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dimanche 27 juillet 2014

Des abeilles qui dorment : Anthidium florentinum fait la grasse matinée accrochée dans la salicaire


Les Anthidium florentinum sont fidèles année  après année, sur la salicaire qui pousse dans un coin du jardin.
Anthidium florentinum, accroché à la salicaire,  en train de dormir

C’est l’endroit où elles viennent se nourrir, où les mâles attendent les femelles, bref un lieu très couru !
Voici l'abeille qui a la position la plus extraordinaire, tête en bas.

C’est aussi un dortoir ! En effet au petit matin, je trouve sur les coins encore tardivement à l’ombre plusieurs individus en plein sommeil. Leur manière de dormir est assez étonnante. L’insecte s’accroche à la plante avec la seule force de ses mandibules. Sur certaines photos on voit bien que les pattes ne servent à rien.
Mouillée de rosée , Anthidium florentinum continue son roupillon.

Même l’humidité nocturne ne fait pas lâcher prise à l’insecte.
Anthidium florentinum, les pattes ne servent pas pendant le sommeil

En l’observant on s’aperçoit aux légers mouvements de l’abdomen que l’abeille « respire ». Lorsque ces mouvements s’accélèrent, le réveil n’est pas loin. C’est l’élévation de la température ambiante qui agit comme déclencheur. Bien sûr quand le soleil les réchauffe directement plus question de faire la grasse matinée. Les demoiselles sont déjà en train de butiner sur les fleurs avoisinantes , mais au soleil!
Anthidium florentinum,  accrochée  tout au  bout de la plante.

Il est remarquable que les dormeurs de la zone la plus ombragée passent davantage de temps accrochés ainsi et au repos, que ceux d’une zone plus ensoleillée qui ont un réveil plus matinal.

 
Anthidium florentinum,  dormeur au milieu des fleurs.
Cela fait maintenant plusieurs matins que je trouve 3 à 4 individus chacun sur un bout de plante différents bien ensommeillés vers 8 heures du matin, la preuve que personne ne vient troubler leur sommeil!

 Des publications antérieures concernant ces belles abeilles:
Des femelles cueilleuses de coton ici
La vie des Anthidies sur la salicaire ici

vendredi 25 juillet 2014

Gaurotes virginea thalassina ( Carilia virginea), coléoptère aux élytres bleu métallique.


 Voici un autre Cerambycidae trouvé sur les ombelles aux environ de 1800 m. Dans la sous- famille des Lepturinae  Gaurotes  virginae,s'appelait anciennement Carilia virginae.
Gaurotes virginae thalassina, adulte se nourrissant sur les ombellifères.
 
Sur les fleurs blanches, voir du bleu métallique et du rouge attire le regard. Il m’aura fallu quelques acrobaties pour suivre ce coléoptère dont la taille varie entre 8 et 12 mm.

Gaurotes virginae thalassina

C’est un insecte de montagne où il peut être commun, ai-je lu. Mais aussi des régions boréales puisqu’on le trouve jusque dans les pays scandinaves.On le rencontre en France,  dans la partie est du pays, des Alpes  à la Lorraine.

Gaurotes virginae thalassina au pronotum rouge orangé.

L’espèce Gaurotes virginea n’a pas le pronotum rouge mais noir, les élytres bleues et l’abdomen orangé.
Gaurotes virginae thalassina, on aperçoit l'abdomen rouge orangé
 
 J’ai vu pour ma part une variante de cette espèce,  Gaurotes virginea thalassina, qui elle a ce joli pronotum rouge orangé. L’abdomen que l’on aperçoit est aussi de cette couleur.
Gaurotes virginae thalassina, tête, antennes et pattes noires.
 
 Dans la région que je parcours, les Alpes maritimes, les deux espèces cohabitent, il en est de même en Lorraine. On trouve ces coléoptères dans les prairies à la lisière des bois ( ce fut mon cas) sur les ombellifères, composés, ronces et grandes gentianes.
Gaurotes virginae thalassina se déplaçant rapidement sur les ombelles et volant très bien.
 
