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dimanche 29 mars 2015

Sterne huppée(Crested Tern, Thalasseus bergii ), en famille.

Les Sternes huppées se rencontrent sur toutes les côtes australiennes. C’est un oiseau qui fait entre 38 et 52cm. 
Une Sterne huppée adulte, reconnaissable à cette huppe noire sur la tête souvent dressée qui lui donne une allure hirsute.

 Nous avons eu la chance d’en voir une colonie avec des petits sur l’île de Penguin au large de Rockingham, au Sud ouest de l'Australie.

Un très jeune poussin de Sterne huppée

 Ils se nourrissent exclusivement de poissons et leur technique de pêche consiste souvent à se mettre en observateur à proximité de l’eau, puis à plonger et attraper le poisson.
Le nid est à même le sol et les nicheurs sont regroupés en petite colonie. Dès les premiers jours les jeunes quittent le nid et se promènent sur l’espace occupé par la colonie. L’un des parents part à la pêche et revient nourrir le ou les oisillons (souvent un, rarement deux par couple)Les petits réclament une abondante nourriture.
Adulte et poussin déjà plus âgé de Sterne huppé

Nourrissage

Mais la difficulté pour l’adulte qui revient de la pêche avec  le poisson dans le bec est de le donner à son petit. Alors il existe plusieurs méthodes pour retrouver le sien parmi la bande des  perpétuels affamés qui accourt !
Un adulte avec un poisson au milieu d'un groupe 

 Pas question de céder au premier braillard qui réclame, si ce n’est pas le sien.
Eh non , tu n'es pas mon petit!

J’ai assisté aux difficultés rencontrées par cet adulte : d’abord en survolant la colonie, puis sans doute fatigué il s’est posé à côté de son compagnon, semblant lui demander, où se trouve notre petit !
Bon cela -là non plus n'est pas le nôtre!

Les oisillons accourent espérant obtenir le poisson , et repartent sans insister, quand l'adulte leur signifie qu'il n'est pas pour eux.


Il est où notre petit? Tu ne pouvais pas le surveiller......

 Après sans doute un examen plus approfondi l’adulte repart, ne reconnaissant  aucun de ces quémandeurs comme le sien.
Non , inutile, ce n'est pas pour vous!

 Enfin,parmi tous les petits ,voici l'oisillon à qui est destiné le poisson.Il accourt  (la recherche du petit aura duré bien 10 minutes) .
Je suis çà, je suis là! J'ai faim!

Le poisson est déjà un peu moins beau qu'au sortir de l'eau , peu importe, l'oisillon se précipite en  poussant les bons cris qui permettent à l'adulte de le reconnaître.
Enfin , la prochaine reste à côté de papa!

L'échange sera si rapide que je n'aurais que cette photo :le  petit  a déjà avalé son repas(on voit son gosier rebondi) et  comme d’habitude réclame encore !
J'ai encore FAIM!!!!!

Retour au bercail


La colonie de sternes se trouve côté sud de l’île. Côté nord ce sont les mouettes qui nichent. Et voilà qu’un tout petit oisillon sterne se trouve à proximité des mouettes, du mauvais côté , hélas pour lui. Notre présence décourage un peu les mouettes de s’approcher pour le virer ou pire.Sans doute un petit aventureux qui aura échappé à la surveillance de ses parents!

 Nous allons assister à la lente et difficile remontée de la dune par ce petit oisillon.
Au secours papa, maman , je suis tout seuulll

Cela commence par un appel au secours et voilà d’abord un, puis le second adulte qui arrive.
Fiston qu'as-tu encore fait? Si petit et déjà aventureux!

 On remet junior dans le droit chemin.
Bon, te voilà, tu nous donnes bien du souci, petit!

Bon , on va l'accompagner un peu !En avant!
Allez , en avant! S'agit pas de s'attarder ici!

