C’est encore une longue histoire qui commence le 22 mars de
cette année. Nous sommes dans le Var et nous promenons au milieu des iris nains
et des premières orchidées. C’est chaque année un plaisir de revoir ces iris, les
uns jaunes, les autres violets et certains hybridés présentent un mélange des
deux couleurs.
Sur beaucoup de
plants je vois les jeunes sauterelles certaines bien connues donneront des
Barbitistes et d’autres seront des Ephippiger.
Sur des fleurs d'iris nain au printemps cette jolie larve d'Ephippigère, avec ses antennes implantées sous les yeux. |
Ce sont ces dernières qui m’intéressent, je trouve de
nombreux sujets de forme assez allongée et de cette couleur grisâtre tirant sur
le vert. Comment savoir que ce sont des sauterelles de la famille des
Ephippigères ? En regardant l’implantation des antennes. En effet une des
caractéristiques est que les antennes sont implantées près de l’angle inférieur
des yeux, plus près du clypéus que du vertex. Les autres sauterelles ont les
antennes implantées entre les yeux.
Je décide alors d’élever un jeune mâle. Au départ il fait
environ un bon centimètre. Il sera nourrit de fleurs, essentiellement des
fleurs de pissenlit, de petites pâquerettes aussi, d’érigeron parfois et de
trèfle.. Mais sa préférence restera aux fleurs de pissenlit.
Il va muer quatre fois au moins.
Au mois de mai, la taille , les couleurs ont bien changées après 2 mues. |
La première mue ne s’accompagne que d’un changement de
taille.
Je n’ai vu qu’une mue au petit matin car l’insecte alors
mangeait son exuvie. Les autres fois j’ai constaté la mue, mais il n’y avait
plus aucune trace de l’exuvie, consommée jusqu’à la dernière cellule comme le
remarquait mon mari !
Je n’ai jamais cherché à photographier l’insecte juste après
la mue car c’est un moment où il est plus vulnérable et je ne voulais pas
intervenir dans ce processus délicat. Pour faire des photos je déplace le bac
et je manipule la sauterelle ce qu’il ne faut pas faire pendant la mue.
Avant chaque mue, l'insecte mange de grand appétit puis s'arrête un jour ou deux, où il reste bien tranquille.Il s'agit de se préparer pour séparer son ancienne "enveloppe " de la nouvelle qui est en dessous, il faut que le changement se fasse dans de bonnes conditions.
Je vous présente les différents aspects que j’ai constaté
depuis le mois de mars jusqu’à cette fin du mois de juin où la sauterelle
devenue adulte m’a permis de déterminer avec davantage de précision qu’il
s’agissait d’ Ephippiger provincialis, bien présente dans le Var.
Une mue s’effectue environ chaque mois. En mars et avril l’insecte
reste de taille allongé avec cette couleur presque gris vert et quelques taches
sombres sur l’abdomen, des marques noires sur le front, un pronotum presque
plat.
Le 22 mai les couleurs sont bien différentes, on voit du
noir et du rouge, mais sous le pronotum pas encored’ébauches ailaires.
Le 7 juin Nous sommes à l’avant dernier stade : l’allure
est bien différente, l’abdomen est important plus rondouillard, le pronotum a
pris sa forme caractéristique de selle, les taches rouges vues à l’ant et à l’arrière
du pronotum sont modifiées. A l’avant un mince liseré rouge et à l’arrière une
importante coloration brune .
Début juin , l'aspect est proche de celui de l'adulte, il manque les petites ailes sous le pronotum. |
Il faut savoir que les Ephippigères ne volent pas et ne
présentent que des moignons d’ailes.
Le 24 juin:voilà l’adulte, c’est une belle sauterelle qui
fait plus de 4 cm de long, non compris les belles antennes très mobiles qui lui
donnent tout son charme! Comment être sûre qu’il s’agit d’Ephippiger
provincialis ?
Nous voilà fin juin , avec un adlute après la dernière mue. |
La taille : c’est une sauterelle robuste de forte
taille, la plus grande de la famille, le corps du mâle mesurant entre 28 et 41
mm, mon specimen faisant bien 40 mm
Mais là n’est pas le critère le plus important, il s’agit
comme souvent dans cette famille d’observer
cerques et l’épicrocte.
Ce sont les cerques du mâle qui permettent de déterminer Ephippiger provincialis. |
L’épicrocte est vraiment petit et n’atteint pas le milieu
des cerques. Ces derniers présentent deux dents terminées toutes les deux par
des crochets, ce qui n’est pas le cas d’Ephippiger terrestris présentée ici
Les cerques encerclés et le petit épicrocte caractérisent provincialis. |
Il est parfois vraiment difficile de savoir quel sera l’aspect
adulte d’une sauterelle. Les plus communes sont plus faciles à reconnaître aux
premiers stades car bien documentées. Après cette période d’élevage mon petit mâle rejoint sa
garrigue, je saurai l’an prochain mieux reconnaître cette endémique provençale
que l’on rencontre principalement dans le Var, les Bouches du Rhône et les
Alpes de Haute Provence.