 La larve se développe dans le bois décomposé de conifères et probablement de feuillus.. On peut les voir de juin à août.

dimanche 20 juillet 2014

Polysarcus denticauda, Barbitiste ventru, une grosse sauterelle indolente.


Voici une jolie sauterelle bien rondouillette que j’avais déjà rencontrée il y a deux ans presque dans la même zone. Connaissant sa présence j’ai cherché dans les endroits qu’elle aime : des buissons de framboisiers sauvages, des coins parsemés de hautes orties. Et bien dissimulé dans la végétation, j’ai trouvé ce mâle trahi par les mouvements de certaines feuilles qui plient sous son poids. Je l'ai invité , poliment, à choisir un support plus élégant pour la pose photo!
Polysarcus denticauda, mâle , dernier stade larvaire

Cet orthoptère fait partie la famille  Phaneropterinae dont le genre Polysarcus compte deux espèces : denticauda et scutatus.
Polysarcus denticauda,femelle adulte

Denticauda sans doute à cause  de l’oviscape de la femelle, denticulé à l’extrémité. La femelle est encore plus massive que le mâle .



Polysarcus denticauda, femelle adulte, ovopositeur denté à l'apex.

Ci-dessous une larve de mâle au dernier stade. Comment s’en rendre compte : les ailes ne sont pas encore apparentes sous le pronotum.
Polysarcus denticauda,mâle juste avant de muer.

Au stade adulte, elles dépassent chez le mâle ( pas chez la femelle) sous le pronotum en forme de selle. Ces ailes colorées en jaune ne servent pas au vol. L’insecte marche plus qu’il ne saute dans la végétation.
Polysarcus denticauda,mâle  adulte, juste après la mue

Parmi les caractères distinctifs de l’espèce on observe la plaque sous génitale du mâle bifide , elle remonte entre les cerques et les dépasse. Chez l’espèce voisine Polysarcus scutatus, la plaque n’atteint pas l’apex des cerques. Ce détail se voit très bien à l’œil nu.
Détail des cerques de Polysarcus denticauda, ils enserrent la plaque sous génitale nettement bifide.

Autre différence, plus délicate à voir, le fastigium du vertex 2,5 à 3 fois large comme le premier article des antennes. Alors que chez scutatus elle est  plus élargie vers l’avant et ne fait au plus que 2 fois la largeur du 1er article des antennes. Précisons que scutatus est plus rare.
Polysarcus denticauda détails de la tête, vue de face de l'insecte se nourrissant.

D’après diverses lectures, Polysarcus serricauda  ne  "descend" pas en dessous de 700m. C’est une espèce des montagnes mais on la rencontre en France, en Suisse et le sud de l’Allemagne.

Polysarcus denticauda mâle adulte avec son pronotum en forme de selle et sa plaque sous-génitale bifide.

 Elle aime les hautes herbes dans lesquelles elle se dissimule et exclusivement végétarienne,dont  elle se nourrit.

Larve au dernier stade de femelle. L'ovopositeur n'est pas encore bien "denté"

La végétation les protège et bien piquante, elle  tient les importins à distance!

jeudi 17 juillet 2014

Musaria nigripes, un Cerambicidae noir et rouge.


 
En cet été aux débuts plus frais que d’habitude, la prairie alpine est magnifique. Des fleurs, des couleurs et des insectes. Une beauté !Nous sommes aux alentours de 1700m d’altitude.
Portant des noms variés, tels que Musaria nigripes,Phytoecia nigripes,  Musaria affinis, Phytoecia bipunctata, la   Phoécie à pieds noirs mesure entre  9 et 16mm.

Musaria nigripes ou Phytocea nigripes cherchant à se cacher dans l'herbe.


