensif : « Ces altises et chrysomèles ont toutes des défenses chimiques toxiques. Il est vraisemblable que Zicrona caerulea  réutilise les molécules de défenses de ses proies pour sa propre protection chimique »(Les Punaises Pentatomoidea de France, Roland Lupoli & François Dusoulier, Editions Ancyrosoma,2015.)
On le voit avec la couleur des altises qu’elle consomme ici.
De plus les larves  présentent une couleur supplémentaire aposématique : le rouge.
Zicrona caerulae,larve au dernier stade

Ici visible sur une larve photographiée antérieurement  en mai 2015, et restée dans la catégorie des non identifiés !

Ces punaises se rencontrent partout en France dans les milieux où elles trouvent de quoi se nourrir, sur plantes et arbustes dans les milieux frais et humides. Par son rôle de prédateur de certains insectes qui s’attaquent aux plantes (j’ai vu des articles où l’on parlait de larves de doryphores), c’est un ami du jardinier !
*Photos grossies 2 fois




samedi 12 mars 2016

Chrysolina rossia,( Chrysomèle russe):adulte, oeufs, larves.

L’histoire commence en février 2014. Cette année- là, je remarque dans l’herbe un joli coléoptère noir avec une bordure rouge bien vif et bien marquée.
Je recueille l'insecte avec des feuilles de plantes environnantes pour le photographier et l’identifier.
Chysolina rossia, une bordure rouge qui s'étend jusqu'à l'apex des élytres

Ce n’est pas facile car il existe plusieurs chrysomèles présentant cette combinaison de couleurs. C’est souvent en recherchant « le détail »  que j’arrive à une conclusion: Chrysolina rossia, Chrysomèle russe !
Chysolina rossia, une bordure rouge qui débute dans la partie basale des élytres
Après avoir lu tous les articles concernant les 5 chrysomèles à bordure rouge dans Coléoptères phytophages d’Europe, Chrysomelidae, de Gaëtan du Chatenet que j’en arrive à Chrysolina rossia


Quel est donc ce détail ?
Il se trouve sur le pronotum: ses bords sont rectilignes (arrondis chez les autres) et sa forme est en trapèze.
Chysolina rossia, un pronotum en forme de trapèze avec des côtés rectilignes
Les autres détails correspondent aussi : les élytres sont fortement ponctués, sans que l’on puisse distinguer de stries nettes ; sa taille, environ 8mm, la bordure rouge des élytres qui commence au milieu de la base de celles-ci, et arrivant jusqu’à leur apex.
Sa distribution est limitée en France aux Alpes maritimes et au Var. On la trouve plus souvent en Italie.

Identifiée, notre chrysomèle est destinée à être relâchée dans son milieu. Mais surprise, l’insecte m’a laissé un souvenir : des œufs ! Fin février, cette femelle adulte qui a passé l’hiver dans l’herbe a repris son rôle : elle assure maintenant l‘avenir de son espèce.

C’est le début de la seconde partie de ce billet : les œufs et les larves de cette petite chrysomèle.

Ponte de Chrysolina rossia
Recueillie le 21 février, c’est dès le 23 février que j’ai trouvé ces œufs oblongs, bruns de 2 à 3mm de long. 

œuf fécondé
De couleur brune, ils resteront ainsi jusqu'à la naissance des larve où les enveloppes vides seront translucides.
Jour 1 larve de Chrysolina rossia

Il ne se passe rien jusqu’au 15 mars où les premières larves naissent  , soit une vingtaine de jours plus tard. Vient alors le problème de leur alimentation qui est très importante. Dans ma documentation, ces insectes se nourrissent sur diverses espèces de Linaires. N’ayant pas trouvé de Linaires dans ma prairie, je me suis rabattue sur une espèce appartenant à la même famille (les Scrophulariaceae) très présente chez moi : la Véronique de Perse. Et cela a bien fonctionné.
Les petites larves s’en sont régalées.
Larves Chrysolina rossia jour2

J’aurais ainsi la possibilité de  les "élever " pendant plus d’un mois et je les vois ainsi muer deux fois passant de 3 à 10mm.
Larve Chrysolina rossia jour3
Les changements sont peu importants , mais lentement la larve grandit.
Larve Chrysolina rossia jour 4: l'appétit va bien!
L'appétit est excellent et les feuilles de la véronique de Perse ont bon goût!
8 jours et 4mm
Pour augmenter de taille, il faut changer d'enveloppe, c'est à dire muer. Cela se passe le douzième jour.
Mue du douzième jour, tête est encore translucide.
Peu après la mue, la tête n'a pas encore prise sa couleur noire.On voit aussi au bout de l'abdomen, une ventouse claire qui sert à aider la larve sur son support.La larve a plus que doublé de taille elle est passée environ de 3 à 11mm en un mois!
Larve âgée d'un mois, elle a bien grandie


Je ne verrais pas les derniers stades car devant partir je les remets dans le jardin afin qu’elles puissent continuer leur cycle.
La tête est bien noire, le pronotum bien dessiné .
Ensuite il lui faudra encore subir une vraie métamorphose pour devenir le joli coléoptère adulte. Cela se fait en terre à l'abri d'un cocon.
Nous sommes en mars et nous aurons l'occasion de voir adultes et larves sur les linaires qui constituent leur nourriture préférée!