 Mais vite l’un des deux adultes s’envole, trouvant cette façon de se déplacer plus adaptée, le second parent va accompagner le petit.
 On le pousse, on l’incite et quand cela ne va pas assez vite on le laisse tout seul. Notre vaillant petit se repose et se cache parfois dans la végétation puis reprend courageusement l’ascension de la dune sous le soleil de midi bien ardent !
Tu as descendu la pente et maintenant, faut la remonter! Allez, on va y arriver!
La montée est rude et le sable bien mou, il est vraiment difficile d'avancer!
Mais le vaillant petit remonte la pente et sera davantage en sécurité dans la colonie de Sternes, au milieu des siens.

lundi 16 mars 2015

Saturnia pavonia ou pavoniella : naissance d’un joli papillon de nuit

Le réveil des insectes devance le printemps officiel.
Début mars les Osmies ont repris leurs habitudes sur la terrasse, naissance des mâles puis accouplement et préparation de la génération suivante voir ici

Mais cette année j’ai eu le plaisir de voir émerger un joli papillon : un petit Paon de nuit !
Saturnia pavonia mâle

Comme d‘habitude, l’histoire commence bien avant ce mois de mars 2015.
Partie 1 : la chenille

Chenille Saturnia pavonia, stade larvaire3

Nous sommes en juin 2014, à 1000 m d’altitude dans l’arrière pays vençois. Des buissons de ronce en fleurs accueillent à la fois des papillons et des chenilles.  Certaines nombreuses attirent mon attention, noires, des cercles rouges entourent les verrues portant les poils.
J’en prélève deux sachant que j’aurais de quoi les nourrir avec les ronces du jardin.
Elles en sont au stade larvaire 3, les chenilles passent par 5 stades avant de se transformer en chrysalide.

Chenille Saturnia pavonia, stade larvaire3 à droite, stade 4 à gauche

Au bout de 3 jours la chenille mue et la couleur change totalement : de noire elle devient verte, les verrues sont jaunes ponctuées de poils noirs. Quelques taches noires sont visibles sur le corps. Nous voici au stade larvaire 4 (L4 en abrégé)
La mue ne se passant pas le même jour j’ai l’occasion de présenter 2 chenilles à des stades différents L3 pour celle de droite et L4 pour celle de gauche sur la photo ci-dessus.
 
Chenille Petit paon de nuit stade 5, le dernier.
Il faudra maintenant attendre une quinzaine de jours pour passer au stade 5, le dernier. Entre temps la chenille aura consommé de nombreuses feuilles de ronces n’en laissant que la nervure.

Vue de la tête de la chenille du  Petit paon de nuit, stade larvaire 5, le dernier..

Encore une quinzaine et la chenille se « cache » et fabrique un cocon dans une feuille de ronce. Je ne verrai plus grand-chose à partir de là. C’est à l’intérieur du cocon que la chenille se nymphose.
Nous sommes le 24 juillet et l’attente commence avec les transformations qui s’opèrent hors de ma vue.
Vue du cocon pendant l'hiver

Maintenant que le papillon a émergé, je peux enfin décortiquer le cocon. D’abord  je retire des fils de soie fixés à des feuilles de ronce. A l’intérieur de cette légère protection un cocon pyriforme qui semble être une caractéristique de ces papillons.
Cocon qui a hébergé la chrysalide

 Quand j’ai voulu ouvrir ce cocon, j’ai été surprise de sa solidité : il m’a fallu un cutter pour faire une entaille et avec des ciseaux découper le cocon. Extérieurement il est fait de fils moins denses mais une enveloppe intérieure très solide et presque lisse protège la chrysalide.
Le contenu du cocon


 Au fond du cocon j’ai aussi trouvé le reste de la chenille : son enveloppe extérieure avec quelques poils et la capsule céphalique bien reconnaissable.

chrysalide vide

La chrysalide d’environ 2 cm de longueur laisse voir la forme des larges antennes du mâle.

Partie 2 : le papillon
L’histoire reprend le 10 mars 2015. La chrysalide aura passé un hiver. Il n’est pas rare que certaines passent un second hiver à l’abri de leur cocon. Cela dépend sans doute des conditions climatiques. Le cocon était à l’abri des intempéries dans une boite mais dans un endroit non chauffé.
Petit paon de nuit mâle tout neuf!

Me voilà maintenant avec ce joli papillon mais il reste quelques doutes sur son identité exacte. En effet dans ma région on ne rencontrerait pas  Saturnia pavonia(Petit paon de nuit) mais Saturnia pavoniella(Petit paon de Scopoli). J’ai essayé de lire ce que je trouvais comme documentation sur le net et dans la littérature les auteurs ne sont pas d’un avis unanime. Ce qui justifie mon titre pavonia ou pavoniella.Je pencherai cependant davantage pour Saturnia pavonia.
 