Ce sera l’occasion de rencontrer ce Cerambycidae dans l’herbe cherchant à échapper à mon appareil photo.

Musaria nigripes , de dos avec son pronotum orné de rouge et de 2 points noirs.
Pourtant il est vraiment très beau. Noir et rouge !

Les pattes ( sauf les tarses) et l’extrémité de l’abdomen sont rouges. Sur le pronotum un disque rouge avec deux callosités noires.

Musaria nigripes  de profil, on voit la pointe de l'abdomen rouge ainsi que les tarses noirs.
L'adulte est phytophage on le rencontre sur les ombellifères et la larve se développe dans leurs tiges et leurs feuilles.

Musaria nigripes antennes face et mandibules noirs.
On le rencontre en montagne, des Vosges aux Alpes et aux Pyrénées de mai à juillet.

lundi 14 juillet 2014

Paraparomius leptopoides, une punaise de la famille des Lygaeidae.


En nettoyant un carré d’herbe au pied d’un arbre fruitier, j’ai trouvé cette punaise. Oh elle n’a rien d’extraordinaire, pas de couleurs voyantes ni de forme bizarre.

Paraparomius leptopoides, trouvé au sol sous les herbes.
C’est simplement un insecte que je n’avais jamais vu courir sur les herbes.

En la photographiant j’ai vu qu’elle avait le corps couvert d’une pilosité bien organisée et de recherches en lecture son identité s’est imposée : Paraparomius leptopoides (lepto signifiant tenu, mince), une punaise de la famille des  Lygaeidae.

Paraparomius leptopoides, agrandi 3 fois on voit la pilosité*
 
Et en utilisant le volume 3 de la Faune de France consacrée à la famille des Lygaeidae par Jean Péricart  (en téléchargement libre), j’en ai appris davantage sur elle.

Je suis toujours admirative par la description minutieuse faite par les entomologistes et c’est grâce à tous ces détails que l’identification est rendue possible pour le non spécialiste que je suis.

Paraparomius leptopoides, femelle qui ne présente que des  épines sur le fémur.*
L’insecte fait moins de 6mm, mon exemplaire est une femelle.

Pourquoi ? Il faut observer les pattes antérieures. Les fémurs portent deux rangées d’épines (à l’œil nu c’est bien difficile à voir) mais surtout le tibia de ma bestiole ne porte pas d’épines. Le mâle porte « une grande épine vers le milieu » du dit tibia et « deux ou trois plus petites sur la moitié antérieure ».Le fémur antérieur porte aussi un large anneau sombre.

Paraparomius leptopoides, détail de la tête avec des ocelles derrière les yeux volumineux.*
Ce qui avait attiré mon regard c’est la belle ordonnance des poils disposés sur la tête et sur le pronotum. Mais l’ensemble du corps est recouvert de poils plus ou moins longs, ceux de la tête plus courts.

Les antennes ont la base de l’article 1 et la pointe de l’article 4 très sombres.

Paraparomius leptopoides, détail des élytres.*
Le pronotum présente une tache brun jaune à l’angle postérieur, le scutellum noir éclairci à la pointe

Paraparomius leptopoides, profil mettant en évidence les épines des pattes antérieures et la pubescence sur tout le corps.*
Je n’ai pas trouvé d’indications précises sur le mode de vie de cette punaise. Mais les Lygaeidae vivent souvent sur le sol où elles se nourrissent de graines tombées. Ayant trouvé Paraparomius leptopoides sur le sol je suppose que c’est ainsi que vit cette petite punaise.

J’ai bien conscience que sauf à la chercher, la rencontre fortuite avec cet insecte discret, pas très répandu et vivant  principalement dans la moitié sud du pays, est peu fréquente. Mais comme tout ce petit monde qui anime et fait vivre notre nature, chacun y jouant son rôle dans la grande partition de la vie, Paraparomius leptopoides a droit à sa page dans le blog !

*Photos au grossissement 3 fois. 

mercredi 9 juillet 2014

Aglaope infausta, la Zygène des épines, l’Aglaope des haies


 Au printemps de l’année dernière j’avais observé sur des prunelliers, des aubépines à un style la présence de très nombreuses chenilles. Chenilles bien visibles, à cause de leurs couleurs, surtout une ligne rouge encadrée d’un jaune vif  et des lignes noires. Facilement identifiées comme Aglaope infausta, dite la Zygène des épines.
Aglaope infausta chenille sur Prunus mahaleb.
 Facile à comprendre  le nom de ce papillon:  ses chenilles, aiment beaucoup des arbres qui présentent de belles épines. D'ailleurs elles sont considérées comme défoliatrices des rosacées. Et parfois le résultat est impressionnant.
Aglaope infausta chenille sur Aubépine à un style

Etant donné le nombre de chenilles que j’avais vues je ne doutais pas de voir un grand nombre de papillons.

En mai et juin j’ai revisité régulièrement le site pour voir un seul papillon, brièvement et sans en faire une belle photo ! J’étais bien déçue. En me documentant, j’ai lu que la vie de ces Zygènes des épines était bien brève, car l’imago ne se nourrit pas.
Le cocon d'Aglaope infausta

Au mois de mai de cette année, j’ai revu de très nombreuses chenilles et j’ai pris mes précautions.  J’en ai élevé quelques-unes et après plusieurs jours de nourrissage intensif, elles ont fait leur cocon. Très petit, fin presque transparent.
Une chrysalide qui n'a pas fait de cocon, elle donnera "naissance" à un papillon avec un défaut sur une aile. On voit l'intérieur avec cette "désintégration reformation "qui a cours pendant la métamorphose.

Une quinzaine de jours plus tard le premier mâle est né. Bien reconnaissable à ses antennes pectinées, le papillon est noir, avec sur les ailes inférieures une tache rouge. Il porte aussi un collier rouge autour du cou. Il a bien une allure de Zygène mais est vraiment petit, à peine plus d’un cm.
Mâle d'Aglaope infausta issu d'élevage

La femelle suit le mâle le jour d’après. La taille et l’aspect sont similaires, seule différence les antennes. Les « peignes »  sont bien moins grands.
Femelle d'Aglaope infausta issue d'élevage, la pose sur la fleur est un moyen de la mettre en valeur, elle ne se nourrit pas.


Peu de temps après, nous sommes allés voir ce qu’il en était dans la garrigue. Jamais je n’ai vu autant d’Aglaope infausta. Le matin une dizaine de mâles volaient sans prendre le temps de poser autour des buissons d‘aubépines et de prunelliers.
Sur Prunus mahaleb, un mâle dans la garrigue.
Ces buissons sont la nourriture des chenilles et ces messieurs le savent bien. C’est là qu’ils attendent l’émergence des femelles. C'est là aussi que celles-ci viendront pondre. En vol, on reconnaît le papillon à la tache rouge qu’il porte sur les ailes postérieures. Heureusement de temps en temps l’un d’eux, fatigué, se repose de brefs instants. Sombres et dans la végétation on le repère difficilement.
Aglaope infausta un mâle se repose après avoir survolé les buissons où il cherche des femelles.

Ce n’est que tard dans l’après- midi que je rencontrerai la seule femelle de la journée, cachée sous un prunellier mais posée sur ce brin de lavande.

Femelle Aglaope infausta sur la lavande sous un buisson de prunellier où elle ira pondre ses œufs.

Comme ces papillons ne se nourrissent pas, ils sont dépourvus de trompe, leur vie est vraiment courte. Après l’émergence, l’accouplement suit et la ponte assure la pérennité de l’espèce. Le cycle s’achève. Comme beaucoup de papillons la vie en temps de chenilles est bien plus longue que celle de l’imago !
On peut les rencontrer dans une grande  moitié sud de la France, puisque ils remontent au delà de la Loire.