Saturnia pavonia ou pavoniella?
C’est un papillon de nuit dont le mâle vole le jour tandis que la femelle reste cachée. Il ne se nourrit pas et sa durée de vie est courte. Il se rencontre partout en France et s’élève facilement, on trouve des œufs en vente sur le web.
Détail aile Saturnia pavonia

Comme il est d’une nature calme, le soleil ne brille pas fort ces jours-ci et il fait un peu frais j’ai l’opportunité de photographier ses ailes avec ses écailles  de couleurs mais aussi de formes différentes.
Ecailles grossies  2 fois

 Ainsi dans les ocelles de couleurs on ne voit que des écailles «  courtes », et en périphéries un mélanges d’écailles de formes différentes certaines très allongées qui rappellent que les écailles sont des poils aplatis .
Détails des écailles grossies 3 fois

 Des écailles dentées certaines à deux, d'autres à trois ou davantage de dents.

Mélange d"écailles grossies 3 fois
Des écailles courtes et dentées mêlées à des écailles longues rappelant les poils.

Les antennes du mâle sont aussi de super capteurs d'odeurs: j'ai lu que certains mâles pouvaient capter les phéromones émises par les femelles à 10km.
Antenne du mâle

Détail des cils destinés à capter les phéromones de la femelle

Ces antennes sont munies de cils très nombreux(grossis 3 fois)

Et pour clore cet article encore un photo de beau papillon tout neuf qui annonce le renouveau!


lundi 2 mars 2015

Mistletoebird, le mangeur de gui(Dicaeum hirundinaceum,Dicée hirondelle)

Voici encore un oiseau australien paré de jolies couleurs: ce rouge si voyant, du bleu presque noir et du blanc. Mais il présente une autre particularité bien plus curieuse que ses couleurs.

Mistletoebird,Dicaeum hirundinaceum, mâle

Pour les anglophones, le mystère est vite résolu, Mistletoe, oriente vers la famille de plantes parasites à laquelle appartient le gui( qui est visible en hiver dans les arbres dénudés), il en existe plus de 80 espèces en Australie.

Dicaeum hirundinaceum, mâle, se nourrissant de baies

Pour consommer beaucoup de fruits du gui,qui sont très toxiques , surtout pour de petits animaux, leur système digestif s’est adapté. Ils possèdent un gésier rudimentaire et le transit entre le gésier et l’intestin est très bref. Les baies du gui transitent en moins de 4 mn dans leur corps. Les déjections sur les branches propagent le parasite. Cet oiseau est le premier propagateur des semences de gui sur les autres arbres.

Mistletoebird, écrasant une baie pour en avaler les sucs

Il existe 4 sous espèces de Mistletoebird en Australasie, mais une seule en Australie. J’avais déjà rencontré le Mistletoebird (Dicaeum hirundinaceum)à Atherton, plus à l’est dans le Queensland.

Dicaeum hirundinaceum, mâle, dans un callistémon cherchant des insectes ou du nectar
 
Visiblement il n’y avait pas de gui dans ce grand callistémon et l’oiseau cherchait soit de petits insectes ou du nectar dont ces fleurs doivent être riches étant donné le nombre important de méliphages qui les visitent.Il était sur les mêmes arbres que le Myzomèle écarlate de la publication précédente Il ne consomme pas exclusivement du gui, mais aussi en plus des insectes et du nectar, d'autres baies comme je le verrais plus tard .

La baie machouillée par  le Mistletoebird

C'est enfin dans le Territoire du Nord que j'ai passé un moment avec lui! C'est sur cette haie pas très haute et mâchonnant ces fruits verts que je ne saurai nommer, que j’ai pu observer l’oiseau. Il est resté plus de 15 mn à suçoter avec son bec pointu cette baie de la taille d’un noyau de cerise. Il n’a jamais cherché à l’avaler, il appuyait sur la chair pour en faire sortir les sucs. Ses positions acrobatiques, le plus souvent la tête en bas me compliquèrent bien les prises de vue!
Vue de dos un bleu profond qui tranche avec le rouge de la gorge.


Ensuite il passera du temps à se nettoyer minutieusement le plumage. Le mâle est reconnaissable à sa gorge rouge. La tête et le dos sont d’un bleu profond L’abdomen blanc avec une bande noire au milieu,  la femelle est plus terne, grise.
 
Dicaeum hirundinaceum, un bel oiseau!

On  trouve ces petits oiseaux (9 à 11cm) dans les zones boisées partout où il y a des arbres parasités par le gui. Leur principale nourriture est constituée des fruits du gui, mais ils consomment aussi d’autres fruits et des insectes. Dicaeum hirundinaceum est nomade à travers l’Australie .